La bande dessinée en France : abondance de titres, pénurie de revenus

La bande dessinée en France : abondance de titres, pénurie de revenus

Multiplication des parutions, reconnaissance du genre, essor du transmédia, mais aussi recul des ventes et baisse des revenus des auteurs : où va la bande dessinée ?

Temps de lecture : 10 min

Parmi les secteurs éditoriaux, celui de la bande dessinée est l’un de ceux qui a connu le plus de mouvements depuis vingt ans. L’analyse des principaux indicateurs économiques souligne l’existence de transformations qui affectent toutes les dimensions du marché. État de la production, structure industrielle, adaptations sur d’autres supports, développements numériques : quel est le visage du marché de l’édition de bande dessinée aujourd’hui ?

Une situation de surproduction ?

Jusque dans la seconde moitié des années 1990, la production de bande dessinée restait limitée à environ 500 nouveautés par an. Structuré autour d’une vingtaine de maisons d’édition, le marché était pour l’essentiel tiré par la jeunesse et quelques séries vedettes. Un véritable tournant se produit à partir de 1995, où une augmentation très importante de la production et des ventes est observée. Longtemps soutenue par les magazines et les revues spécialisées, l’économie de la bande dessinée bascule progressivement du secteur de la presse vers celui du livre. Selon Fabrice Piault, rédacteur en chef adjoint du magazine Livres-Hebdo, cette progression continue du marché s’explique par plusieurs facteurs : la professionnalisation de la chaîne du livre, le renouvellement du lectorat, l’élargissement de l’offre proposée et la reconnaissance culturelle de la bande dessinée(1).
 
lecteur de mangaBien que les frontières soient parfois floues, il est d’usage de diviser le marché de la bande dessinée en quatre genres : franco-belge, manga, comics et roman graphique. Tous genres confondus, le nombre de publications annuel a presque quadruplé depuis quinze ans, passant de 1137 nouveautés en 2000 à 3946 en 2014. Les mangas, principalement traduits du japonais, ont connu une croissance spectaculaire tout au long de la décennie et atteignent maintenant un niveau de production équivalent à celui du format classique de l’album franco-belge. Loin derrière ces deux catégories de publications, viennent ensuite les comics, de tradition américaine, ainsi que les romans graphiques, qui peuvent être définis comme des « bandes dessinées d’auteur au format livre »(2). Ainsi envisagé, le secteur de la bande dessinée recouvre de grandes aires culturelles, ce dont témoignent les œuvres traduites, très majoritairement importées du Japon et des États-Unis.
 
Dans le même temps, cette croissance fulgurante de la production s’est accompagnée d’une augmentation des recettes du secteur : 29 millions d’exemplaires étaient écoulés en 2001 contre 32 millions en 2013, si bien que le chiffre d’affaires passait sur la période de 230 à 364 millions d’euros(3). Représentant désormais 10 % des ventes de livres, la bande dessinée voit ses revenus dominés par le genre franco-belge, qui concentre 62 % des ventes en volume (pour 71 % des recettes), devant les mangas (32 % des ventes en volume pour 21 % des recettes) et les comics (6 % des ventes en volume pour 8 % des recettes)(4). Toutefois, des difficultés liées à la situation de surproduction et au tassement du marché sont apparues ces dernières années. Pour Xavier Guilbert, auteur d’une Numérologie annuelle consacrée au 9e art, « le marché conjugue deux dynamiques opposées, se trouvant sur une pente descendante en volume, et enregistrant une progression inverse en valeur. »(5) Autrement dit, les indicateurs économiques montrent qu’à partir de la seconde moitié des années 2000, le nombre d’exemplaires vendus ne cesse de diminuer, alors que, paradoxalement, le chiffre d’affaires du secteur continue de progresser. Pour expliquer ce phénomène, Xavier Guilbert invoque l’appréciation du prix moyen des albums, qui a bondi de 25 % depuis 2005, avec la mise sur le marché de nouveaux formats comme les romans graphiques, les intégrales ou les publications luxueuses accompagnées d’importants dossiers de documentation.
 
En 2014, l’institut GFK relève que, dans un contexte de baisse du marché du livre, le secteur de la bande dessinée connaît un recul de 2 % de son activité, en partie imputable à la parution du dernier volume d’Astérix l’année précédente. Comme toujours, des séries célèbres sortent du lot et concentrent la majeure partie des ventes, comme Blake et Mortimer, Le Chat, Largo Winch, Astérix, Cédric, XIII, Les Légendaires ou encore Lucky Luke, ainsi que des œuvres d’auteurs établis et récompensés dans des festivals (Jacques Tardi, Riad Sattouf, Zep ou Manu Larcenet). Tandis que le segment du manga marque un léger recul (-1,1 %), celui des comics, porté par des séries comme Walking Dead ou Batman, s’appuie sur une excellente marge de progression, avec une hausse de 18 % de ses recettes cette année-là. Alors que le marché pris dans son ensemble montre des signes de fébrilité, les bandes dessinées américaines apparaissent depuis quelques années comme des relais de croissance intéressants.
 
Le secteur de la bande dessinée propose donc une offre de plus en plus abondante, dont l’absorption par le marché se heurte aujourd’hui à la réduction des tirages et à la baisse des ventes moyennes. Un argument souvent avancé souligne les effets pervers des stratégies menées par les grands groupes éditoriaux qui répondent à l’essoufflement des ventes en publiant davantage de titres. D’autres observateurs évoquent plutôt la multiplication du nombre de maisons d’édition depuis quinze ans. Quoi qu’il en soit, cette situation n’est pas sans conséquences sur l’ensemble de la filière. Comme l’avance le scénariste et écrivain Benoît Peeters, l’économie de la bande dessinée « est fragilisée par une offre qui dépasse largement la demande » et « le résultat, nous le connaissons : des auteurs précarisés, des éditeurs fragilisés, des libraires débordés, des lecteurs désorientés. » 
 
 Il devient impossible de présenter en librairie l’ensemble de l’offre disponible 
Ainsi, il devient impossible de présenter en librairie l’ensemble de l’offre disponible, si bien que les titres connaissent des rotations très rapides et que les coûts de manutention et de gestion éloignent les libraires de leur cœur de métier. Pour beaucoup d’auteurs, la surproduction implique également un manque de visibilité dans les médias et les lieux de vente, ainsi qu’une dégradation des conditions de leur rémunération, avec une baisse des avances et des droits qu’ils perçoivent. La question de leur niveau de vie est revenue sur le devant de la scène depuis l’annonce de la réforme du Régime des artistes auteurs professionnels (RAAP), dont l’entrée en vigueur est prévue pour le 1er janvier 2016(6).

Un marché dominé par quelques maisons d’édition

Les années 1980 et 1990 ont lancé un mouvement de concentration éditoriale qui a bousculé le paysage de la bande dessinée. Avec la fragilisation de la transmission par la famille du pouvoir et du patrimoine des entreprises, les opérations d’acquisition se multiplient et des groupes d’envergure se constituent, dont les activités se déploient également dans la diffusion-distribution et la production d’autres types de contenus culturels (audiovisuel, presse, jeu vidéo, numérique). Aujourd’hui, le secteur se présente comme un oligopole à frange, typique des industries culturelles, avec une poignée de grosses structures qui captent l’essentiel des revenus et une multitude de petites entreprises aux parts de marché très faibles(7). Plus précisément, cinq entités dominent l’économie de la bande dessinée et concentrent 77 % des exemplaires vendus(8) :
 
-     le groupe franco-belge Média-Participations, qui pèse à lui seul 27,3 % du marché, occupe la première position. Fondé en 1985 autour de maisons d’édition religieuses par l’avocat d’affaires et homme politique Rémy Montagne, le groupe rassemble maintenant des éditeurs de bande dessinée pour la plupart historiques (Dargaud, Le Lombard, Dupuis, Lucky Comics, Editions Blake et Mortimer, Kana, Urban Comics, Marsu, etc.), des studios d’animation et de jeu vidéo, ainsi que des structures de diffusion-distribution ;
-     créées en 1986 par Guy Delcourt, les éditions Delcourt, qui possèdent notamment Tonkam, Soleil Productions et la société de diffusion Delsol, représentent 16 % du marché ;
-     actif depuis 1969, l’éditeur Glénat, avec Vents d’Ouest, Mad Fabrik et 12 bis, capte 15,6 % des ventes du secteur ;
-     le groupe Hachette, leader de l’édition française, dispose de quelques marques porteuses dans le domaine de la bande dessinée (Pika, Editions Albert René) dont le poids correspond à 11,5 % des exemplaires écoulés ;
-     enfin, le groupe Madrigall, né en 2012 de l’acquisition par Gallimard des éditions Flammarion, représente près de 7 % du marché, avec des structures comme Casterman, Futuropolis, Sakka et Fluide Glacial.
 
Derrière ces géants de l’édition, on trouve une douzaine d’entreprises de taille intermédiaire (Bamboo, Jungle, Kurokawa, Ki-oon, Panini, Ankama, Kazé/Asuka, Les Humanoïdes Associés, etc.) qui réalisent entre 4 % et 0,30 % des ventes d’exemplaires selon les cas. Composée de plus de 300 éditeurs, la frange de l’édition se partage le reste du marché, c’est-à-dire 5,29 % des ventes. Il s’agit de petits éditeurs de bande dessinée, éventuellement focalisés sur un genre, ou encore de maisons d’édition engagées dans d’autres secteurs (jeunesse, littérature, pratique) et publiant de la bande dessinée de façon plus occasionnelle. Signalons que la décennie 1990 a été marquée par une vague de création de maisons d’édition indépendantes, spécialisées dans la bande dessinée alternative et parfois organisées autour de collectifs d’auteurs (L’Association, les Requins Marteaux, Cornelius, Amok et Fréon, ego comme x)(9).

L’édition à 360 degrés

Lecteur de comicsAu-delà de la profusion, à partir des ann&eeacute;es 2000, des adaptations d’œuvres américaines pour l’essentiel tirées de récits de super-héros, vingt-deux bandes dessinées issues de la production francophone ont fait l’objet d’une adaptation audiovisuelle en 2014, donnant lieu à des films, des téléfilms et des séries d’animation destinées à la télévision(10). En plus des revenus générés par la revente des droits, les maisons d’édition bénéficient d’une visibilité accrue pour leurs titres et d’un effet positif sur les ventes des œuvres originales.
 
Certains groupes mènent des stratégies transmédia, c’est-à-dire que l’exploitation de bandes dessinées est envisagée à travers plusieurs supports. Dans le cadre d’une « édition à 360 degrés », l’œuvre originale est susceptible d’être déclinée sous une forme audiovisuelle, sur supports numériques et interactifs, mais aussi de donner lieu à des produits dérivés et à des partenariats avec des marques. Dans les années 1980-1990, la série de mangas Dragon Ball, dont le succès a été spectaculaire, reste emblématique de cette volonté de multiplier les passerelles entre différents biens culturels. Le groupe Media-Participations, qui exploite le potentiel économique de séries issues du patrimoine de la bande dessinée (Les Schtroumpfs, Les aventures de Tintin, Bécassine, Boule et Bill, Garfield, Lucky Luke, etc.), s’appuie sur ses propres studios de production et de distribution de films d’animation (Ellipsanime, Dargaud Media, Belvision, Citel, Storimages, etc.), si bien que 1 500 heures de programmes d’animation pour la télévision avaient été produits en 2011 et que l’audiovisuel représentait cette année-là 17 % de son chiffre d’affaires.
 
Les adaptations fonctionnent aussi dans l’autre sens, avec des déclinaisons en bande dessinée d’œuvres littéraires, véritable tendance dans la période récente, mais surtout de jeux vidéo, de films, de programmes télévisés ou de compétitions sportives. C’est ainsi que des maisons d’édition exploitent des licences portant sur des univers dont le succès s’est construit en dehors de la bande dessinée (Disney, Star Wars, World of Warcraft, Game of Thrones, etc.). Il peut même s’agir d’un domaine de spécialisation, par exemple pour les éditions Jungle qui multiplient depuis douze ans les adaptations (Les Simpson, Caméra Café, Le Tour de France, Les Bleus, Bob l’Éponge, Scooby Doo, L’Âge de Glace, etc.). À l’inverse, il arrive que des acteurs extérieurs à l’édition lancent leur propre structure éditoriale, comme le studio de jeux vidéo Ubisoft, qui a créé en 2009 les éditions Les Deux Royaumes pour exploiter l’univers d’Assassin's Creed et des Lapins Crétins. Devenant à son tour un produit dérivé, la bande dessinée n’est alors plus placée au centre du système de production et se situe dans le sillage d’autres industries culturelles.

L’enjeu du numérique

Internet fonctionne d’abord comme un réservoir pour découvrir ou tester des auteurs, que ce soit à travers des plateformes de publication (Tapastic, BD Jeune Création, Delitoon) ou des blogs dont le contenu est ensuite susceptible de faire l’objet de déclinaisons en format imprimé. L’offre d’information en ligne a également explosé, avec un large éventail de sites d’actualités, de forums de discussion et de communautés de lecteurs. Au niveau des revues de création, des initiatives sont menées avec plus ou moins de succès, comme Mauvais Esprit, Spirou.Z, Professeur Cyclope ou La Revue Dessinée dont le lancement a été possible suite à une campagne de financement participatif.
 
 Le numérique reste marginal sur le marché de la bande dessinée 
Parallèlement aux librairies en ligne généralistes, les plateformes de diffusion de bandes dessinées numériques ont eu tendance à se multiplier ces dernières années (AveComics, Sequencity, bdBuzz, digiBiDi, etc.), n’hésitant pas à miser sur une diversification des modes de consommation et de commercialisation (téléchargement, abonnement, streaming, pay-per-read). Sur ce terrain, l’américain ComiXology, porté par la simplicité de son dispositif de lecture « case-à-case » (guided view), fait figure de leader mondial et a été racheté en 2014 par Amazon. Suite à l’arrivée de ComiXology en France, la plateforme Izneo, fondée par douze maisons d’édition francophones, a passé un accord avec Numilog en 2013 afin de renforcer son catalogue et de donner accès à l’essentiel de la production numérique de langue française. Toutefois, le numérique reste marginal sur le marché de la bande dessinée et se confronte, dans un contexte où l’offre légale est limitée et parfois éclatée entre les applications et les plateformes, au développement du piratage(11) et au phénomène du scantrad(12).

Les États généraux de la bande dessinée

En vingt ans, le marché de la bande dessinée s’est considérablement développé, sortant de la marginalité où il était jusque-là confiné. Au niveau des maisons d’édition, le phénomène de concentration s’est accompagné d’une professionnalisation et d’une rationalisation des pratiques. Du manga au roman graphique en passant par les comics, les intégrales, les bandes dessinées de reportage et de témoignage, l’heroic fantasy, les reprises de blogs ou encore les adaptations littéraires, de nombreuses tendances éditoriales ont porté une production toujours croissante, de plus en plus diversifiée et susceptible d’investir de multiples supports (audiovisuel, jeu vidéo, numérique, produits dérivés, etc.).
 
Cependant, un certain malaise domine actuellement du côté des professionnels du secteur. Pointés du doigt, la situation de surproduction et le tassement du marché posent des difficultés sans précédent et fragilisent le niveau de vie des auteurs. Aux inquiétudes portant sur la paupérisation de la création, s’ajoutent celles liées aux effets de la mondialisation, aux incertitudes qui entourent le numérique et aux attaques dont le droit d’auteur fait l’objet. Pour faire face à ces enjeux et tenter d’apporter des éléments de réponse, des États généraux de la bande dessinée ont été lancés en octobre 2014 lors du festival Quai des bulles de Saint-Malo, à l’initiative d’un collectif d’auteurs. Rassemblés pour une première session à l’occasion de la 42e édition du festival d’Angoulême, les participants ont dévoilé les fondements de leur action, articulée autour de la production d’un cahier de doléances et d’une série d’études scientifiques présidées par un comité d’universitaires(13), qui doivent servir de bases à l’élaboration de solutions concrètes. L’issue de ces débats permettra-t-elle de changer l’avenir du marché de la bande dessinée ? Difficile à dire aujourd’hui, mais le malaise est profond et il apparaît nécessaire d’en sortir.

--
Crédits photos
École de bande dessinée. Actualitté / Flickr
Manga reader. Worapol Sittiphaet / Flickr
Les pieds nickelés. Louis Forton / Wikimedia Commons
Comic Book Struck. Nawal Al-Mashouq / Flickr
(1)

« L’édition et le marché de la bande dessinée en France : un état des lieux », in L’état de la bande dessinée, Vive la crise ?, Les Impressions Nouvelles, 2009, p.11-20. 

(2)

BD, mangas et comics : différences et influences, Jean-Paul Gabilliet, Hermès, n°54, 2009/2, p.37. 

(3)

Données issues des dossiers annuels Livres Hebdo/Ipsos. 

(4)

Institut GFK, chiffres de 2013. 

(5)

Numérologie, une analyse du marché de la bande dessinée, édition 2014, du9 / Éditions H, Xavier Guilbert, p.44 

(6)

Cette réforme impose aux artistes et auteurs professionnels une cotisation annuelle de 8% de leurs revenus pour financer leur retraite complémentaire. 

(7)

Françoise Benhamou, L'Économie de la culture, La Découverte, 2003. 

(8)

Il s’agit du nombre d’exemplaires vendus, exprimé en pourcentage par rapport à l’ensemble du marché. Chiffres Livres Hebdo/Ipsos pour l’année 2013 portant sur la France métropolitaine, cités en annexe de 2014, l’année des contradictions, Rapport sur la production d’une année de bande dessinée dans l’espace européen francophone, Gilles Ratier, ACBD.

(9)

La bande dessinée en dissidence, Alternative, indépendance, auto-édition, sous la direction de Christophe Dony, Tanguy Habrand et Gert Meesters, Presses Universitaires de Liège, Collection ACME, 2014. 

(10)

2014, l’année des contradictions, Rapport sur la production d’une année de bande dessinée dans l’espace européen francophone, Gilles Ratier, ACBD. 

(11)

Selon l’étude « EbookZ 3 » du MOTif publiée en 2012, la bande dessinée constitue à ce jour la catégorie éditoriale la plus piratée.  

(12)

Le scantrad est une pratique qui concerne surtout l’univers du manga et qui consiste pour des fans, souvent réunis en équipes, à numériser, traduire et diffuser illégalement des œuvres en ligne. 

(13)

Bernard Lahire, Thierry Groensteen, Nathalie Heinich, Pascal Ory, Eric Maigret, Jean-Pierre Mercier et Thomas Paris

Ne passez pas à côté de nos analyses

Pour ne rien rater de l’analyse des médias par nos experts,
abonnez-vous gratuitement aux alertes La Revue des médias.

Retrouvez-nous sur vos réseaux sociaux favoris