l'une des vidéos des 3e de la classe média

© Crédits photo : Illustration : Sophie and the Frogs

« Je pensais que ça allait être relou la classe média, en fait c’est trop bien »

Fin de projet pour la classe média. Les élèves se réunissent pour regarder les publications des différents groupes, fruits de plusieurs semaines de travail. Podcasts, vidéos, articles : les formats sont multiples et imaginatifs.

Temps de lecture : 3 min

« On regarde ce qu’ont fait vos camarades ? », demande Monsieur Vighier, assis à son bureau, face à sa classe. Ordinateur devant lui, le professeur de français parcourt les productions des élèves de troisième média. Le groupe a travaillé plusieurs semaines sur de nouvelles publications, rendues quelques jours auparavant. Objectif : évoquer, dans des formats librement choisis, des romans abordant la guerre et le totalitarisme (voir notre article publié le 27 janvier 2022).

À la question de l'enseignant, les élèves répondent en chœur par l’affirmative…. Mais un seul « non », timide, se fait entendre : c’est Diogo. « Tu n’as pas envie d’écouter tes camarades ? » « Si, mais je n’ai pas envie de passer devant la classe », admet le garçon. « Je comprends, mais vous êtes bien conscients que si nous publions, il y a beaucoup plus de gens qui vont écouter, lire et regarder ce que vous avez fait qu’il n’y a de gens dans la classe. On publie quand même ? » « Oui ! », répond le collégien, presque du tac au tac, avant d’ajouter qu’il est, finalement, d’accord pour qu’on montre son travail.

Roue de la chance

Monsieur Vighier fait tourner une roue de la chance sur son ordinateur. Toutes et tous ne pourrons pas passer aujourd’hui, ils le savent. Mais Harold Richer, le professeur documentaliste, et le professeur de français tiennent à montrer une petite partie des travaux, puis à commenter les bons côtés et les choses à améliorer. La roue s’arrête sur le groupe d’Émilie, Carla et Angela. Les trois élèves ont décidé de faire un podcast. Problème : le son n’est pas de très bonne qualité ; les jeunes filles ont enregistré séparément. Par moment, les sons d’ambiance d’un bistro sont ajoutés, pour donner l’illusion d’une discussion informelle entre amies. On devine des échanges dynamiques entre les trois adolescentes, même s’il est compliqué de bien comprendre le fond des propos.

Vient le tour de Colas et Emy. Ils ont lu La Traversée de la nuit, livre où la nièce du général de Gaulle, Geneviève de Gaulle-Anthonioz, raconte son internement dans le camp de Ravensbrück pendant la Seconde Guerre mondiale. Leur projet initial était de faire un podcast, mais Emy n’a pas pu enregistrer de vive voix à côté de Colas. Conscients qu’enregistrer chacun de leur côté amoindrirait la qualité des échanges, les deux adolescents ont décidé d’innover. Ils ont écrit ensemble un texte résumant la vie et le parcours de l’autrice. Sur cette base, Emy a fait des dessins, mélangeant cartes, texte et indications fléchées. Colas, avec sa voix grave et son ton posé, a ensuite lu leur texte et monté les dessins par dessus, avec de très légers mouvements de caméra. Le résultat : une vidéo très efficace, même si les deux adolescents n’ont pas pu réaliser leur vision exactement. « On voulait monter une vidéo d’Emy qui dessinait en accéléré, mais nous n’avons pas réussi à le faire », explique Colas.

« Booktubers »

C’est ensuite la production d’Anaïs, Sarah et Louane qui est diffusée. La vidéo, qui reprend les codes des productions des « booktubers », ces vidéastes spécialisés dans la critique de livres, montre les trois adolescentes installées sur un canapé. Elles évoquent Inconnu à cette adresse, de Kathrine Kressmann Taylor. Le roman retrace les échanges de lettres entre deux amis, un Américain et un Allemand, et la transformation de leur relation, le tout sur fond de montée du nazisme en Allemagne. La mise en scène de la vidéo est simple et efficace. Les prises de parole dynamiques des vidéastes sont entrecoupées de plans sur des extraits du livre, lus à tour de rôle par les adolescentes. « On avait déjà fait une vidéo pour le premier projet, explique Anaïs. Et à la fin, nous avions dit "Rendez-vous au prochain épisode", donc nous nous sommes dit que ça pouvait être intéressant d’en refaire une. » Sarah l’admet, elles étaient cette fois « beaucoup moins stressées » lors du tournage.

À la fin de la séance, c’est un article basé sur Paroles de poilus, signé Maëlya et Diogo, qui est projeté à l’écran. La mise en page est propre. Leur objectif : le partager sur des réseaux sociaux, Snapchat en particulier. Mais Diogo le reconnaît, « ce sera parfois un peu compliqué à lire, les textes sont trop petits ».

Plusieurs autres projets sont diffusés en partie et on sent l’implication des élèves dans chacun d’entre eux. Fin du cours, les élèves se lèvent. Dans un coin de la salle, des photos de la classe sont affichées au mur, prises lors de diverses sorties. Diogo et plusieurs de ses camarades les regardent. « Au début je pensais que ça allait être relou la classe média, dit l’adolescent. Mais en fait c’est trop bien. »

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