The Facebook Effect : l’histoire du réseau social qui change le monde

The Facebook Effect : l’histoire du réseau social qui change le monde

David Kirkpatrick raconte l'histoire de la création de Facebook et l'expansion mondiale du réseau social, qui réunit aujourd'hui plus de 500 millions d'utilisateurs et transforme la façon dont les gens communiquent, leurs relations, l'économie et même la politique.

Temps de lecture : 3 min

Il y a deux façons d’aborder l’histoire de Facebook. À la manière de Ben Mezrich, l’auteur de The Accidental Billionaires (adapté au cinéma par Aaron Sorkin et David Fincher), qui résume la création de Facebook à un récit sensationnaliste de jalousies et de trahisons, dans laquelle Mark Zuckerberg apparaît comme un nerd ambitieux. Ou bien à la manière de David Kirkpatrick, ancien journaliste spécialisé dans les nouvelles technologies au magazine Fortune. Dans The Facebook Effect, il chronique l’expansion mondiale du réseau social et analyse comment Facebook, qui réunit aujourd’hui plus de 500 millions d’internautes, transforme la façon dont les gens communiquent, leurs relations, l’économie et même la politique.

De Facemash à Facebook

La première partie du livre est un récit classique de la création de la start-up, du développement de Facemash, en 2003, jusqu’à l’arrivée de Sheryl Sandler, en 2008, et un portrait de son fondateur, Mark Zuckerberg, que l’auteur a interviewé à plusieurs reprises. En 2003, après une déception amoureuse, Mark Zuckerberg, jeune étudiant de Harvard de 19 ans, pirate le réseau de son école et récupère les photos des trombinoscopes. Il développe Facemash, un site, qui permet aux étudiants de choisir entre deux photos la plus « sexy » d’entre elles (et qui inspirera plus tard le fameux poke). L'administration de Harvard ordonne la fermeture du site et Mark Zuckerberg échappe de peu à l'exclusion. Inspiré par cet incident, il lance le 4 février 2004, Thefacebook, afin de permettre aux étudiants de « mieux partager leurs informations ». David Kirkpatrick ne s’appesantit pas sur les deux procès intentés depuis à Mark Zuckerberg par deux étudiants de Harvard (les frères Winklevoss) qui l’accusaient d’avoir volé leur idée et par son ancien ami et associé, Eduardo Saverin, qui s’estime avoir été trahi. Il préfère raconter l’expansion phénoménale de Facebook, qui s’ouvre dès le mois de mars aux universités de Stanford, Columbia et Yale. Au cours de l’été 2004, l'ancien fondateur de Napster, Sean Parker, devient président de la start-up, qui déménage au cœur de la Silicon Valley, à Palo Alto. Peter Thiel, co-fondateur de PayPal, est le premier à investir (200 000$) dans l'entreprise. Puis, en 2007 Microsoft acquiert 1,6% du capital, pour 240 millions de dollars. En 2008, Facebook est devenu un des premiers réseaux sociaux au monde, valorisé à hauteur de 15 milliards de dollars, avec plus de 100 millions d'utilisateurs. Sheryl Sandberg, ancienne dirigeante de Google, rejoint alors Facebook avec un objectif : transformer la start-up à la croissance fulgurante en véritable source de revenus.

Un outil de communication social qui connecte le monde

La seconde partie, la plus intéressante, s’attache à analyser l’impact – social, économique, politique – de Facebook sur nos vies. Facebook est bien plus qu’un outil de communication social et pratique, qui remplace peu à peu l’e-mail, le carnet d’adresses, l’agenda ou les plateformes de partage en ligne de photos. C’est aujourd’hui un des plus grands réseaux sociaux au monde, utilisé par plus de 500 millions de personnes et traduit en 70 langues.
 
Mais surtout, écrit David Kirkpatrick, c’est « une plateforme technologique qui a une influence sans précédent sur nos vies », une « nouvelle forme de communication ». Le réseau social s’est construit sur une idée simple : « les gens veulent partager et rester connectés avec leurs amis et les gens autour d’eux ». Pour Mark Zuckerberg, « si les gens partagent plus, le monde deviendra plus ouvert et plus connecté. Et un monde qui est plus ouvert et plus connecté est un monde meilleur ».
 
Contrairement au portrait qui émerge dans The Social Network, le Mark Zuckerberg que décrit David Kirkpatrick apparaît moins comme un garçon arrogant et ambitieux que comme un jeune entrepreneur du Web visionnaire, persuadé de sa capacité à changer le monde. Il n’est pas motivé par l’argent (il a toujours refusé de vendre Facebook, aujourd’hui valorisé à plus de 20 milliards de dollars). Mais il est convaincu que la transparence (« radical transparency »), le fait de partager nos données et de rendre nos vies publiques grâce au numérique est un progrès.
 
Pour l’auteur, l’impact social et politique de Facebook est immense. Il rapporte ainsi l’histoire de ce citoyen colombien qui aurait réussi en quelques mois à fédérer l’opinion de son pays contre les FARC puis à influencer la libération du groupe d’otages dont faisait partie Ingrid Betancourt grâce à un groupe Facebook (« Un millón de voces contra las FARC »). Il évoque également le rôle joué par Facebook dans la campagne de Barack Obama pour l’élection présidentielle. « Facebook, écrit-il, transforme l’activisme politique et, dans certains pays, affecte le processus démocratique lui-même ».
 
Mais l’enthousiasme de David Kirkpatrick tourne parfois à la naïveté quand il se demande par exemple si Facebook pourrait « un jour, apporter la paix dans le monde » et « devenir un facteur de rapprochement entre les gens dans un monde divisé par les affrontements politiques et religieux ». Malcom Gladwell a publié dans le New-Yorker un article, « Small Change, Why The Revolution Will Not Be Tweeted », qui relativise fortement l’impact des réseaux sociaux et de l’activisme en ligne sur la vie réelle. 

Quel futur pour Facebook ?

La fascination de David Kirkapatrick pour son sujet d’étude, Facebook, et l’admiration qu’il voue à son créateur, Mark Zuckerberg, peuvent agacer. The Facebook Effect est une « histoire autorisée » et l’auteur, qui n’a jamais rencontré Eduardo Saverin ou les frères Winklevoss et s’est uniquement basé sur les procès-verbaux de leurs auditions, manque parfois d’objectivité. Il peut donc être intéressant de compléter la description réalisée par David Kirkpatrick avec, par exemple, le long portrait de Mark Zuckerberg écrit par le journaliste Jose Antonio Vargas dans le New Yorker.

 
Pourtant l’auteur ne minimise pas les risques encourus par Facebook, dont celui « d’apparaître plus comme un endroit pour le marketing et moins un lieu pour les amis ». Le réseau social, reconnaît-il, a commis de nombreuses erreurs sur le sujet de la privacy et pourrait « devenir un système de surveillance géant », un phénomène dont « son créateur perdrait le contrôle », alors même que nous n’avons aucune preuve de «  ses bonnes intentions ».
 
David Kirkpatrick a écrit l’histoire passionnante d’une start-up qui a révolutionné le marketing, la publicité, nos modes de communication et la façon dont le Web change le monde. Une histoire qui reste encore à écrire, comme le dit Mark Zuckerberg dans une scène de The Social Network, ce qui est difficile à contredire à l’heure où certains prédisent que Facebook sera bientôt plus grand que Google
 
 
David KIRKPATRICK, The Facebook Effect, The Inside Story of the Company That Is Connecting the World, Simon & Schuster, 2010

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