L’indépendance des médias : mission impossible ?
Le sociologue Patrick Champagne étudie les rapports de force auxquels sont soumis les médias.
Pour autant, Vine n’est pas à proprement parler un concept nouveau. Les applications vidéo pour appareils mobiles fleurissent depuis deux ans environ mais Vine est la seule à avoir réalisé ce que toutes essayaient en vain : toucher le grand public. Parmi la longue liste de ces applications, on peut citer Tout, Social Cam, Camera, Lightt, Viddy, etc. Elles permettent, avec plus ou moins de fonctionnalités, de capturer des vidéos, de les améliorer avec des filtres et de les partager. D’autres applications, comme iMotion HD ou Motion Cafe, promettent des films en stop-motion. Plus pointue, Cinemagram propose d’animer vos photos et s’inspire directement du boom des GIFs animés mais surtout du Cinemagraph mis au point par le duo formé par la photographe Jamie Beck et le spécialiste de l’animation Kevin Burg. Impossible également de passer sous silence la mini-révolution Tumblr qui doit beaucoup aux sites parodiques en GIFs animés et à une législation floue sur le droit d’auteur en matière de partage d’images. Bref un marché plutôt hétéroclite dans lequel Twitter a décidé de mettre un peu d’ordre.
Le lancement de Vine ne doit évidemment rien au hasard. La mise sur le marché d’applications de vidéos mobiles coïncide avec l’explosion du partage d’images sur les réseaux sociaux, Instagram en tête, dont la courte histoire et le rachat par Facebook font rêver toutes les start-up du genre. Dans le même temps, Pinterest s’est aussi imposé dans la cour des grands puisqu’il se positionne en troisième position des réseaux les plus influents après Facebook et Twitter, s’offrant même le luxe de devenir incontournable en matière de communication. Aujourd’hui la majorité des médias possède un compte Pinterest comme le quotidien Le Monde qui prouve ainsi que la plateforme n’est pas uniquement réservée au lifestyle.
Un certain goût pour l’esthétisme et le besoin d’être plus créatif ne sauraient seuls expliquer le succès de ces plateformes et autres applications de partage d’images et de vidéos. C’est surtout du côté de l’adoption massive de smartphones et de tablettes qu’il faut chercher la raison de cet engouement. Selon le cabinet Gartner, les ventes de smartphones ont augmenté de 47 % en 2012 avec plus de 169 millions d’unités vendues au dernier trimestre. Par ailleurs, le marché des tablettes a progressé de 98 % en 2011. Du côté des usages, sur le milliard d’utilisateurs recensé par Facebook en décembre 2012, 680 millions ont utilisé sa version mobile. Enfin, Twitter a publié en février 2013 une étude(3) qui révèle que 60 % de ses 200 millions d’utilisateurs se connectent à la plateforme via un mobile. Autre donnée intéressante sur la nature des usages des mobinautes : l’utilisation quasi continue de Twitter tout au long de la journée.
Un des premiers à prendre le train de la social video fut le Wall Street Journal. En pleine élection présidentielle américaine, fin 2012, le journal lance WSJ Worldstream, une plateforme de microblogging sur laquelle sont publiées de courtes vidéos propulsées par l’application Tout.
La curation des vidéos se fait par une équipe de journalistes du WSJ. L’application est également disponible sur smartphone et tablette, supports sur lesquels la consultation de vidéos basse définition est particulièrement adaptée. En France, pour le moment l’utilisation de Vine à des fins journalistiques est balbutiante et a été observée, par exemple, lors de la couverture des dernières Fashion weeks ou pour la promotion d’artistes comme le chanteur Tété à l’occasion d’un chat avec la version online du quotidien gratuit 20 minutes.
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Crédits photos :
- Image principale : clasesdeperiodismo / Flickr
- Image promotionnelle Vine
- Illutration provenant de l'étude Compete de février 2013 Primary mobile user on Twitter
- Capture d'écran de WSJ Worldstream
- Capture d'écran du compte Twitter @tetemusic
Le sociologue Patrick Champagne étudie les rapports de force auxquels sont soumis les médias.
La diversité ne se mesure pas seulement à l'aune des parts de marché : elle est aussi affaire d'autonomie rédactionnelle.