Comment fonctionne Hollywood ? - épisode 7/17
20th Century Fox : un studio qui mise sur la distribution à l'international
À plus de 75 ans, le studio 20th Century Fox donne l'impression d'un contrôle et d'une réussite absolus.
À plus de 75 ans, le studio 20th Century Fox donne l'impression d'un contrôle et d'une réussite absolus.
2010 a vu Twentieth Century Fox fêter en fanfare ses 75 ans, avec force campagnes marketing autour des ressorties en DVDs des films qui ont fait les heures glorieuses du studio. C’est en 1915 que William Fox a créé sa chaîne de cinémas, Fox Film, qu'il a ensuite fusionnée avec Twentieth Century Pictures, une société de production de films fondée par Darryl F. Zanuck, Joseph Schenck, Raymond Griffith et William Goetz. En 1935, le résultat en fut l'accolade des deux noms, Twentieth Century Fox. Si La Mélodie du Bonheur fut l'un des premiers grands succès de tous les temps, le film ne préserve pourtant pas la société d'une guerre de pouvoir familial, et de changements de direction incessants, alors même que la télévision gagne du terrain et que les salles de cinéma, un des cœurs d'activité du studio, se désemplissent. Pour être en phase avec son temps, à l'époque bénie du premier Star Wars, Twentieth Century Fox commence une stratégie de diversification afin de ne plus dépendre drastiquement des revenus générés par les films avec, entre autres, les investissements dans Coca-Cola et la station de ski Aspen. L'achat soudain et brutal du studio par deux financiers, Marvin Davis et Marc Rich, sera de courte durée, le duo s'étant évadé des États-Unis pour fraude fiscale. C'est là qu'intervient News Corporation, le groupe media australien dirigé par Rupert Murdoch, en rachetant Twentieth Century Fox en 1985.
Désormais détenu depuis 25 ans par Newscorp, le studio Twentieth Century Fox apparaît bravant vents et marées aux yeux de l'industrie. Le groupe media se définit principalement par sa volonté d'interactivité, à travers la presse, les chaînes de télévision, Internet : il simplifie la promotion des films Fox, ainsi que leur programmation pour les différentes fenêtres d'exploitation. En 2010, le chiffre d'affaires de Twentieth Century Fox est passé à 7 631 millions de dollars, gagnant 29 % par rapport à 2009 ; quant au résultat d'exploitation, il a pratiquement doublé avec 1 349 millions de dollars en 2010 contre 848 millions de dollars en 2009. Si le film Avatar de James Cameron, succès qui a généré 2,7 milliards de dollars de recettes mondiales, y est sûrement pour quelque chose, il est à noter que le résultat d'exploitation de Twentieth Century Fox se maintient toujours autour du milliard de dollars, comptant ainsi véritablement dans la santé financière de News Corporation. Le profit, s’il est généré par les entrées en salles en premier lieu, provient ensuite en majeure partie des diffusions télévisées. Malgré cet équilibre, le studio n'est que quatrième en part de marché distributeur. Pourtant, si l'on regarde davantage la rentabilité globale, Twentieth Century Fox a sorti 19 films en 2010 pour un total de 1,4 milliard de dollars (environ 72 millions de dollars par film) par rapport à Warner Bros, premier en part de marché, qui a sorti 32 films pour un total de 1,8 milliard de dollars (environ 58 millions de dollars par film). Et si on regarde les chiffres d’encore plus près, Avatar a engrangé 352 millions en 2009 et 408 millions en 2010 : l'année 2010 n'a vu aucun film Twentieth Century Fox atteindre les 100 millions au box office (Date Night arrive péniblement à 98 millions), l'année 2009 a été plutôt une réussite avec quatre films qui dépassent les 150 millions, quatre films qui sont, sans étonnement, des franchises maison comme Ice Age, Alvin and the Chipmunks, X-Men et Night at the Museum. Ces cinq films, avec la partie Avatar sur 2009, représentent 75 % du chiffre d'affaires annuel sur vingt-deux sorties. Ainsi, les dix sept autres films sont soit de mauvais choix d’investissement, soit des films qui n’ont finalement pas été mis en avant en termes marketing. Quant à Fox Searchlight, elle figure à la neuvième position, avec 1,53 % de parts de marché, 10 films sortis et un total de 160 millions de dollars engrangés, une goutte d'eau financière pour Fox, mais une image positive.
Twentieth Century Fox se répartit entre la télévision, le cinéma, et les studios de tournage. Dans la mesure où la programmation des chaînes du câble, FOX et STAR principalement, représente plus de la moitié du résultat d'exploitation de News Corporation, et qu'elles sont diffusées dans le monde entier, les émissions de télé réalité telles le succès mondial American Idol ou les séries télévisées comme 24 ou plus récemment Glee, sont une manne pour le groupe. Pour autant, le côté cinématographique n'est pas négligé. Twentieth Century Fox avait créé Fox Animation en 1997, mais au vu des échecs commerciaux, l'a fermé en 2000, en misant sur Blue Sky Studios que le groupe avait racheté en 1997. Le studio d'animation est en effet le créateur de L'âge de glace, une des franchises maison. Pourtant en novembre 2009, Fox Animation renaît de ses cendres avec la sortie de Fantastic Mr. Fox, le premier film d'animation du réalisateur Wes Anderson.
Par sa présence dans le groupe News Corporation, Twentieth Century Fox bénéficie d'une puissance de frappe mondiale. En effet, une des spécificités du studio est son efficacité de distribution : des filiales ont été établies dans dix huit pays (hors États-Unis et Canada), qui distribuent les films Twentieth Century Fox ou ceux d'autres distributeurs qui sous-traitent avec eux. En 2009, le groupe Pathé avait passé un accord avec Warner Bros. pour la distribution en salle et Twentieth Century Fox pour la distribution vidéo ; en 2011, Twentieth Century Fox en a repris l'entière distribution. On dénombre onze pays en Europe (Allemagne, Autriche, Belgique, Espagne, France, Italie, Norvège, Pays-Bas, Royaume-Uni, Suède, Suisse), quatre en Asie et Océanie (Corée du Sud, Japon, Taiwan, Nouvelle Zélande – à noter que si Fox Australia existe, ce sont des studios de tournage, mais il n'y a pas de société de distribution en Australie), et la majorité des pays d'Amérique Latine (dix-sept au total). Les efforts sont donc combinés sur des sorties à l'échelle mondiale, comme Les Chroniques du Monde de Narnia ou Avatar. Un des reproches qui revient souvent dans la presse à propos du studio est sa propension à tout dépenser dans le marketing, plutôt que dans le développement ou la production. Ce qui contribue à l'idée selon laquelle le studio se voit comme un acteur de la grande distribution qui doit placer ses produits plutôt qu'à un studio de cinéma, au sens historique du terme.
Président de News Corporation, qui détient Twentieth Century Fox : Rupert Murdoch
Edward Jay EPSTEIN, The Big Picture, Money and Power in Hollywood, Random House, 2000.
Annual Report 2010.
En février 2011, il a été annoncé que le studio a réduit le nombre de sorties de films et a renvoyé une partie du personnel.
Peter BISKIND, Sexe, mensonges et Hollywood. Le Cherche Midi, 2006.
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