Des coûts importants
Précisons que lancer un service de TNT dans un pays requiert un investissement d’au moins 10 millions de dollars pour couvrir uniquement les 2 ou 3 villes principales. Le montant dépend bien évidemment des contraintes locales, du réseau existant, de la répartition de la population, de la taille et du relief du pays. Au Nigeria et en RDC, 450 millions de dollars seraient nécessaires pour couvrir l'ensemble du territoire selon les premiers devis, tandis qu’environ 70 millions de dollars sont nécessaires au Bénin, en Guinée, au Kenya, en Ouganda, et au Sénégal, selon la dernière mise à jour de l’étude de Balancing Act (avril 2016).
Il faut au moins 10 millions de dollars pour couvrir uniquement les 2 ou 3 villes principales
Ces coûts comprennent uniquement la mise en place d’un comité dédié, le cadre règlementaire, les dépenses en infrastructures techniques, la campagne de communication, ainsi que des budgets alloués au suivi et au service après-vente (études, centre d’appel et sélection des distributeurs), accompagné parfois de subventions pour les décodeurs. Ces devis ne comprennent pas certains postes importants : les coûts annuels de production de chaînes et de programmes locaux qui doivent répondre à la demande imposée par les quotas nationaux, ou encore le recyclage des équipements obsolètes. La question de l’archivage des programmes est également omise. Comme l’écrivait le physicien Michel Blay : « Pas de science sans me´moire. Une science sans mémoire est destinée a` mourir ou a` tourner en rond ».
Avec un investissement élevé, quel est le retour sur investissement de la TNT ? Il s’agit souvent d’une rentabilité à long terme. Les recettes potentielles du déploiement de la TNT varient selon les choix des États. Des licences audiovisuelles pour les diffuseurs TV et radios, pour les fournisseurs de bouquets gratuits/payants permettraient d’amortir une part de l’investissement. La location du réseau TNT aux chaînes TV et radios est une autre option choisie par exemple par la Côte d’Ivoire et le Kenya. Certains États comptent aussi sur la redevance audiovisuelle, les taxes sur le chiffre d’affaires des opérateurs de télécommunications et des chaînes TV et radios. Les taxes sur les importations de récepteurs TNT et la TVA (sur les ventes de téléviseurs, boîtiers, achat de programmes/chaînes, etc.) constituent une autre source de remboursement. Par ailleurs, la valorisation des points hauts des pylônes TNT permet des rentrées d’argent de la part des services télécoms haut débit (3G, 4G, Wifi). Mais le plus gros retour sur investissement provient de la valorisation du dividende numérique : la vente des licences 4G constitue un apport qui permet l’investissement rapide dans le déploiement TNT.
En effet, la publication d’un nouveau plan de fréquences, qui inclut les réaménagements de fréquences rendus possibles par la fin de la télévision analogique et le développement de la télévision numérique, permet de disposer de bandes de fréquences non attribuées, en particulier dans la bande 800 MHz. C’est le dividende numérique.
Le droit d’utilisation de ces fréquences pour une période donnée peut être vendu par les autorités publiques. Il permet la monétisation du dividende numérique. Une partie de ces fréquences peut être réservée à l’État pour ses besoins propres ou à des services publics.