c’est dans le plus parfait désordre que les Occidentaux, un à un, s’excusent, condamnent, manifestent leur embarras ou leur fébrilitéÀ l’inverse, c’est dans le plus parfait désordre que les Occidentaux, un à un, s’excusent, condamnent, manifestent leur embarras ou leur fébrilité. Alors que, dès l’origine de l’affaire, les musulmans ont affirmé, selon l’IQNA, une position de principe, les Occidentaux se succèdent chaque jour, durant deux semaines, pour exprimer un trouble, traduit tantôt par les mots de la pénitence (journal norvégien Magazinet, 10/02/2006), tantôt par ceux, souvent confus, qui rejettent l’inutile provocation.
Dans toute cette affaire, un fait surprend néanmoins : l’étonnante discrétion des autorités iraniennes dans les dépêches d’agence. Il faut attendre le 7 février pour que l’IQNA rapporte les premières paroles de Mahmoud Ahmadinejad, et le lendemain pour qu’elle évoque une déclaration de l’ayatollah Ali Khamenei. Que dit le président iranien ? « Ceux qui, dans la politique, sont à court d’idées finissent par compenser, par blasphémer la façon lumineuse des prophètes en obtenant de cette façon un retour à l’époque de la jahiliyah [ignorance] et à une attitude rétrograde regrettable. […] Insulter le grand Prophète de l’islam n’élève pas votre position et je leur recommande de retourner à la culture des prophètes. » Qu’ajoute le Guide suprême de la révolution islamique ? « La colère sacrée et opportune des musulmans n’est pas dirigée contre les chrétiens mais contre les mains indécentes qui ont planifié ce complot et qui ont utilisé le Prophète comme un instrument du monde hégémonique. » Stupéfiante retenue, qu’il faut cependant mettre en relation avec la question centrale qui, au même moment, agite le gouvernement iranien, confronté à l’intransigeance occidentale : le programme nucléaire.
Tout se passe comme si l’IQNA poursuivait un but : utiliser tactiquement la modération apparente de l’Iran pour convaincre de sa bonne foi.Un mot revient, à ce propos, dans les dépêches : « pacifique ». Citant l’IRNA, l’agence, le 4 février 2006, rapporte les propos du ministre saoudien de l’Intérieur : « De ce que j’ai pu entendre des canaux officiels, le programme nucléaire de l’Iran est à des fins pacifiques. » L’imam Rafsanjani confirme, le même jour, à l’université de Téhéran : « Les activités nucléaires se font à des fins pacifiques […]. Nous bénéficions d’une science que nous voulons utiliser pour une vie meilleure […]. C’est une honte que cinq grands pays, qui ont droit de veto, montrent tant d’injustice et de cruauté : quel espoir reste-t-il donc aux générations futures ? » Le 5 février, Ahmadinejad proclame encore : « Vous ne pouvez pas empêcher le progrès de l’Iran. » Tout se passe comme si l’IQNA poursuivait un but : utiliser tactiquement la modération apparente de l’Iran sur l’affaire des caricatures pour victimiser l’Iran et convaincre de sa bonne foi. Car l’agence ne délivre qu’une partie des informations qu’elle recueille.
L’IQNA se garde bien de révéler le sondage qui, au Danemark, montre que 58 % des personnes interrogées rendent les chefs religieux musulmans responsables de la crise.
Depuis cinq ans, le journaliste enquête sur les abus sexuels dans l’Église catholique colombienne. Un combat âpre pour l’accès aux informations, qui se heurte aux tentatives de censure de l’Institution et à une société réticente à la voir critiquée.