Pour La Bataille de l'Elysée, trois équipes de tournage suivent au plus près les candidats.

Pour La Bataille de l'Elysée, trois équipes de tournage suivent au plus près les candidats.

© Crédits photo : CAPA/TF1 ; Justine Babut

La télé n'attend plus l'élection pour montrer les coulisses de la campagne

TF1 propose un format inédit : un docu-feuilleton en quatre épisodes à l’intérieur des équipes des principaux candidats à l'élection présidentielle. Et ce, avant même le premier tour.

Temps de lecture : 4 min

Lundi 17 janvier, en deuxième partie de soirée, TF1 a diffusé le deuxième numéro de La Bataille de l’Elysée, un documentaire qui doit se décliner en quatre parties autour des principaux candidats à la présidence de la République. Si les documentaires politiques retraçant une campagne sont devenus des passages obligés pour les chaînes, et si celles-ci accèdent plus ou moins facilement aux coulisses d'une présidentielle, c’est la première fois que ces tournages sont diffusés avant le premier tour, en plein « work in progress ». « Les candidats ont eu un peu peur au début lorsqu’on leur a exposé notre idée, se souvient le journaliste François-Xavier Ménage qui incarne la série à l’écran, mais tous les candidats nous ont dit oui et ont accepté de jouer franc-jeu. » 

Condition demandée par l’équipe de tournage : ne pas faire sortir les caméras cinq minutes après le début d’une réunion. « Mais c’est une bataille de chaque instant », sourit François-Xavier Ménage. Preuve en est, après le premier épisode regardé par 800 000 téléspectateurs – rediffusions sur LCI et replay compris –, deux équipes ont dit à la production qu’elles ne souhaitaient plus participer. Sans révéler de qui il s’agissait, François-Xavier Ménage confie que tout est toutefois rentré dans l’ordre et que les mécontents sont toujours suivis par les caméras de CAPA.

Réunions stratégiques et remontrances

C’est cette dernière, société de production filiale de Newen, elle-même filiale de TF1, qui est à l’origine de ce projet inédit. La productrice Amandine Chambelland raconte : « En mai dernier, la chaîne nous avait demandé de plancher sur une émission politique qui ne s’est finalement pas faite mais est arrivée l’idée de ce documentaire en quatre parties qui permettait à CAPA de renouer avec la tradition du grand reportage politique. » L’occasion aussi pour TF1 de diversifier son offre autour de la campagne et que tout ne repose pas sur la puissance du JT de 20 heures. Un choix en forme de suite logique presque cinq ans après la diffusion du documentaire Les coulisses d’une victoire, le film de Yann L’Hénoret, diffusé dès le lendemain de l’élection d’Emmanuel Macron en 2017.

« Aujourd’hui, à la télévision, à part Quotidien, il n’y a plus de suivi politique d’une campagne car les politiques n’aiment pas ça », souligne Amandine Chambelland. Avec cette Bataille pour l’Elysée, les amateurs de coulisses politiques sont donc servis. Les deux premiers épisodes ont ainsi montré comment se déroulait une réunion stratégique de Marine Le Pen, les remontrances de Patrick Stefanini, le directeur de campagne de Valérie Pécresse, à des équipes en régions, ou encore plus inédit, des échanges entre Eric Zemmour et Sarah Knafo, la directrice de campagne et compagne du candidat...

Avec pléthore de candidats, il a fallu ménager les susceptibilités. Jean-Luc Mélenchon, par exemple, a été averti en amont qu’il ne serait pas du premier épisode mais très présent lors du deuxième, davantage consacré à la gauche. Le troisième, où devraient apparaître des candidats moins bien placés dans les sondages, est programmé pour le 7 février. Le dernier sera diffusé juste avant l’application de la stricte égalité de temps de parole entre les candidats, qui entre en vigueur le 28 mars. D’ici là, Emmanuel Macron devrait être entré dans la course à sa réélection, une arrivée anticipée par les équipes de CAPA qui ont déjà reçu le feu vert de l’Elysée pour suivre le président sortant le moment venu…

Communication verrouillée 

Sur le terrain, trois équipes se relaient pour assurer un suivi au plus près des acteurs de la campagne et éviter de rater des moments clés. Chacune restant fidèle à son ou ses candidats, manière, estime la production, de créer des repères, voire des affinités, et donc de se faire ouvrir des portes plus facilement.

François-Xavier Ménage ne se contente pas de raconter le film, il est aussi mis à contribution et apparaît sur les images, parfois pour un entretien mais également pour des scènes sans dialogue pour faciliter les transitions. Un « truc » de réalisation : « Il nous permet de passer d’un endroit à un autre ou d’une personnalité à une autre, comme un fil rouge, explique Amandine Chambelland. Par ailleurs, le public de TF1 ne consomme pas forcément de la politique matin, midi et soir, il a besoin qu’on le prenne par la main, c’est aussi le rôle de François-Xavier, il aide à la compréhension. » 

Si TF1 et CAPA proposent un format inédit avec cette diffusion au fil de l’eau et surtout avant le résultat final, elles ne sont pas les seules sur le terrain à suivre les candidats à l’Elysée. De nombreuses équipes sont aussi à l’oeuvre. « Mais c’est devenu de plus en plus difficile d’avoir accès aux coulisses, regrette François-Xavier Ménage. Depuis 2007, il y a eu une glissade phénoménale avec toujours plus de consignes pour verrouiller la communication. » Pourquoi dès lors avoir accepté ? « Malgré leur inquiétude et le risque qu’ils puissent déplaire en plein milieu du processus, les candidats, pour la plupart, avaient ce souci de vérité et donc de nous montrer comment se passe leur campagne », explique Amandine Chambelland. Et après le scrutin ? La productrice espère « capitaliser sur ce projet pour éventuellement proposer un suivi au long cours » avec le ou la présidente de la République.

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