Facebook, le film

Facebook, le film

L'histoire du réseau social Facebook et de son créateur Mark Zuckerberg portée au cinéma.
Temps de lecture : 2 min

Citizen zuck

Mark Zuckerberg, le William Randolph Hearst du Web ? Pour certains, The Social Network, le film de David Fincher sur l’histoire de Facebook et de son créateur, peut être comparé au film d’Orson Welles, Citizen Kane, qui racontait l’ascension de l’industriel des médias au début du XXè siècle.
 
Sorti le 1er octobre aux Etats-Unis, The Social Network est en tête du box-office américain et a déjà engrangé plus de 46 millions de dollars de recettes. « Une classique histoire d’amitié, de fidélité, de trahison et de jalousie », c’est ainsi que Aaron Sorkin, son scénariste, résume l’histoire de The Social Network. Le film raconte l’histoire de la naissance du réseau social et de son créateur, Mark Zuckerberg, un étudiant de Harvard de 19 ans. Comme la plupart des start-ups de l’informatique et du Web dont le succès tient d’abord à la vision et au travail d’un « entrepreneur » (Bill Gates avec Microsoft, Steve Jobs avec Apple, etc.), Mark Zuckerberg incarne Facebook. Dans le film, il apparaît à la fois comme un élève brillant, un nerd cynique et socialement inadapté, un ambitieux sexuellement frustré, qui aurait volé l’idée de Facebook à d’autres étudiants de Harvard et trahi son ami, co-fondateur et directeur financier du site, Eduardo Saverin.

Sexe, hackers et Trahisons : l'histoire d’une start-up de Harvard vue à travers les yeux d'Hollywood

Aux Etats-Unis, la sortie du film a provoqué un débat sur l’exactitude et le caractère – réel ou fictionnel ? – du film. Le scénario de Sorkin est adapté du roman de Ben Mezrich The Accidental Billionaires: The Founding Of Facebook, A Tale of Sex, Money, Genius, and Betrayal, publié en 2009. Sorkin explique que, sans avoir de prétention encyclopédique, il raconte une histoire qui s’est réellement passée. Pour Ben Mezrich, elle est « écrite dans un style cinématographique, comme un thriller. C’est une forme de nonfiction qui remonte à Hunter Thompson et Tom Wolfe. Ou peut-être c’est un genre que j’essaye de créer ». Dans un article posté sur The Daily Beast, David Kirkpatrick, l’auteur de The Facebook Effect, juge que The Social Network est un très bon film, mais absolument pas une histoire vraie. Le magazine Slate a ainsi publié un long article qui recense toutes les inexactitudes du scénario sur la vie de Mark Zuckerberg et l’histoire de la création de Facebook.
 
En réalité, The Social Network traite de Facebook, mais seulement à travers le prisme d’Hollywood, du storytelling et de l’entertainment, en se focalisant sur les aspects les plus dramatiques de l’histoire et sur la personnalité de Mark Zuckerberg, dans le style des grandes tragédies grecques. Comme le déplore Lawrence Lessig, professeur à la Harvard Law School, « ce que le film ne montre pas, c’est comment Facebook est devenu la plus importante plateforme sociale et économique de notre histoire ». Quand on lit les interviews de Aaron Sorkin, qui déclare ne « pas être vraiment fan d’Internet », on se demande si The Social Network ne serait pas finalement une revanche des médias traditionnels et d’Hollywood sur les nouveaux médias et Internet.

Un colosse aux pieds d'argile

Le film sort à un moment où l’image de Facebook est déjà abimée par les polémiques autour de la vie privée. La révélation de la face sombre du réseau social et de son créateur aura-t-elle un impact ? Pour tenter de détourner l’attention médiatique, Facebook a mis en place une stratégie de communication très classique. Mark Zuckerberg a fait une apparition dans l’émission télévisée d’Oprah Winfrey le 24 septembre dernier pour annoncer la création d’une fondation, Startup: Education qui investira plus de 100 millions de dollars dans l’éducation et dans les écoles publiques de Newark (New Jersey).
 
Facebook fournit une illustration numérique des analyses d’Ervin Goffmann sur la « présentation de soi » avec 500 millions de personnes qui contrôlent l’impression qu’ils donnent aux autres à travers leurs profils. Mais ironiquement c’est le cinéma qui vient contrarier le profil au storytelling parfait d’un jeune homme qui voulait simplement construire un social network pour « faire du monde un endroit plus ouvert en aidant les gens à se connecter et à partager ».

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