Une invitation au voyage
Le cinéma et les séries sont parmi les premiers vecteurs du désir de voyage, comme a pu l’expliquer l’anthropologue Marc Augé dans ses ouvrages (comme L’impossible voyage, Rivages, 1997, 187 p.). Plusieurs études anglo-saxonnes ont essayé de mesurer, avec plus ou moins de succès, l’impact d’un film sur l’attractivité touristique d’un lieu : la société TCI Research a ainsi estimé en 2012 que 40 millions de touristes seraient directement influencés chaque année par un film (soit près de 4 % des touristes internationaux), tandis que pour Oxford Economics, en 2010, ce seraient 10 % des voyages au Royaume-Uni qui auraient été motivés par l’attrait d’un long-métrage. Les pays et les territoires se saisissent avec plus ou moins de bonheur de cette opportunité, organisant des campagnes de promotion en parallèle de la sortie d’un film, des applications, des ciné balades… Mais beaucoup, en France, reste à faire – en partie parce que, à l’image de Paris, le cinéma ne représente qu’une partie des nombreuses propositions qui attirent les touristes étrangers, aux côtés de tous les autres régimes d’informations (publicité, mode, sport etc.).
Pour autant, le cinéma correspond à une forme de promotion particulièrement contemporaine, par la narration, à l’heure où le
storytelling est appliqué à tous les objets. Le cinéma, la série, sont des vecteurs de diffusion d’images (donc de territoires) naturellement narratifs. D’ailleurs, le spectateur ne s’y trompe pas : comme pour le placement de produit, les films trop artificiellement touristiques sont montrés du doigt pour leur manque d’authenticité. Il n’en demeure pas moins que les sites bien identifiés dans un film, bien mis en valeur par la collectivité, peuvent générer un afflux touristique a posteriori : le musée du Louvre avait constaté un afflux de touriste très net après la sortie du
Da Vinci Code, et des tours dédiés avaient été organisés pour satisfaire les attentes des visiteurs.
Le succès de l’attractivité de la France en matière de tournage est une bonne nouvelle pour l’économie nationale et pour les filières locales spécialisées : studios de tournage, producteurs d’animation et d’effet spéciaux, mais aussi de jeu vidéo, paysages et sites touristiques, bénéficient de ce regain. Pour autant, un déficit d’attractivité reste présent sur les gros blockbusters, et la concurrence reste rude du côté des pays étrangers, en particulier au Royaume-Uni grâce à son tissu de studios modernes et occupés. La fiscalité mouvante des pays concurrents rend fragile cette position de force récemment gagnée, rappelant qu’en termes d’industrie du cinéma, rien n’est jamais définitivement acquis.
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Crédits photos :
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Tournage à Paris]. inFocusDC/
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Caméra]. yvonnestewarthenderson/
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Entrée du Louvre]. serts/
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