Le mobile comme agent de transformation
Les smartphones ont révolutionné les pratiques des internautes. L’accès au web sur mobile a dépassé celui des ordinateurs fixes dès 2013. La GSMA, association internationale d’opérateurs de téléphonie, recensait, en janvier 2018, près de 8,5 milliards de connexions mobiles. Et ce chiffre devrait encore progresser. Dans les pays en développement, l’arrivée de nouveaux utilisateurs, par la baisse régulière du prix des smartphones et la hausse des revenus, se fait désormais via mobile.
Ils reçoivent leur premier accès, leur première adresse mail via téléphone et ont recours à des services, notamment bancaires, que les utilisateurs des pays développés ont généralement l’habitude de solliciter par d’autres moyens.
Parallèlement, la circulation des données est devenue un phénomène majeur. Ce flux est aujourd’hui dominé par la vidéo qui devrait générer plus de
80 % du trafic sur réseaux IP à l’horizon 2020. La GSMA évoque une «
"vidéoification" absolue ». Elle inclut la télévision, les films à la demande, les contenus générés par les utilisateurs via des smartphones aux caméras toujours plus sophistiquées. En clair, la vidéo tant à devenir le format par défaut des communications. D’autant que les consommateurs ne se limitent plus aux vidéos diffusées par voies traditionnelles (radiodiffuseurs, éditeurs de jeux vidéo, presse). Ils produisent leurs propres vidéos et se tournent vers de nouveaux canaux, comme le streaming, en très fort développement en Chine. En 2017, plus de
70% des utilisateurs de smartphones regardaient des programmes gratuits en ligne sur leur téléphone. Parmi eux, la moitié regardait des programmes TV en direct.
Si la télévision demeure l’accès privilégié aux contenus audiovisuels à domicile (55 %) dans les pays développés, le smartphone prend la première place dans les économies émergentes (35 %). L’enquête annuelle de
l’institut de recherche de Reuters , pointe aussi l’avancée des mobiles dans la consommation d’information, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur des foyers.
L’une des conséquences de l’accroissement du temps de consommation des vidéos est le déplacement de la valeur ajoutée des services de communication vers les plateformes web et ses contenus. Si les recettes des opérateurs mobiles représenteront 64 % du total (près de 1,2 trilliards de dollars) en 2020, la partie contenus et services dépassera celles des fabricants de terminaux entre 2012 et 2020,
souligne la GSMA. Dans le même temps, les services de communications (commande vocale, SMS et données mobile) voient également leur part relative baisser légèrement. Une aubaine pour des nouveaux acteurs qui offrent des produits payants comme Netflix ou Spotify.
Dans ce contexte, le rôle des applications sur smartphones est déterminant. Le nombre d’utilisateurs de messageries mobiles est en croissance exponentielle. Les quatre premières messageries (WhatsApp, WeChat, Facebook, Messenger et Viber) touchent aujourd’hui près de trois milliards d’utilisateurs.
Près de 3,2 millions d’applications étaient disponibles début 2018
sur l’App Store d’Apple. Parmi elles, les jeux sont les plus représentés (802 616) devant les applications entreprises (314 461), d’éducation (272 799), de style de vie (267 397) et de divertissement (194 230). Les jeux mobiles sont également les « applis » qui rapportent le plus. La moitié de ces recettes proviennent de onze pays d’Asie.
Le spécialiste du marché mobile et des jeux vidéo Newzoo annonce une amplification de cette tendance qui devrait maintenant gagner le Moyen-Orient. Le chiffre d’affaires de ces applications de jeux devrait plus que doubler entre 2015 et 2020.
Les utilisateurs actifs de ces applications, et des jeux en particulier, revêtent un rôle clé pour le passage au numérique, de par leur propension à utiliser plus de contenus numériques que les autres. Comme le souligne Newzoo, dans la même étude , les joueurs et les « millénials » sont à l’avant-garde des changements en cours dans le domaine du commerce électronique et des paiements. Plus à l’aise avec les nouveaux moyens de paiement, ils sont plus enclins à utiliser les applications sur mobiles et les portemonnaies électroniques pour leurs achats.