Comment le magazine ELLE a conquis le monde - épisode /
Comment le magazine ELLE a conquis le monde
ELLE est un des titres phares de la presse magazine féminine, aujourd’hui décliné dans plus de 60 pays.
ELLE est un des titres phares de la presse magazine féminine, aujourd’hui décliné dans plus de 60 pays.
Créé après la Seconde Guerre mondiale, ELLE devient, dans les années 1980, une marque déployée sur le papier et, un peu plus tard, sur le numérique, relayée par des applications et une plate-forme vidéo. Acteur de premier ordre dans le secteur du périodique féminin haut de gamme, le magazine bénéficie d’une audience internationale. Depuis plus de soixante-cinq ans, le magazine ELLE mobilise les annonceurs et s’adapte aux marchés fluctuants des lectrices et de la publicité. Ainsi, le commerce par licence objets représente aujourd’hui près de 30% de la rentabilité de la marque(1)(2). Comment ce magazine féminin a-t-il pu se décliner en quarante-trois éditions, diffusées sur plus de soixante pays ?
Cosmopolitan est, avec 61 éditions, le titre le plus décliné de l’ensemble de la presse magazineUn autre titre américain, Harper’s Bazaar, créé en 1867, s’implante lui aussi d’abord au Royaume Uni en 1929, et comporte aujourd’hui vingt-sept éditions. Cosmopolitan (1886) connaît une internationalisation plus tardive avec une édition anglaise à partir de 1972, s’en suivent soixante-et-une éditions, ce qui en fait le titre le plus décliné de l’ensemble de la presse magazine.
La politique d’expansion du magazine est facilitée par un phénomène d’uniformisations culturelle, sociologique et des modes de consommation.La politique d’expansion du magazine est facilitée par un phénomène d’uniformisations culturelle, sociologique et des modes de consommation. Comme le souligne Gérald de Roquemaurel, ancien PDG de Hachette Filipacchi Médias, « Dans le monde entier, les lectrices de ELLE voient les mêmes films, utilisent les mêmes produits de beauté et s'intéressent aux mêmes tendances de mode »(4). A contrario des magazines masculins, les féminins sont plus facilement exportables car les préoccupations féminines restent relativement similaires d’un pays à un autre. Les revues masculines commencent cependant à s’exporter, avec le développement des marques masculines et du marché de la cosmétique dédiée aux hommes. Playboy, Men’s Health, FHM et plus récemment GQ ont réussi leur internationalisation, s’appuyant eux aussi sur des groupes médias internationaux.
L'homogénéisation du lectorat permet des campagnes publicitaires transnationales
La nature transnationale d’Hélène Gordon-Lazareff imprègne le magazine dès son premier numéro
Sous l’impulsion de Didier Quillot, issu du groupe Orange, ELLE devient une marque au travers du développement de la licence
La joint venture entre Lagardère et News International, donne naissance en 1985 à deux déclinaisons mensuelles anglophones
La licence est une stratégie prudente de diversification à laquelle le groupe fait appel lorsque des marchés deviennent instablesLa licence est une stratégie prudente de diversification à laquelle le groupe fait appel lorsque des marchés deviennent instables. En janvier 2011, le groupe Lagardère cède les licences concernant ses magazines, dont ELLE sur quatorze pays (USA, Russie, Ukraine, Italie, Espagne, Royaume Uni, Chine, Japon, Pays Bas, Hong Kong, Mexique, Taiwan, Canada et Allemagne).
Le succès du magazine et de la marque s’appuie sur une segmentation du marché par zone géographique, par âge ou intérêt notamment avec les marques-filles ELLE Déco, ELLE à table, ELLEgirl. Depuis 1987, ELLE se décline également sur d’autres secteurs connexes à la mode, avec ELLE décoration, qui se déploie actuellement sur 27 éditions, et représente plus de 8,5 millions lecteurs dans le monde, soit plus de 20 millions exemplaires par an. La deuxième marque-fille internationalisée dans sa version papier est ELLE à table, avec quatre éditions, soit 1 896 834 exemplaires en 2009.
Les stratégies marketing de ELLE et de ses éditions internationales reposent sur deux éléments : la technologie et la globalisationLes stratégies marketing du groupe Lagardère et plus particulièrement de ELLE et de ses éditions internationales reposent sur deux éléments : la technologie et la globalisation. ELLE améliore constamment la qualité du magazine le faisant évoluer régulièrement en termes de mise en page, de rubriques, des photographies et de plumes. Concentrée dans un premier temps sur le marché français elle a su trouver les formules pour convaincre à l’étranger sur des marchés parfois déjà solidement achalandés. Elle s’appuie sur la collaboration de réseaux et gère des équipes plurifonctionnelles. Lagardère a su étendre globalement et localement (éditions régionales), personnaliser l’offre, cibler, élargir l’espace du marché de son magazine féminin haut de gamme. L’innovation y passe par l’amélioration des services, notamment grâce aux technologies de la communication, à une baisse du prix et un souci constant de faire évoluer le support.
La diversification du magazine s'engage dans la création de niches en multipliant les supports et développant le concept de marque et licenceLagardère inaugure des produits innovants en utilisant les compétences acquises et la renommée de certains de ses titres. La diversification du magazine s'engage alors dans la création de niches en multipliant les supports (web pour ELLEgirl, des suppléments pour les quotidiens au Japon, applications ou widget pour mobile) et développant le concept de marque et licence. Dans le domaine des nouvelles technologies, Lagardère Active Digital innove avec des widgets préembarqués sur des terminaux, des sites sur téléphonie mobile, des applications mobiles qui sont vendus sur la notoriété de la marque. Lagardère Active Digital propose également des applications pour tablettes, des sonneries et des fonds d’écran pour téléphones mobiles. L’objectif visé par le groupe est un modèle économique reposant sur un financement Web uniquement par la publicité, le print restant pour moitié financé par l’achat. Cette stratégie pluri-média autour de la marque contribue à sa renommée et donc à sa valorisation financière.
Suisse (1982), Royaume Uni (1985), Italie (1987) Allemagne, Espagne, Grèce, Portugal, Suède (1988), Hollande, Pologne (1989), République tchèque (1994), Russie(1996), Norvège (1997), la Roumanie (1999) Turquie, Hongrie, Ukraine (2001), Croatie (2002), Belgique[1] (2003), Bulgarie, Serbie et Slovénie (2005), Danemark, Finlande (2008).
@« En vendant sa presse internationale, Lagardère tourne une page de son histoire », source AFP, http://www.france24.com/fr/20110104-vendant-presse-internationale-lagar…; , n’a pas remodelé le marché du magazine mondial. Les titres continuent à prospérer soutenus par Lagardère Global Advertising et la politique de gestion de la marque. Ils développent les coopérations internationales notamment sur des grands prix. Depuis 2010, avec ELLE DECO International Design Awards regroupant les vingt-cinq éditions ELLE Déco et en 2013 avec le Elle International Beauty Awards développé par quarante éditions du magazine. La stratégie de licence recentre le groupe média sur la presse française et dégage les fonds nécessaires pour encourager les nouvelles orientations médias d’Arnaud Lagardère. Dans les années à venir, il s’agira d’imprimer la marque ELLE à de nouvelles catégories de produits autour du capital des marques-filles et surtout du ELLE-mère, qui reste la seule principale référence sur les produits dérivés.