Incertitudes des produits culturels et diversifications dans le Travel Retail
« L’une des spécificités des industries culturelles tient au rôle majeur qu’y exerce l’incertitude sur les conditions de valorisation des biens et des services », explique le chercheur Pierre Moeglin. À l’incertitude qui pèse sur les produits culturels de Lagardère s’ajoutent d’autres facteurs.
Les médias écrits de Lagardère étaient fortement dépendants des variations enregistrées sur les marchés publicitaires.
Les médias écrits de Lagardère étaient fortement dépendants des variations enregistrées sur les marchés publicitaires.
En 2005, le chiffre d’affaires d’Hachette Filipacchi Magazines est constitué pour 39 % des ventes et pour 57 % de la publicité ; ce poids de la publicité dans le chiffre d’affaires montera même jusqu’à 58 % en 2006. Ce n’est qu’en 2012 (après que le groupe eut cessé l’édition de certains titres et vendu les éditions à l’international de l’ensemble de ses titres à l’exception de
Elle) que la tendance s’est inversée : le chiffre d’affaires est constitué aujourd’hui à 59 % par le produit des ventes et à 41 % par les recettes de publicité.
Pour les radios du groupe (Europe 1, Virgin Radio et RFM), le poids de la publicité est encore plus pesant : il représente 86 % du chiffre d’affaires en 2011 et 83 % en 2012. Les ventes de contenus et de produits dérivés, quant à elles, continuent de s’effriter (-5 % globalement en 2012). Ce qui justifie, aux yeux des dirigeants, l’urgence d’une migration des marques fortes du groupe vers le numérique et d’une diversification de l’offre.
Le marché publicitaire connaît des fluctuations importantes depuis l’accentuation de la crise économique (-5,2 % dans la zone euro en 2012 et -1,4 % au premier semestre 2013). Ce recul n’est pas compensé par le déplacement de ce marché vers Internet.
Le chiffre d’affaires de Lagardère Services, de son côté, évolue très lentement ; de 3 294 millions d’euros en 2000 à 3 809 millions d’euros en 2012, malgré un accroissement des points de ventes, en France et dans le monde. Néanmoins, c’est la branche qui dégage le plus de profits et l’une des branches sur laquelle le groupe porte une attention particulière.
Lagardère Services a deux types d’activités, d’une part, la distribution de la presse et du livre et, d’autre part, ce que le groupe appelle le Travel Retail, c’est-à-dire la vente dans les zones de transport, gares et aéroports.
Thierry Funck-Brentano annonce clairement les nouvelles ambitions du groupe : « Pour la distribution de presse worldwide, c’est-à-dire hors de France, nous constatons qu’elle reste positive mais qu’elle décroît. Nous n’envisageons donc pas de mettre beaucoup d’argent dans le secteur. Pour le Travel Retail, au contraire, l’analyse est simple : nous allons faire des efforts pour monter en puissance, à la fois en interne et en externe. Clairement nous souhaitons augmenter la part du Travel Retail, par exemple la "petite épicerie", par rapport à la distribution de presse, avec la volonté d’accroître le nombre de magasins d’aéroports et le nombre de mètres carrés. ».
En septembre 2013, par exemple, Lagardère a investi dans deux aéroports italiens, Rome Fiumicino et Venise. Mais il multiplie surtout les diversifications. En août 2009, il inaugurait deux nouvelles enseignes, Hubiz et Trib’s dans les réseaux SNCF et RATP, combinant presse, assortiment de produits et restauration, puis il s’associait à Casino pour développer des boutiques à l’enseigne ‘Chez Jean’. Après avoir vu sa concession de 307 boutiques de gares pour dix ans par la SNCF renouvelée, il présentait une nouvelle offre dans ses boutiques Relay, où le voyageur pourra non seulement trouver presse, livre et petite épicerie, mais aussi vente de billets de spectacle, vente et location de tablettes numériques, bornes de chargements de films et enfin, points de retrait de colis.
En Allemagne, il s’associait à Monceau Fleurs pour diversifier son offre dans ses boutiques, alors qu’en République tchèque, en Suisse ou en Hongrie, il développait de nouvelles offres avec le boulanger Paul et, en Grande Bretagne, il s’associait à la marque de café Costa Coffee pour développer un service de consommation rapide de viennoiseries et de cafés. Lagardère Services est l’un des principaux axes de développement du groupe.