Un cinéma ancien au renouveau récent
Le cinéma danois est pourtant mal connu. Il connaît une première grande période à l’époque du cinéma muet, notamment autour de l’œuvre de Carl Theodor Dreyer (
Le Maître du Logis, 1925 ;
La passion de Jeanne d’Arc, 1928 ;
Ordet, 1955 ;
Gertrud, 1964) ou des succès de l’actrice Asta Nielsen (
L’abîme, 1910). Ce sont surtout les productions du studio Nordisk Films qui s’exportent particulièrement bien, notamment grâce à un bureau à New York, la
Great Northern Film Company.
Mais l’avènement du parlant dans les années 1930 ressert le cinéma danois sur son marché domestique. Les premières aides publiques se développent à partir de 1964, et soutiennent peu à peu une industrie qui connaît quelques succès publics et critiques, comme les films de Bille August (
Pelle le Conquérant, 1987) et de Gabriel Axel (
Le Festin de Babette, 1987) respectivement lauréats de la Palme d’or au Festival de Cannes et de l’Oscar du meilleur film étranger. Une seconde période faste s’enclenche dans les années 1990, autour des cinéastes du Dogme95 (caméra portée, son en prise directe, refus d’esthétisme) en particulier Lars von Trier et Thomas Vinterberg dont les films reçoivent plusieurs prix (
Les Idiots pour le premier,
Festen pour le second). Cela confirme le lancement de carrière de ces deux cinéastes et de quelques autres, même si les films du Dogme restent en général distribués de manière assez confidentielle.
Aujourd’hui, le cinéma danois peut se targuer d’auteurs reconnus internationalement, parmi lesquels Lars von Trier (Europa, 1991 ; Breaking the Waves, 1996 ; Nymphomaniac, 2014), Thomas Vinterberg (Festen, 1998 ; The Hunt, 2012), Suzanne Bier, oscarisée en 2011 pour In a Better World (After the Wedding, 2006 ; Revenge, 2011) et Nicolas Winding Refn (Pusher, 1996 ; Bronson, 2009; Drive, 2011 ; Only God Forgives, 2013). Plusieurs d’entre eux (Trier, Bier) passent régulièrement par le cinéma anglo-saxon ou francophone, et Refn oriente même sa carrière vers le cinéma américain.
Sidse Babett Knudsen (Borgen)
Le cinéma danois est aussi popularisé par quelques acteurs emblématiques, en particulier Mads Mikkelsen (vu dans Casino Royal, Mickael Koolhas, ou dans la série Hannibal), mais aussi par Sidse Babett Knudsen, actrice emblématique de la série Borgen, ou encore Nikolaj Coster-Walda, connu pour son rôle de Jaime Lanister dans la série de HBO Game of Thrones. Cette internationalisation des talents nationaux n’est pas exclusive au cinéma danois, mais contribue à affermir sa puissance et à accroître son rayonnement. La célébrité internationale de l’acteur, acquise grâce à son rôle phare dans l’épisode renouveau de la franchise James Bond, Casino Royal (Campbell, 2006), est-elle à mettre au crédit du succès du cinéma danois ?