Binge Audio et BoxSons : des podcasts en quête d’indépendance

Binge Audio et BoxSons : des podcasts en quête d’indépendance

Binge Audio et BoxSons sont deux plateformes dédiées aux podcasts audio. La première, fête son année et demie d’existence, tandis que l’autre devrait être lancée en avril. Ces projets ont foi en la radio, mais veulent se détacher de la bande FM et/ou des contraintes publicitaires.
Temps de lecture : 4 min


Pouvez-vous nous décrire les projets BoxSons et Binge Audio ? À qui s’adressent-t-il ? Quelle est leur valeur ajoutée par rapport à ce qui existe déjà ?
 
Pascale_ClarkPascale Clark : BoxSons est un nouveau média numérique qui traite l’actualité et raconte des histoires en sons et photos. Il s’adresse à tous ceux qui ont un smartphone en poche et veulent écouter partout où ils sont et où ils vont nos productions aux formes et formats très variés ainsi qu’à ceux qui veulent écouter chez eux, en cuisinant, ou avant de s’endormir. C’est un nouveau ton et de nouvelles écritures qui collent à la mobilité. Nous prenons notre temps pour ces reportages, et chaque auditeur choisit son moment pour les écouter.
 
Gabrielle Boeri-Charles :
 L’audio est un média puissant qui permet de faire passer beaucoup de choses : des explications, des émotions ou des témoignages 
Binge Audio est un réseau de podcasts « nouvelle génération ». Notre public privilégié est celui des jeunes adultes, mais si nous touchons au-delà de cette cible, c’est tant mieux. Nous sommes un média audio qui entend proposer une nouvelle offre, avec comme terrain éditorial le monde d’aujourd’hui dans le domaine de la culture et des modes de vie. Notre idée est que l’audio est un média puissant qui permet de faire passer beaucoup de choses : des explications, des émotions ou des témoignages. C’est en pleine expansion car les usages sont beaucoup plus faciles qu’avant. Cependant, on pense qu’il y a, sur ce champ-là, un problème d’offre. Le marché de la radio est contraint par la bande FM, ce qui empêche le développement d’offres nouvelles depuis un certain nombre d’années. Le numérique ouvre des nouveau marchés, qui permettent de proposer des choses innovantes.
 
 
Quels sont les contenus proposés ?
 
Gabrielle_Boeri_CharlesGabrielle Boeri-Charles : Aujourd’hui, nous avons deux émissions de talk qui traitent du champ culturel contemporain. La première se nomme NoCiné, animée par Thomas Rozec en compagnie de plusieurs chroniqueurs, qui chaque semaine décortiquent un film, plutôt grand public et populaire durant 20-25 minutes, en y apportant de la critique et de l’analyse. On apporte un regard érudit sur un objet de la culture populaire. Nous produisons aussi dans le même format NoFun, qui propose une approche savante sur ce qu’est la musique en termes techniques et culturels, présentée par Mehdi Maïzi. En janvier, on a débuté un nouveau format qui s’appelle Superhéros. Il s’agit de reportages, de récits, recueillis par Julien Cernobori, qui a œuvré à France Inter et France Musique. Ce sont des témoignages, réunis en douze épisodes d’une dizaine de minutes, d’une femme qui se prénomme Hélène et qui raconte son histoire, à la fois ordinaire et extraordinaire par certains aspects.

Pascale Clark : Nous proposerons aussi bien des reportages d’actualité, des histoires, des rendez-vous et des photos commentées. BoxSons sera vivant tous les jours avec des papiers postés, des mix de sons, et des nouveautés mises en ligne continuellement.
 
 
En termes d’audience, comment se situe Binge Audio ?
 
Gabrielle Boeri-Charles : 
  L’idée est d’arriver à une mesure d’audience qui fasse consensus, car aujourd’hui, il n’y a pas de mesure de référence.
Nos audiences sont mesurées par un outil, Podtrac, qui nous permet de compiler toutes les écoutes sur les différentes plateformes qui partent de notre flux RSS. En parallèle, nous travaillons avec le Geste, Groupement des éditeurs de contenus et services en ligne, pour développer une mesure d’audience marché. Il existe une commission sur l’audio digital qui a créé un groupe de travail, piloté par Joël Ronez et moi-même, qui réunit plusieurs acteurs : Radio France, des radios privées comme RTL, des plateformes de podcasts comme nous et des régies publicitaires. L’idée est d’arriver à une mesure d’audience qui fasse consensus, car aujourd’hui, il n’y a pas de mesure de référence. En ce qui nous concerne, on compte plus d’un million d’écoutes cumulées depuis nos débuts, ce qui représente une audience mensuelle de l’ordre de 100 000 écoutes. Cela constitue un bon début, mais on compte bien développer notre audience.
 
 
Sur quel modèle économique repose BoxSons ?
 
Pascale Clark : Le modèle économique repose principalement sur l’abonnement, en dehors de quelques éléments gratuits. Nous sommes indépendants, puisque nous n’avons pas de publicité et nous ne recevons pas d’argent de ceux qui détiennent déjà tout ou partie dans quasiment tous les médias. Notre business plan prévoit un équilibre financier d’ici trois ans avec 6 000 abonnés.
 
 
Du côté de Binge Audio, vous avez recours à la publicité ?
 
Gabrielle Boeri-Charles : Il n’y en a pas encore dans les programmes, mais cela va arriver, car c’est l’une des sources de revenus du modèle économique. Ce dernier repose sur trois sources : la publicité, l’auditeur et les revenus commerciaux liés à la production de contenus pour des tiers. S’agissant de la publicité, je préfère parler de parrainage parce qu’il ne s’agit pas d’une tranche de publicité comme à la radio. Chaque parrain s’inscrit dans la durée en soutenant une émission, sans intervention sur le contenu éditorial. Du côté des auditeurs, il y a eu le crowdfunding, mais on pense à développer plus tard des contenus plus élaborés, disponibles à la vente. Enfin, nous pouvons proposer nos services à des tiers, qui peuvent être des médias qui cherchent à se diversifier autour du son ou bien des entreprises ou institutions souhaitant utiliser le support audio dans leur stratégie d’influence et de communication.
 
 
Combien de personnes vont participer au projet ?
 
Pascale Clark : Nous sommes un collectif de journalistes, d’auteurs, de techniciens, de réalisateurs et de photographes. Nous avons même un bruiteur de cinéma pour habiller les programmes.
 
Gabrielle Boeri-Charles : Binge Audio se compose de deux cofondateurs, Joël Ronez et moi-même, accompagnés d’une chargée de production permanente et d’environ 25 personnes chargées de l’élaboration des programmes qui sont intermittents. On a aussi fait travailler un compositeur sur la série Superhéros et un photographe.
 
 
Quelle est la stratégie de promotion de Binge Audio et celle qu’utilisera BoxSons ?
 
Gabrielle Boeri-Charles : Nous utilisons beaucoup les réseaux sociaux et on va encore plus le faire pour faire vivre les programmes et leur donner de la visibilité. L’aspect événementiel qui consiste à faire venir les auditeurs à l’enregistrement des émissions permet de les fidéliser un peu et faire en sorte qu’ils soient les ambassadeurs des programmes. Le recours au crowdfunding a montré que l’on avait réussi à constituer une bonne base d’auditeurs intéressés assez significative. L’an dernier pour un enregistrement de NoFun, nous l’avons fait en partenariat avec le Festival Noise organisé par l’association Noise, La Ville. Cela nous permet de toucher une autre communauté, d’autres auditeurs et de développer petit à petit notre audience.
 
Pascale Clark : Nous comptons beaucoup sur les réseaux sociaux, où nous posterons des extraits de nos contenus, ainsi que des bandes annonces.

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Crédit photo :
black_blue/Pixabay. Licence CC0 1.0

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