Comment se finance le cinéma indépendant canadien ?
Alors que le Canada est devenu la plaque tournante des tournages étrangers, son cinéma indépendant est à la peine. Analyse d'une situation paradoxale.
Publié le 19 mai 2016
Le Québec concentre un peu plus de 50 % de la production nationaleLe Québec concentre un peu plus de 50 % de la production nationale de films, contre 30 % pour l’Ontario et 20 % pour la Colombie britannique. 1 % du volume de production est localisé dans l’Alberta, et aucun film n’est tourné dans les autres provinces !
La part de marché totale du cinéma canadien au Canada reste très faible, autour de 3 %La production des films canadiens repose sur une économie très majoritairement soutenue par le secteur public. Pour cause, sa part de marché sur le territoire national reste faible : le cinéma national représente 10 % des recettes salle sur le marché de langue française, et moins de 2 % sur le marché de langue anglaise. La part de marché totale du cinéma canadien au Canada, majoritairement en langue anglaise, reste donc très faible (24 à 28 millions de dollars sur un total de 900 millions à 1 milliard de recettes salle, soit autour de 3 % de part de marché), malgré un parc de salles de plus de 3 000 écrans de cinéma pour une population de 35,9 millions d’habitants (soit un écran pour 11 000 personnes). L’exportation (préventes et avances de distribution) des films canadiens, quant à elle, a permis de récolter 103 millions de dollars en 2015 – plus de trois fois le box-office national !
La consommation de films au Canada se fait désormais en grande majorité ailleurs qu’au cinémaMais de fait, avec la multiplication des écrans et des canaux de diffusion, la consommation de films au Canada se fait désormais en très grande majorité ailleurs qu’au cinéma : 81 % à la maison, 16 % au cinéma et 3 % sur appareils mobiles. Or, les spectateurs consomment plus de films canadiens chez eux qu’au cinéma – au global, la part de marché du cinéma canadien est légèrement supérieure que la valeur de la salle : 4 % contre 3 %. Le marché se met à sanctionner cette dynamique en proposant de plus en plus d’œuvres directement sur les plateformes de vidéo à la demande ou en sortie simultanée (c’est le cas de Turbo Kid, par exemple, une des principales sorties nationales en 2015).
Les kiosques à journaux se raréfient en ville. Nous avons passé une journée de janvier dans celui que tient Ahmad-André, place de la Bastille, à Paris. Entre la concurrence du numérique et la hausse du coût du papier qui se répercute sur les prix, la recette quotidienne est maigre, et le métier difficile.