Une vision idéologique commune
Donnée gagnante dès le premier tour des élections présidentielles brésiliennes, Dilma Rousseff du Parti des Travailleurs (PT) a finalement dû affronter le candidat José Serra du Parti de la Social Démocratie Brésilienne (PSDB) lors d’un second tour le 31 octobre 2010. Cette configuration électorale n’était finalement pas aussi inattendue que cela. Pour la comprendre, il suffit de considérer une donnée essentielle de la réalité économique, politique et sociale brésilienne concernant la concentration médiatique. Ce secteur est en effet majoritairement investi par sept grands groupes nationaux qui, par delà leurs différences éditoriales, leurs rivalités et leurs intérêts propres, poursuivent au final les mêmes objectifs et partagent une même vision idéologique qu’ils ont notamment dévoilé dans le traitement partial des élections.
Dominant la presse quotidienne et hebdomadaire, les groupes, Abril, Organizaçoes Globo, Frias et Mesquita se sont livrés depuis 1989, année de la première candidature de Lula, à une critique et un dénigrement systématiques du PT, avec des approches et des styles différents et en jouant, en particulier, sur l’insécurité et la peur. Les semaines qui ont précédé le premier et le second tours des élections 2010 ont été marquées, d’un point de vue médiatique, par le déferlement d’attaques systématiques contre la candidate et le PT. Selon l’analyste et chercheur en sciences politiques Bruno Lima Rocha, un accord tacite, exprimé au travers d’une séquence imparable, a uni ces quatre grands groupes médiatiques lors de la campagne électorale : le magazine Veja a révélé une « affaire » entachant la candidate, A Folha l’a approfondi, TV Globo l’a exploité et le quotidien O Estado de São Paulo l’a conclu en explicitant son soutien au candidat de l’opposition, José Serra. Cette tactique médiatique s’est finalement révélée bénéfique, lors du premier tour, non pas pour José Serra mais pour Marina Silva, candidate du Parti Vert (PV) qui a engrangée 19,33 % des votes au premier tour. Si l’influence des médias au Brésil est sans conteste effective, elle n’est cependant pas sans limite, et, malgré les nouvelles stratégies politico-éditoriales qui ont été mises en place au sein de ces grands groupes entre le 4 et le 30 août 2010, rien n’a empêché Dilma Rousseff de devenir présidente du Brésil.
Retour sur le 1er tour : la « candidate de Lula » face à l’opposition médiatique
Qu’il s’agisse des hebdomadaires Veja ou Epoca - représentant 82 % de la circulation totale des hebdomadaires brésiliens - ou qu’il s’agisse des quotidiens, A Folha de São Paulo , O Globo et Extra ou encore de O Estado de São Paulo - représentant 78 % de la circulation totale des quotidiens brésiliens -, tous ont dénoncé la menace que constitue pour eux l’élection d’un ou d’une représentante du PT. Depuis l’ouverture officielle de la campagne électorale, la presse s’est déchaîné contre la candidate Dilma Rousseff en multipliant les pseudo-révélations et les affaires s’appuyant sur les nombreux scandales de corruptions ayant sérieusement entaché l’image du PT sous la présidence de Lula.


La santé de la candidate a été exploitée tout comme son passé de guérillera. Dans son édition du 5 avril 2010, A Folha de São Paulo a présenté dans un encart sur fond rouge un faux registre concernant Dilma Rousseff (en réalité issu d’un photomontage circulant sur les sites d’extrême droite) comme illustration d’un article sur l’enlèvement présumé d’un ministre impliquant le groupe armée auquel a appartenu Dilma Rousseff. Le 25 avril 2010, le journal a publié un demi mea culpa en précisant que ce registre, reçu par mail anonyme, n’a finalement pas été authentifié.
Indépendamment des analyses politiques présentées par ces groupes, les couvertures des magazines, adoptant la même stratégie de distorsion communicationnelle, sont, elles aussi, significatives : tandis que Serra, souriant, regarde les Brésiliens droits dans les yeux, Dilma, en noir et blanc, plonge le Brésil dans une époque révolue.
Le 18 septembre 2010, Lula a accusé le magazine Veja d’impartialité, de mensonge, et de soutien non assumé au candidat de l’opposition. Dilma, quant à elle, a directement interpellé A Folha qui, dans son édition du 20 septembre 2010, l’a accusé de mauvaise gestion et de contrats litigieux.

Pour le candidat de l’opposition, José Serra, le traitement médiatique a été tout autre. Cette même presse, qui s’est déchaînée contre Dilma, a ignoré soigneusement les révélations concernant l’implication du PSDB dans des affaires de violation du secret bancaire du candidat Serra et l’implication de sa propre fille dans d’autres affaires de violation du secret bancaire de millions de Brésiliens en 2001. Aucune affaire, aucune enquête, aucune contradiction n’a intéressé ces mêmes groupes médiatiques, qui auraient pourtant pu questionner le mandat de maire de José Serra (2005-2009), puis son mandat de gouverneur à São Paulo (2007- 2010), deux mandats marqués par le rejet du dialogue avec les représentants du Mouvement des Sans Terres, par la répression contre le mouvement des sans toits lors d’occupations illicites d’immeubles et de terrains, ou encore par la répression des manifestations étudiantes pacifistes contre la venue de Bush au Brésil . Rien, ou presque, n’a été dit par ces médias sur de possibles liens impliquant Serra dans le « scandale des ambulances » alors qu’il était ministre de la Santé sous la présidence de Fernando Henrique Cardoso. Rien de tout cela n’a été questionné. Bien au contraire, José Serra a été leur candidat et ils se sont chargés de lisser le portrait de Serra et d’attaquer le bilan de Lula et la candidature de Dilma.
Dans une stratégie relevant du langage paradoxal, le groupe Globo a soutienu Serra dès l’ouverture de la campagne, sans cependant l’assumer ouvertement. Dans O Globo du 11 mai 2010, l’annonce de la candidature de Serra a été accompagnée d’un « enfin ! Un candidat de l’opposition ! ». Avant cela, le slogan de campagne de Serra, « O Brasil pode mais », avait été plus ou moins repris par Globo lors de la célébration des 45 ans d’existence de la chaîne « Brasil muito mais ». Les sondages avantageux pour Dilma Rousseff ont radicalisé un peu plus la position des deux grands journaux Estado de São Paulo et A Folha de São Paulo. Dimanche 26 septembre 2010, le premier a ainsi déclaré son soutien au candidat José Serra en titrant en une « Le mal à éviter » en référence aux dangers du PT, le deuxième a publié un édito dénonçant les menaces planant sur la démocratie brésilienne sous le titre « Tout pouvoir a ses limites ».
Des images télévisuelles sans grande surprise
Du 9 au 11 août 2010, le journal télévisé de Globo a interviewé consécutivement Dilma Rousseff (33 % de part d’audience), Marina Silva (30 % de part d’audience) et José Serra (32 % de part d’audience) pendant 12 minutes. L’ordre de passage des candidats a été décidé par tirage au sort et, outre ces 12 minutes de questions-réponses, chaque candidat a disposé de 30 secondes supplémentaires pour conclure sur des propositions. Il est intéressant de remarquer le changement de ton des journalistes William Bonner et Fátima Bernardes, passant d’un ton plutôt sec, voire cassant, pour Dilma Rousseff à un ton relativement cordial pour Marina Silva et docile pour José Serra.
Pour la candidate Dilma Rousseff, interviewée le 9 août 2010, la journaliste Fatima Bernardes a même dû interrompre son collègue (et conjoint) William Bonner pour qu’il laisse répondre la candidate, sans cesse interrompue. Dilma a dû s’expliquer en particulier sur les alliances hasardeuses du PT avec Fernando Collor et José Sarney mais également sur le caractère de dame de fer qu’on lui a attribué. Marina Silva, interviewée le 10 août, a dû s’expliquer sur son départ du PT et son regard sur l’affaire du « Mensalão » impliquant des cadres du PT. José Serra, interviewé le 11 août, n’a, pour ainsi dire, jamais été mis en difficulté. Ses longues réponses n’ont entraîné que peu de fermes interruptions. Lorsque qu’enfin le journaliste lui a demandé de s’expliquer sur les alliances hasardeuses du PSDB avec le PTB (Partido Trabalhista Brasileiro) impliqué dans l’affaire du « Mensalão », ce même journaliste a pris la précaution de d’abord rappeler les alliances contre-nature du PT. Sur un ton désolé, le journaliste William Bonner lui a demandé pardon à deux reprises en lui coupant la parole à la fin de l’émission alors que le candidat José Serra avait dépassé les 12 minutes accordées. Il est aisé de remarquer que, d’une part, le traitement dévolu aux deux principaux candidats n’a pas été le même et que, d’autre part, chacune de ces trois interviews a été l’occasion de discréditer le PT.
Malgré cette stratégie, les opinions favorables à Dilma ont augmenté de plus de dix points au cours du mois d’août. Les spots électoraux, diffusés à 13h et à 20h30 à la télévision, n’ont pas été étrangers à ces intentions de vote. Ils adoptaient des perspectives différentes et assez éclairantes sur l’image que les candidats se sont construis.
José Santana, responsable de la communication politique de Dilma Rousseff, a opté pour une esthétique cinématographique et la présence à l’écran de Lula, qui présente à la foule la candidate. Dilma se glisse dans la foule pour s’adresser à ses électeurs, parle aux femmes et au nom des femmes, médite sur sa trajectoire de vie. La présence de Lula cautionne la continuité sur laquelle mise la candidate pour gagner.
Luiz Gonzalez, responsable de la communication politique de José Serra, a lui opté pour un spot plus simple d’un point de vue esthétique et en termes de contenu. Le candidat s’ancre dans le Brésil des favelas, de la joie et de la simplicité, en rappelant qu’il vient lui-même d’un milieu modeste. Visiblement, c’est l’électorat très populaire qui a été ciblé. Mais cet électorat a-t-il-pu se reconnaître dans un bidonville de studio et au travers d’un groupe qui chante, sur un rythme de samba, « Quand Lula partira, c’est José que je veux voir là-bas » ?
À la fin du mois d’août, alors que ces spots de campagnes et que les interviews de 12 minutes ont été diffusés, Dilma passe de 36 à 49 % d’intentions de vote et José Serra de 37 à 29 %. Les candidats se sont ainsi adressés aux spectateurs mais qu’en est-il de leur confrontation qui viendrait éclairer les divergences et les convergences de leurs programmes ? Quatre débats télévisés diffusés sur les chaînes nationales et réunissant les quatre candidats à la présidence – Dilma Rousseff (PT), José Serra (PSDB), Marina Silva (PV) et Plinio de Arruda Sampaio (PSOL) - ont été diffusés d’août à septembre.


Ces débats ont suscité au final relativement peu d’audience. Le premier, en concurrence avec la diffusion d’un match de la Copa dos Libertadores da America Latina sur TV Globo, a été marqué par la mauvaise prestation de Serra. Le deuxième débat a été marqué par une avancée de Dilma et un nouveau recul de Serra dans un sondage d’A Folha en partenariat avec Rede TV. Le troisième a montr » une Marina Silva moins effacée et plus agressive dans son opposition à Dilma, puisqu’elle l’a interrogé en particulier sur les affaires de trafic d’influence impliquant l’un des membres de son cabinet. Le dernier débat, réalisé par Globo et le seul à avoir recueilli une part de marché relativement importante, a été marqué par la non confrontation des principaux candidats : Serra et Dilma ont essentiellement adopté une stratégie défensive. Ce manque de confrontation des débats du 1er tour a aboutit à un exercice télévisuel assez morne, probablement responsable de la baisse d’audience du débat sur TV Globo qui est passé de 30 points de part d’audience en début d’émission à 20 points à la fin.

Les leçons tirées du premier tour des élections
Dans la nuit du 3 octobre 2010, les résultats ont contredit les pronostics nationaux et internationaux. Dilma Rousseff a obtenu 46,91 % des votes, soit plus de 47 millions de voix, Serra 32,61 %, plus de 33 millions de voix ; et Marina, 19,35 %, près de 20 millions de voix. Un second tour devra donc départager les candidats Dilma et Serra le 31 octobre 2010.
Une lecture plus globale des résultats, prenant donc en considération les sénateurs, députés et gouverneurs élus, montre que le parti de la candidate Dilma l’a emporté dans 18 États du Brésil et dans 4 des cinq régions du pays tandis que celui de Serra a gagné dans 8 États et dans la région Sud. Marina Silva quant à elle ne l’a emporté que dans le District Fédéral de Brasilia.

Si le PT a ainsi obtenu une adhésion indéniable et plus importante qu’en 2006, il n’en reste pas moins vrai que le taux d’abstention et les votes nuls ou blancs ont représenté près d’un quart de l’électorat brésilien. Cette donnée nous semble être en lien direct, entre autres considérations développées plus loin, avec la campagne anti-Dilma menée par les médias adeptes de la distorsion communicationnelle et exploitant jour après jour des rumeurs afin d’affaiblir la candidate. Le score relativement élevé de Marina Silva peut également, selon nous, être considéré comme l’un des résultats de cette opposition médiatique. Néanmoins, tout ceci n’est pas sans soulever un certain nombre de questions qui ne peuvent se réduire uniquement à l’influence médiatique. La première d’entre elles concerne les instituts de sondage et leur incapacité à prévoir d’une part, et ce jusqu’à la veille du jour des élections, la possibilité d’un second tour, d’autre part l’estimation correcte du taux d’intention de vote pour Marina Silva. Les quatre principaux instituts de sondage, Ibope, Datafolha, Vox Populi et Sensus, se sont en effet tous trompés sur l’estimation des résultats des trois candidats et leurs prévisions concernant Dilma Rousseff nous plonge dans une certaine perplexité.
En ce qui concerne Marina Silva, la sous estimation dont elle a fait l’objet va de pair avec le peu de répercutions médiatiques des questions socio environnementales au Brésil. Si la trajectoire personnelle de Marina Silva, issue des milieux les plus pauvres du Brésil, force l’admiration et fait penser à celle du Lula, il est important de rappeler que cette candidate d’opposition à Dilma et à Serra a été, entre 2003 et 2008, la ministre de l’Environnement de Lula dans une période marquée par différents scandales et prises de positions ayant entraîné l’indignation de bon nombre de militants et d’intellectuels : parmi elles, des politiques favorables à l’agrobusiness impliquant la légalisation commerciale du soja transgénique et la non application de la loi obligeant les industries à étiqueter les produits contenant plus d’1 % d’OGM. Il est également intéressant de relever un paradoxe dans la candidature de la candidate « écolo » : son vice-président n’était autre que Guilherme Leal, le fondateur et co-PDG de la multinationale Natura et la 13ème fortune du Brésil. Le dimanche 17 octobre 2010, Marina Silva a annoncé ne pas donner de consigne de vote pour le second tour.
Une autre des questions soulevées par les résultats du premier tour concerne la popularité de Lula estimée, par de récents sondages à près de 79 % d’opinions positives. Nous considérons que le résultat de Dilma Rousseff ajouté au taux d’abstention et de votes nuls ou blancs nuancent quelque peu ce taux de popularité estimé et qu’une faille s’y dévoile. S’il est indéniable qu’une politique en faveur des plus pauvres a été menée sous les présidences de Lula, notamment au travers de programmes sociaux d’assistance comme Fome Zero ou Bolsa Familia, permettant à une classe très populaire d’accéder au marché, le Brésil reste, par des choix politiques de Lula, un pays profondément inégalitaire et possédant un taux de violence frisant ceux d’une guerre civile dans certaines favelas.
Ces indicateurs sociaux liés à un éloignement des grands projets du PT de 1989 (réforme agraire, réforme fiscale...) expliquent qu’une partie des militants, des intellectuels et des inconditionnels d’hier sont devenus plus critiques sur les ambivalences de la gauche incarnée par Lula. Ces ambiguïtés idéologiques de la gauche brésilienne expliquent, en partie, la posture adoptée par les trois candidats du 1er tour et éclaire aujourd’hui la non consigne de vote de Marina Silva. Pour le sociologue Luis Fernando Novoa Garzon, enseignant-chercheur à Universidade Federal de Rondonia,il existe une convergence des programmes des trois principaux candidats qui se caractérise par le fait que la possibilité de nouveaux choix économiques venant heurter les intérêts du système financier n’a pas été discutée. Il n’y a donc pas eu de confrontation réellement idéologique ou politique et, par conséquent, pas de débat de fond. Les candidats se sont davantage disputés la gestion du système, consolidée dans les années Lula, que la mise en place d’un système politique. Cette convergence idéologique des projets explique, nous semble-t-il, le fait que le débat politique s’est focalisé davantage sur les affaires : accusation d’accès illégaux aux dossiers fiscaux de la fille de Serra et d’autres membres du PSDB par le PT, trafic d’influence au ministère ou la démission de la ministre de la Casa Civil. Ces affaires ont occupé le terrain alors qu’un véritable débat de fond sur les insuffisances du bilan Lula aurait pu permettre une mise en perspective des enjeux à venir : quid de la Réforme Agraire - présente dans le programme de Lula dès 1989 - et des Sans Terre ? Quid de la question indienne au Brésil dont les insuffisances politiques ont fait l’objet d’un récent rapport d’ Amnesty International ? Quid de la gestion de l’Amazonie lorsque 67 millions d’hectares sont privatisés ? Quid de la réforme fiscale ?
La présidence à l’horizon…
Entre le 4 et le 30 octobre 2010, la campagne s’est poursuivie sans surprise. D’autres affaires ont surgi. Les grands médias ont gardé leur cap. Les cinq débats télévisés ont montré une stratégie plus agressive des candidats et de Dilma Rousseff en particulier. Les deux premiers débats diffusés respectivement le 10 et le 17 octobre 2010 sur TV Band et Rede TV ont fait de piètres scores d’audiences tournant autour de 4 %. Le débat de Rede Record le 25 octobre 2010 a obtenu 9 % de part d’audience et celui de Globo, le 29 octobre 2010, en a obtenu 25 %. Subtilement, Dilma Rousseff, dès le lendemain du premier débat, n’à pas hésité à en inclure de larges extraits dans son nouveau spot de campagne politique, plusieurs fois diffusés, garantissant ainsi une nouvelle visibilité à la confrontation entre les candidats.

José Serra, malmené par ce premier débat, a opté dans son spot de campagne pour le surinvestissement des thèmes et des questions environnementales auparavant portées par Marina Silva.

Les questions religieuses se sont également invitées lors de ce deuxième tour. Exploitées par les médias, les questions de foi, de droit à l’avortement, de mariage homosexuel ont constitué une nouvelle tentative pour renverser la tendance des sondages favorables à Dilma Rousseff et ont finalement masqué les éventuelles confrontations idéologiques des candidats. Même le pape Benoît XVI a cru bon de déclarer face aux évêques brésiliens que les prêtres « avaient un droit impérieux d’émettre un jugement moral même en politique ». Rien n’y a fait. Dilma Rousseff sort finalement victorieuse face à la coalition médiatique qui aura usé tout au long de la campagne de trois grandes figures pour la destabiliser : surexploitation d’affaires et de scandales du PT, mise en question de la légitimité de la candidate et soutien à l’opposant José Serra. Le 31 octobre 2010, Dilma Rousseff est la 1ère femme présidente du Brésil, élue avec 56 % des voix. Outre l’orientation politique qu’elle représente et qui a été choisie, outre l’espérance que son élection porte, sa victoire arrachée lors d’un 2nd tour témoigne également de l’influence importante des medias, même s’ils ne sont plus tout puissants. Grâce à Internet notamment, des informations politiques ont circulé et contribué à créer une forme de contre pouvoir qui, si elle n’a pas touché l’ensemble de la population brésilienne, a permis de se constituer en lieu de débat alternatif. S’il est salutaire, dans une démocratie, que les médias se montrent critiques avec le gouvernement, il l’est tout autant qu’ils se montrent exigeants et impartiaux avec tous les partis politiques. Entre les différents chantiers que devra engager la présidente pour faire du Brésil un pays plus juste, celui d’une législation plus sévère en matière de concentration médiatique nous semble incontournable.
Bibliographie sélective
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GENTILI, Pablo (org.) Pedagogia da exclusão: Crítica ao neoliberalismo em educação. Petrópolis: Vozes, 1995.
GOHN, M. da G. Os Sem-Terra, Ongs e Cidadania: a sociedade civil brasileira na era da globalização. São Paulo: Cortez, 2000.
LIMA, Venício A. de, Mídia: Crise política e poder no Brasil Editora Fundação Perseu Abramo, 2006.
STÉDILE, João Pedro e FERNANDES, Bernardo Mançano. Brava Gente: a trajetória do MST e a luta pela terra no Brasil. São Paulo: Editora Fundação Perseu Abramo,
1999.
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Professeure à l'université catholique de Lille, vidéaste et plasticienne