Une logique du branding international
Dans les années 2000, la promotion de la Suède à l’étranger a été intégrée à la politique d’exportation du pays : à travers la promotion de la marque, des symboles et des images de la Suède, on a tenté de renforcer la position des produits suédois sur le marché mondial. Sous la houlette de Olle Wästberg, directeur général de 2005 à 2010, l’Institut suédois a mis les concepts anglais de Public Diplomacy et de Nation Branding au centre de sa stratégie. Wästberg a déclaré l’intention de faire de l’Institut suédois une véritable « boîte de communication », capable d’agir sur l’internet, devenu la principale forme de communication internationale.
C’est l’année 2007 qui marque la première percée suédoise en matière de diplomatie numérique. Après les élections parlementaires de 2006, l’ancien premier ministre Carl Bildt est devenu ministre des affaires étrangères. Carl Bildt qui, en 1994, avait envoyé un courriel au président américain Bill Clinton – le premier exemple de correspondance électronique entre deux chefs de gouvernement – fut l’un des pionniers internationaux de l’usage d’un compte personnel sur Twitter. En mai 2007, il a inauguré l’ambassade de Suède sur Second Life, une plateforme virtuelle. Produite par l’Institut suédois, cette copie virtuelle de la Maison de Suède de Washington est vite devenue un exemple de la « proactivité » suédoise en matière de visibilité numérique, avec ses activités – interaction et communication - ses célébrations virtuelles des fêtes nationales suédoises comme le Midsommar (solstice d’été) et Lucia (fête de la Sainte Lucie), auxquelles les visiteurs pouvaient participer. Après deux ans, l’Institut suédois a arrêté ses engagements dans Second Life, mais l’Ambassade virtuelle est restée ouverte ; dès lors, c’étaient les usagers de la plateforme eux-mêmes qui y organisaient les activités.
Pour Wästberg, un point-clé résida dans les possibilités offertes par la mondialisation, ce qui représentait une continuité avec l’histoire suédoise : le pays avait profité de la vague de mondialisation créée par l’industrialisme à partir des années 1870, puis avec la mondialisation du commerce international survenue dans les années 1950. Afin de pouvoir gérer la nouvelle mondialisation des années 2000, où la production est devenue mobile, passant de la production industrielle à la production des services et de l’information, « nous devons construire la marque suédoise », a-t-il déclaré à plusieurs reprises. Ici, le Web occupait une place considérable. Constatant, dans son rapport annuel de 2010, que « la communication numérique devient de plus en plus importante comme moyen de diffuser l’information sur le pays », l’Institut suédois a suivi de près l’évolution de l’usage d’internet. Il a formulé une nouvelle stratégie numérique, pour devenir un véritable acteur du Web 2.0, avec le but d’engager les internautes et de créer des relations avec certaines cibles privilégiées : intellectuels, décideurs, experts, ainsi qu’un public curieux, progressiste et innovateur.
La présence et la visibilité dans ces espaces étaient une façon de démontrer ce que la Suède étaitsur Internet
En 2011, les événements du « Printemps arabe » ont provoqué une série de débats sur l’usage des médias sociaux - Facebook et Twitter en particulier - dans les processus de démocratisation et de participation citoyenne. Le gouvernement suédois s’est rapidement aligné avec les avocats des nouvelles technologies.Alors que les services offerts par le site officiel Sweden.se ont été ouverts à de nouveaux publics, notamment avec le lancement du site en chinois et en arabe, les activités visant un public occidental – surtout anglophone et jeune – ont été diversifiées sur toute une série de plateformes. Ici, les médias sociaux sont devenus centraux. D’un côté, les blogs, Facebook et Twitter ont fait de la publicité, pour informer les internautes des événements et manifestations culturels suédois autour du monde. De l’autre côté, la présence et la visibilité dans ces espaces étaient en soi une façon de représenter la Suède, de démontrer sur Internet ce que la Suède était.