Comment la presse a affirmé et protégé son rôle civique
L'étude des entraves, ou au contraire des mesures favorables, dont la presse quotidienne fut l'objet permet de comprendre son rôle dans la vie démocratique.
L'étude des entraves, ou au contraire des mesures favorables, dont la presse quotidienne fut l'objet permet de comprendre son rôle dans la vie démocratique.
Depuis la Révolution française, les quotidiens constituent le cœur de la presse d’information politique et générale(1). Les hebdomadaires s’y sont agglomérés au XXe siècle et les sites numériques au XXIe. Parallèlement, les journaux de connaissances, de loisirs et de divertissements, généralement hebdomadaires ou mensuels, se multiplient à mesure que l’industrialisation de l’imprimerie et l’alphabétisation des Français progressent.
Le premier quotidien français, Le Journal de Paris, est fondé en 1777, mais il ne traite de l’actualité politique qu’à partir de la Révolution.
Le brevet d’imprimeur et de libraire est définitivement supprimé le 10 septembre 1870.
Avant de lancer un journal, il faut déposer auprès du Trésor public une somme variant selon les époques et les départements, mais toujours élevée, ce qui permet de freiner les ardeurs entrepreneuriales de la presse.Le cautionnement est établi par la loi du 9 juin 1819, pour tout journal ou écrit périodique consacrés en tout ou partie aux nouvelles et matières politiques. Supprimé le 10 octobre 1870, il est rétabli le 6 juillet 1871, et définitivement supprimé par la loi du 29 juillet 1881.
D’un montant de 5 à 6 centimes par exemplaire, le timbre est apposé par l’administration fiscale sur chaque feuille de papier. Double avantage pour freiner la diffusion de la presse : le timbre représente 25% du prix de vente du quotidien et il oblige à utiliser des machines à imprimer à feuilles ce qui ralentit l’impression. Les lois du 9 et 13 vendémiaire an VI (30 septembre et 4 octobre 1797) établissent le timbre sur les journaux. En sont exonérés les périodiques relatifs aux sciences et aux arts ne paraissant qu’une fois par mois. Le timbre est suspendu par le décret du 4 mars 1848, puis rétabli par la loi du 16 juillet 1850. Il est supprimé le 5 septembre 1870. Mais la loi du 16 septembre 1871 impose une surtaxe de 20% sur le papier journal qui le remplace.
Contrairement à ce qui est souvent affirmé, le Directoire n’institue pas l’aide postale : le 6 messidor an IV (24 juin 1796), le Directoire veut porter la taxe postale à 5 centimes par exemplaire ; devant le tollé, il est contraint, le 4 thermidor an IV (22 juillet 1796) de la réduire à 4 centimes par feuille et 2 centimes par demi-feuille.
L’autorisation du transport des journaux en ballots par les chemins de fer, sans acquitter la taxe postale, est autorisée pour les journaux non politiques par la loi du 25 juin 1856, puis pour tous les périodiques le 16 octobre 1870.
La loi du 29 juillet 1881 abolit 325 articles et 42 textes anciens, « ces alluvions successives que tous les gouvernements ont déposées sur le sol judiciaire, comme autant de vestiges de leur colère et de leur impuissance contre la pensée », comme le disait Eugène Pelletan dans un débat parlementaire en 1870.
Débats parlementaires, séance du 1er février 1881, JORF, 2 février 1881, page 120.
Documents parlementaires, JORF, juillet 1881, pages 461-462.
Observatoire des métiers de la presse, novembre 2012.
Voir l’entretien avec le directeur de France Culture, Olivier Poivre d'Arvor, Le Figaro du 25 février 2013 : « Sans l'écrit, sans les quotidiens, sans leur travail d'analyse et de fond réalisé tous les jours, et pas seulement à travers les revues de presse que nous pouvons faire à la radio ou à la télévision, une partie de l'information ne passerait plus auprès du public. […] Si le papier, les livres et les journaux sérieux qui font ce travail d'approfondissement disparaissent, c'est toute la chaîne des médias qui va mourir. Le jour où les quotidiens ne seront plus là, la radio, qui est un média qui va bien, ira beaucoup moins bien, car nos informations seront moins fouillées, nos experts seront moins repérés et les analyses seront moins présentes sur nos antennes ».
Projet de loi du 12 juin 2013 renforçant la protection du secret des sources des journalistes.
Conseil constitutionnel, Décision n° 84-181 du 11 octobre 1984 portant sur la loi visant à limiter la concentration et à assurer la transparence financière et le pluralisme des entreprises de presse. Journal Officiel du 13 octobre 1984, p. 3 200.
Loi du 28 février 1934.
Convention du 31 août 1937.
Décrets du 12 mars 1986 et du 28 juillet 1989.
La loi du 1er août 1986 portant réforme du régime juridique de la presse.
L’ancêtre de la CPPAP, la Commission des papiers de presse, a été créée en 1931 pour examiner les demandes de subventions des utilisateurs de papier. Elle est transformée sans changer de sigle par le décret du 25 mars 1950. La CPPAP est créée par le décret du 27 avril 1982 ; elle est régie par le décret du 20 novembre 1997.
Par leurs activités en ligne, les internautes participent à la création de valeur et alimentent l’économie du Web. Peut-on pour autant considérer ces activités de loisirs ou de partage comme un travail, qui serait exploité par le capitalisme numérique ?
On prédisait la mort inéluctable des radios musicales à la fin des années 2000. Le coupable ? Le streaming, qui allait avoir la peau d'un média centenaire. Pourtant les dix dernières années ont plutôt vu streaming et radio se suivre, se copier, pour finalement s'hybrider.