« Quand Facebook a acquis Instagram, j’ai dit que nous n’allions pas faire ce que ces gars avaient fait. Nous, nous cherchons
the next thing » Ainsi s’exprime Dick Costolo, le P.D.G. de Twitter, dans
un article du Wall Street Journal paru le 5 février 2013. Le moins que l’on puisse dire est que cette déclaration n’avait rien d’anodin. En effet, si l’on se réfère à l’actualité récente de la plateforme de micro-blogging, Vine semble bien être cette prochaine nouveauté qui fait sensation. Cette
application de partage de vidéo mobile, lancée par Twitter en janvier 2013, permet de filmer et de partager des vidéos en basse définition de 6 secondes maximum. Au cours de la première semaine qui a suivi ce lancement, environ l
a moitié des vidéos partagées sur Twitter (soit 243 000) provenait de Vine. Preuve ultime de l’importance du phénomène, Facebook n’a pas tardé à répliquer
en bloquant le partage des vidéos Vine sur son site.
Pour autant, Vine n’est pas à proprement parler un concept nouveau. Les applications vidéo pour appareils mobiles
fleurissent depuis deux ans environ mais Vine est la seule à avoir réalisé ce que toutes essayaient en vain : toucher le grand public. Parmi la longue liste de ces applications, on peut citer Tout, Social Cam, Camera, Lightt, Viddy, etc. Elles permettent, avec plus ou moins de fonctionnalités, de capturer des vidéos, de les améliorer avec des filtres et de les partager. D’autres applications, comme iMotion HD ou Motion Cafe, promettent des films en stop-motion. Plus pointue, Cinemagram propose d’animer vos photos et s’inspire directement du boom des GIFs animés mais surtout du
Cinemagraph mis au point par le duo formé par la photographe Jamie Beck et le spécialiste de l’animation Kevin Burg. Impossible également de passer sous silence
la mini-révolution Tumblr qui doit beaucoup aux sites parodiques en GIFs animés et à une législation floue sur le droit d’auteur en matière de partage d’images. Bref un marché plutôt hétéroclite dans lequel Twitter a décidé de mettre un peu d’ordre.
Le lancement de Vine ne doit évidemment rien au hasard. La mise sur le marché d’applications de vidéos mobiles coïncide avec
l’explosion du partage d’images sur les réseaux sociaux, Instagram en tête, dont la courte histoire et le rachat par Facebook font rêver toutes les start-up du genre. Dans le même temps,
Pinterest s’est aussi imposé dans la cour des grands puisqu’il se positionne en
troisième position des réseaux les plus influents après Facebook et Twitter, s’offrant même le luxe de devenir incontournable en matière de communication. Aujourd’hui la majorité des médias possède un compte Pinterest
comme le quotidien Le Monde qui prouve ainsi que la plateforme n’est pas uniquement réservée au
lifestyle.
Un certain goût pour l’esthétisme et le besoin d’être plus créatif ne sauraient seuls expliquer le succès de ces plateformes et autres applications de partage d’images et de vidéos. C’est surtout du côté de l’adoption massive de smartphones et de tablettes qu’il faut chercher la raison de cet engouement. Selon le cabinet Gartner,
les ventes de smartphones ont augmenté de 47 % en 2012 avec plus de 169 millions d’unités vendues au dernier trimestre. Par ailleurs,
le marché des tablettes a progressé de 98 % en 2011. Du côté des usages, sur le milliard d’utilisateurs recensé par Facebook en décembre 2012,
680 millions ont utilisé sa version mobile. Enfin, Twitter a publié en février 2013
une étude qui révèle que 60 % de ses 200 millions d’utilisateurs se connectent à la plateforme
via un mobile. Autre donnée intéressante sur la nature des usages des mobinautes :
l’utilisation quasi continue de Twitter tout au long de la journée.
Dans ce contexte, il est aisé d’imaginer que le partage instantané d’images et de short videos, plus facile encore que la rédaction d’un tweet de 140 caractères, va prendre de l’ampleur.
Dès lors que ces usages atteignent le grand public, ils trouvent logiquement un écho dans la sphère professionnelle et dans ce cas précis, dans l’univers des médias et de la communication. Aujourd’hui chacun, équipé d’un smartphone, peut s’improviser reporter et partager une
breaking news en photo ou vidéo sur les réseaux sociaux, ou
vendre ces témoignages pris sur le vif à des agences de presse. Évidemment quand c’est un journaliste qui tient le smartphone, le travail de
sourcing est simplifié, voilà pourquoi ceux-ci ont intérêt à s’emparer au plus vite de
ces applications qui vont progressivement s’immiscer dans leurs pratiques.
Un des premiers à prendre le train de la
social video fut le
Wall Street Journal. En pleine élection présidentielle américaine, fin 2012, le journal lance
WSJ Worldstream, une plateforme de microblogging sur laquelle sont publiées de courtes vidéos propulsées par l’application Tout.
. L’application est également disponible sur smartphone et tablette, supports sur lesquels la consultation de vidéos basse définition est particulièrement adaptée. En France, pour le moment l’utilisation de Vine à des fins journalistiques est balbutiante et a été observée, par exemple, lors de