Un défi : s’approprier les méthodes du marketing online
Face à l’individualisation de la consommation télévisuelle, recréer du lien social, partager une expérience, des informations et des émotions autour d’un programme, est devenu une quête pour les téléspectateurs de l’ère digitale.
C’est pourquoi les acteurs économiques de l’audiovisuel vont devoir adapter leur approche du consommateur et faire preuve d’écoute (co-création avec les publics), en s’appuyant sur la puissance des médias sociaux pour mieux distribuer les contenus et diriger l’attention. Ils devront aussi développer de nouveaux modèles économiques sans pénaliser les revenus actuels. À l’heure des bases de données comportementales, des pages fans sur Facebook et du marketing ultra-ciblé, la « CRMisation » (Customer Relationship Management / Gestion de la Relation Client) des médias est en marche : « Dis-moi qui tu es et ce que tu aimes pour qu’en échange je te propose les meilleurs contenus en affinité avec tes goûts ! »
En télévision, le nouveau processus de création et de distribution des contenus est basé sur une relation continue avec les téléspectateurs. En permanence, le public est invité à co-créer des contenus avec le producteur ou la chaîne de télévision.
Si « l’écoute » et le « marketing promotionnel » sont les clés du succès de la relation client traditionnelle, cette dernière se doit d’évoluer avec la prise en compte des réseaux sociaux et des nouveaux outils de communication (smartphones, tablettes, 3D, …) en faisant entrer un troisième pilier : « le community management ».
De fait, « l’écoute », le « marketing promotionnel » et le « community management » constituent ensemble les trois piliers de la relation en Social TV :
- L’Écoute est la capacité à étudier les besoins, à comprendre les usages, à analyser les conversations et à éditorialiser les contributions ;
- Le Marketing promotionnel vise à engager des actions de communication ciblées pour impliquer les influenceurs TV et viraliser les contenus par la recommandation entre téléspectateurs ;
- Le Community Management permet de fidéliser par l’interactivité et de valoriser les publics.
Une fois ces trois facteurs mis en place, ils se complètent naturellement et bouclent ensuite de manière vertueuse et itérative.
Pour les acteurs de la Social TV et de la chaîne de production audiovisuelle, il s’agit donc de prendre en compte l’avis des téléspectateurs (« l’écoute ») afin de mettre en place des actions ciblées adaptées (« le marketing promotionnel »). Les chaînes cherchent à transformer leurs téléspectateurs en « télé-acteurs », favorisant ainsi la co-création puis la circulation des contenus enrichis par le(s) public(s). Comme le poste de télévision n’est plus l’unique réceptacle des programmes télévisuels, les professionnels doivent donner une dimension interactive et sociale à leurs contenus afin de les rendre consommables, et surtout transmissibles, quels que soient le canal de diffusion et l’écran de consommation.
Enfin, ces piliers, et plus particulièrement les réseaux sociaux, permettent de poursuivre le dialogue avec les téléspectateurs après la diffusion hertzienne d’un programme, en continuant à le faire vivre sur d’autres canaux de diffusion. L’objectif est d’aller à la rencontre des téléspectateurs sur tous les écrans et de les fidéliser par de nouveaux services. Le danger est cependant de « fatiguer » le téléspectateur en étant trop intrusif et en n’adaptant pas suffisamment les messages et contenus, d’où l’importance d’une gestion accrue de la relation client et des canaux de diffusion.
Par leur interactivité native, les terminaux numériques connectés engagent à la fois les consommateurs et les acteurs de l’audiovisuel dans la voie de la Social TV. Dans cet environnement de contenus et services innovants, en perpétuel renouvellement, la clé du succès de la TV 2.0 sera donc la capacité des professionnels de la télévision à dialoguer avec les publics afin de mieux anticiper leurs besoins et d’en faire leurs clients ambassadeurs.
Les éditeurs de chaînes, mais aussi l’amont et l’aval de la chaîne de valeur, comme les producteurs audiovisuels et les distributeurs de bouquets TV, ont devant eux la possibilité de devenir de nouveaux infomédiaires. Celui qui « écoute » et « parle » avec le téléspectateur est amené à prendre le contrôle de ces logiques bidirectionnelles et multi-écrans, fondatrices d’une nouvelle économie pour l’industrie audiovisuelle. Ainsi, avec la Social TV, nous passons progressivement d’une économie de l’attention à une économie de l’engagement.
---
Crédit photo :
Feeding The Puppy