Le site «
beta620 », destiné aux lecteurs, journalistes et contributeurs du journal, leur permet de tester et de proposer de nouvelles manières d’accéder à l’information. Le
New York Times utilise ainsi l’aspect participatif du Web pour tester des applications innovantes, en adéquation avec les futures pratiques des utilisateurs ou lecteurs. C’est le géant Google qui avait lancé la
collaboration participative sur le Web avec le
Google Lab. Si le site est aujourd’hui fermé, l’idée a germé chez les responsables techniques du
New York Times qui privilégiaient jusqu’ici la participation par l’intermédiaire de concours. Marc Frons, le chef du service numérique,
a indiqué dans un communiqué : « Certains produits et idées qui germeront sur “beta620” pourront se retrouver sur le site Internet du
New York Times et d’autres en seront écartés. Mais peu importe l’issue des différents projets, le partage des idées est une source précieuse pour les développeurs du
New York Times. » Le quotidien possède déjà un laboratoire interne,
Insight Lab, qui permet aux lecteurs de la version numérique comme papier de plus de dix-huit ans d’échanger avec les acteurs du journal sur son avenir. L’Insight Lab compte environ 2 000 membres et a pour l’instant conduit
seize expérimentations. Par exemple, le 7 mars 2011, le pôle de recherche sur les pratiques des lecteurs des titres du groupe New York Times a été mandaté pour conduire
une enquête auprès de 591 abonnés à l'offre de journal à domicile et membres de l'Insight Lab. 251 personnes ont répondu au questionnaire sur leur expérience de lecture, et les résultats ont permis d'ajuster rapidement la mise en page du
Sunday Magazine pour qu'il soit plus conforme à leurs attentes. Ainsi, le
New York Times n'en est pas à ses débuts en matière d'interaction avec le lecteur. Un poste de «
Social Media Manager » a d’ailleurs été créé en 2009 pour tirer parti des réseaux sociaux. Depuis, l’expertise des réseaux sociaux est
partagée par l’ensemble des employés du
New York Times et les services Web et papier ont fusionné.
Les locaux du New York Times à New York.
Beta620 est une référence à l'adresse postale du journal.
Mais avec le projet « beta620 », le
New York Times vise à présent un public illimité, peu importe s’il est lecteur du journal ou non. Celui-ci peut dès à présent
tester sept applications et les commenter. Seule une inscription sur le site est nécessaire pour donner son avis. L’application
The Buzz, par exemple, indique le nombre d’adhésions que reçoivent les articles du
New York Times sur les réseaux sociaux. Le projet « beta620 » semble être vecteur de trafic puisque la consultation de cette application a incité tout de suite à réagir sur son manque de clareté. Le
Times Companion, quant à lui, permet aux utilisateurs de rassembler des informations sur l’article qu’ils sont en train de lire tout en continuant la lecture.
Times Instant est un moteur de recherche qui permet de visualiser les résultats en même temps que l’on tape l’objet de la recherche. La vitesse de résultats est confortable ainsi que le système de mots clés qui s'affichent automatiquement.
Smart Search Bar fait ressortir les résultats et les exposent tout en restant sur la page consultée.
NYTimes Crossword Web App est une version HTML 5 de la célèbre grille de mots croisés du
New York Times. L’application
Longitude permet, quant à elle, de représenter sur une carte les actualités du journal par lieu. En tapant « Londres », par exemple, la carte fait un focus sur la zone géographique et les articles associés sont rendus disponibles
via un menu déroulant. Cette application a été créée par un ingénieur sémantique au laboratoire de recherche et développement du
New York Times. Pour chaque projet, on peut d'ailleurs
trouver des informations sur son créateur et engager une conversation virtuelle avec lui.
Pour l’instant, seuls les employés du journal peuvent proposer des applications à tester. Mais le New York Times envisage d’étendre cette possibilité à tous les participants au projet « beta620 ».
Le
New York Times avait été l’un des premiers à lancer son site Internet en 1996, avec des services personnalisés et des contenus interactifs. Le journal est en pointe dans le développement d’une stratégie de présence sur la Toile. Ses pratiques
sur le réseau social Facebook ont été distinguées par le cabinet de conseil italien
Innova e Bella qui l’a déclaré « journal utilisant le mieux Facebook ». Pour parvenir à ce résultat, Innova e Bella a comparé le nombre de fans des différents titres internationaux ainsi que le nombre d’outils d’interaction proposés, leur qualité et la régularité de la communication avec la communauté. La
page Facebook du New York Times compte plus d’un million et demi de fans.
En ligne de mire, le journal cherche à tirer parti d’Internet pour dégager de nouvelles recettes publicitaires, déjà accrues grâce au trafic généré par la présence du journal sur les réseaux sociaux. Aujourd'hui, le numérique représente
28 % des revenus publicitaires du
New York Times, contre 25,9 % il y a un an. Cependant,
le nouveau système de consultation payante du quotidien peine, lui, à décoller.
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