La seconde partie, la plus intéressante, s’attache à analyser l’impact – social, économique, politique – de Facebook sur nos vies. Facebook est bien plus qu’un outil de communication social et pratique, qui remplace peu à peu l’e-mail, le carnet d’adresses, l’agenda ou les plateformes de partage en ligne de photos. C’est aujourd’hui un des plus grands réseaux sociaux au monde, utilisé par plus de 500 millions de personnes et traduit en 70 langues.
Mais surtout, écrit David Kirkpatrick, c’est « une plateforme technologique qui a une influence sans précédent sur nos vies », une « nouvelle forme de communication ». Le réseau social s’est construit sur une idée simple : « les gens veulent partager et rester connectés avec leurs amis et les gens autour d’eux ». Pour Mark Zuckerberg, « si les gens partagent plus, le monde deviendra plus ouvert et plus connecté. Et un monde qui est plus ouvert et plus connecté est un monde meilleur ».
Contrairement au portrait qui émerge dans
The Social Network, le Mark Zuckerberg que décrit David Kirkpatrick apparaît moins comme un garçon arrogant et ambitieux que comme un jeune entrepreneur du Web visionnaire, persuadé de sa capacité à changer le monde. Il n’est pas motivé par l’argent (il a toujours refusé de vendre Facebook, aujourd’hui valorisé à plus de 20 milliards de dollars). Mais il est convaincu que la transparence (« radical transparency »), le fait de partager nos données et de rendre nos vies publiques grâce au numérique est un progrès.
Pour l’auteur, l’impact social et politique de Facebook est immense. Il
rapporte ainsi l’histoire de ce citoyen colombien qui aurait réussi en quelques mois à fédérer l’opinion de son pays contre les FARC puis à influencer la libération du groupe d’otages dont faisait partie Ingrid Betancourt grâce à un groupe Facebook (« Un millón de voces contra las FARC »). Il évoque également le rôle joué par Facebook dans la
campagne de Barack Obama pour l’élection présidentielle. « Facebook, écrit-il, transforme l’activisme politique et, dans certains pays, affecte le processus démocratique lui-même ».
Mais l’enthousiasme de David Kirkpatrick tourne parfois à la naïveté quand il se demande par exemple si Facebook pourrait « un jour, apporter la paix dans le monde » et « devenir un facteur de rapprochement entre les gens dans un monde divisé par les affrontements politiques et religieux ». Malcom Gladwell a publié dans le
New-Yorker un article,
« Small Change, Why The Revolution Will Not Be Tweeted », qui relativise fortement l’impact des réseaux sociaux et de l’activisme en ligne sur la vie réelle.