Le paradis des capital-risqueurs
Une autre ressource essentielle s’était alors suffisamment développée dans la région pour accompagner l’éclosion et la croissance des start-ups : le capital-risque. Ce modèle de financement privé, alimenté par les fonds levés auprès d’investisseurs diversifiés, est né après la Seconde Guerre mondiale pour stimuler notamment la création d’entreprises par et pour les combattants revenus du front. En échange d’un investissement dans une jeune pousse à fort potentiel, le capital-risqueur détient un pourcentage négocié de la valeur de l’entreprise. Son retour sur investissement est déterminé par la stratégie de « sortie » de ladite entreprise, lorsque celle-ci fait l’objet d’une acquisition ou est introduite en bourse. Le but du jeu est d’obtenir un multiplicateur aussi élevé que possible.
L’industrie du capital-risque a été officiellement institutionnalisée en 1958 avec le Small Business Investment Act. Cette loi permettait à l’Agence américaine des petites et moyennes entreprises (U.S. Small Business Administration) d’accréditer des sociétés d’investissement dans les PME (Small Business Investment Companies ou SBIC) afin de soutenir le financement et la gestion de la création d’entreprises. Les SBIC recevaient une grande partie de leurs fonds de la part du gouvernement.
William Henry Draper III, qui a créé en 1959 la première firme officielle de capital-risque de la Silicon Valley, Draper, Gaither & Anderson (DGA), a souvent crédité ce programme gouvernemental d’un rôle décisif dans son initiative. Il fut rejoint par nombre d’autres acteurs au fur et à mesure que l’industrie du capital-risque, largement issue de la tradition des riches familles industrielles de la côte Est et qui avait privilégié jusqu’alors le technopôle née du MIT (Massachusetts Institute of Technology) dans la région de Boston, répondait à l’appel du nouveau champ d’opportunités en plein essor autour de l’université de Stanford. Parmi eux, on trouve notamment Arthur Rock (Davis & Rock : Intel, Apple Computer, Scientific Data Systems,...) et Tommy Davis (Mayfield Fund : 3Com, Amgen, Atari, Compaq, Genentech, Sandisk, etc.).
À la fin des années 1960, le club des capital-risqueurs de la Silicon Valley comptait une vingtaine d’individus. Leur nombre a rapidement augmenté dans les années 1970, parallèlement à l’industrie des semi-conducteurs. Les nouveaux venus, dont Kleiner, Perkins, Caufield & Byers et Sequoia Capital, ont peuplé Sand Hill Road, la fameuse route qui longe Stanford et maintient aujourd’hui sa réputation de mecque mondiale du capital-risque. La Silicon Valley compte aujourd’hui plus de 400 entités, firmes indépendantes et fonds d’entreprises confondus.
Source : MoneyTree Report (PricewaterhouseCoopers, National Venture Capital Association, Thomson Reuters) - 4ème trimestre 2010.