« Comment continuer à vivre le plus normalement possible, alors que les écoles sont fermées, que les personnes âgées sont invitées au confinement, que des ruptures temporaires sont à attendre ? Une solution s’impose : la solidarité locale », écrivait dès le 13 mars le quotidien régional Le Télégramme, au lendemain de l’allocution télévisée du président de la République suivie par près de 25 millions de personnes — un record.
Pour faire vivre cette solidarité, plusieurs médias locaux ont souhaité dans l’urgence jouer un rôle actif d’intermédiaire entre des besoins d’aide et des propositions de services, afin d’aider la population à faire face à l’épidémie de Covid-19 due au coronavirus SARS-CoV-2.
C’est ainsi que Le Télégramme a lancé l’opération « Solidarité coronavirus Bretagne », afin de mettre en relation toutes les « bonnes volontés » (particuliers, municipalités ou associations) et « ceux qui ont besoin d’aide ». Les propositions de services sont publiées sur le site web, ainsi que dans le journal papier. Aide aux devoirs, courses, repas : plusieurs dizaines d’offres (gratuites) ont déjà été recensées et publiées.
Groupes Facebook et mini-sites
D’autres quotidiens régionaux privilégient Facebook, comme Les Dernières Nouvelles d’Alsace, qui y ont y créé pour l’occasion un groupe public : « Coronavirus : entraide en Alsace » pour « aider à favoriser les échanges de services et de solutions pour faciliter la vie quotidienne dans les prochaines semaines ». Ouvert dès le 13 mars, le groupe réunit près de 1 400 personnes. Le journal, qui a mis son initiative en Une de son site web, a aussi relayé d’autres groupes Facebook préexistant (« Mums in Strasbourg ») ou ad hoc (« Coronavirus - Solidarité parents 67 »).
Les groupes publics Facebook sont également utilisés par différentes éditions de Ouest-France, comme celle de Caen (570 membres environ) ou du Havre (une trentaine de membres). Ces groupes, qui visent à partager « un service, une aide bénévole, une idée que vous avez expérimentée face au coronavirus », sont explicitement réservés à « des initiatives qui ne relèvent pas de services monétisés. ». Ouest-France a par ailleurs annoncé le 17 mars s’associer à la plateforme Allovoisins afin de faciliter l’entraide s’agissant de « livraison de courses, de repas,… ». Les lecteurs non familiers des réseaux sociaux ne sont pas oubliés et peuvent écrire directement au journal.
Une dernière façon de jouer ce rôle actif d’intermédiaire entre des offres de services et des besoins est de passer par un mini-site, pensé pour mobile mais utilisable sur PC, à partir de Google Sheet. C’est le choix par exemple de certaines antennes du réseau de radios publiques France Bleu, comme dans le Vaucluse ou dans l’Hérault. À l’heure actuelle, le retour est assez mitigé : trois annonces seulement ont été postées dans le Vaucluse, et aucune dans l’Hérault.
C’est avec le même dispositif technique que Nice-Matin a lancé, avec davantage de succès, sa plateforme « CoronAIDES ». Le journal précise qu’« il s'agit UNIQUEMENT d'un outil de recensement des bonnes volontés sur notre territoire » et qu’il appartient aux utilisateurs « de prendre contact par mail ou le cas échéant au téléphone avec les personnes ayant proposé leurs services. » Quatre onglets structurent ce mini-site : « CoronAIDES » (qui présente l’outil), « Vos propositions » (qui présente sur une carte toutes les propositions reçues) ; un « Chat » ; et enfin « Les infos » en rapport avec le Covid-19 (avec notamment un rappel des « gestes barrières » et un renvoi vers un article sur « 11 idées reçues sur le coronavirus ».
Damien Allemand, chef du service numérique de Nice-Matin et à l’origine de l’initiative, se réjouit du « fort succès » de la formule (plus d’une centaine d’offres déposées). Au départ destinée aux lecteurs du journal, celle-ci voit « des propositions arriver de partout en France. Ce n'était pas le but, mais cela prouve qu'il y a une forte demande et un bel esprit de solidarité malgré toutes les images que l'on peut voir. »
À quelques heures d’une nouvelle prise de parole présidentielle, impossible de savoir ce que deviendront ces initiatives en cas de confinement plus strict. « Honnêtement, on ne s’est pas encore posé la question », reconnaît Damien Allemand.
Mise à jour le 25/03/2020 : association de Ouest-France et Allovoisins.com