AveComics, un mini ComiXology à la française ?

Créée par Aquafadas, société montpelliéraine spécialisée dans les logiciels d'édition numérique et vidéo, AveComics est sans le moindre doute l'impulsion la plus audacieuse – car l'une des plus précoces et la plus évoluée du point de vue technologique – dans le champ de la BD numérique francophone payante. Aquafadas n'en était pas à son premier coup d'essai sur le terrain de la BD pour nouveaux supports : la société avait proposé, dès 2006,
MyComics, application pour la lecture de bande dessinée en mode nomade.
AveComics se positionne depuis ses débuts sur tous les fronts, en cherchant à être présent sur les terminaux mobiles. En 2009, l'iPhone n'ayant pas encore atteint l'ampleur d'un phénomène de masse, et les tablettes tactiles n'ayant pas encore vu le jour, AveComics a présenté un programme de lecture pour iPod. Dès 2010, l'application a pu évoluer et surfer sur l’adoption de l'iPhone pour gagner en puissance. Couvrant, avec ses outils propres, les systèmes WebOS, iOS ou encore Android, AveComics mise également sur des canaux partenaires pour offrir un relais puissant à ses titres, qui sont ainsi proposés au format ePub ou .AVE
via des librairies en ligne comme celle de la FNAC. À la suite du
rachat d'Aquafadas par Kobo, fabricant canadien de liseuses et tablettes, en octobre 2012, AveComics bénéficiera bientôt d'une fenêtre d'exposition supplémentaire, la plateforme
KoboBooks, dont la version internationale KoboBooks.com vise un public de quelque 10 millions d'utilisateurs.
Présentation de l'application AveComics
Si AveComics est souvent présenté comme l'une des grandes forces motrices de la BD numérique francophone, c'est aussi pour son incursion sans limites dans le champ des possibilités technologiques. En proposant, pour grand nombre de ses titres, des fonctionnalités son et vidéo, sur la base d'une lecture dynamique case par case, AveComics se fait le pendant, pour son audace, des champions
made in USA que sont
Marvel et
DC Comics. Le projet développé par Aquafadas présente par ailleurs l'intérêt d'une logique multi-écrans, à l'image de la solution proposée par Amazon sur son Kindle : l'utilisateur peut aisément passer de son ordinateur à son smartphone ou à sa tablette, et inversement, en reprenant sa lecture exactement là où il l'a laissée.
En se démarquant comme l'entité qui a réussi à rallier le plus grand nombre d'éditeurs – un peu plus de 80 –, AveComics mérite d’être comparé au géant incontesté du marché américain,
ComiXology, plateforme de distribution incontournable pour les
comics. Outre des partenariats avec des maisons de taille intermédiaire comme Soleil et Marsu Production, AveComics a convaincu des grands noms du secteur, en tête desquels Glénat, Casterman et Les Humanoïdes Associés. À la veille du Festival d'Angoulême 2013, Allison Reber, directrice de la communication d'AveComics, annonçait par ailleurs
le souhait de « se développer à l’international et proposer de nouveaux formats », confirmant ainsi l'ambition de consolider son statut de modèle pour la diffusion de la BD dématérialisée. Si le manga n'est pas encore à l'ordre du jour, la marque met d'ores et déjà en avant une offre en anglais, alimentée notamment par un partenariat avec l'éditeur américain Top Cow, fournisseur de titres porteurs comme
Teen Wolf,
Speed Racer ou
Wanted.
Sur la base de ces partenariats, AveComics réussit à proposer aujourd'hui
un catalogue de plus de 2 000 titres. Si ce chiffre signale un progrès certain depuis le lancement de la plateforme, qui se résumait à une centaine d'albums en 2009, et de ses outils associés, il place AveComics bien en retrait d'un autre acteur du secteur, Izneo, qui a développé une offre bien plus large avec l'appui d'un nombre restreint d'éditeurs.