La télévision en Afrique subsaharienne, une histoire contrastée

La télévision en Afrique subsaharienne, une histoire contrastée

2015, marque le passage officiel au numérique de l’ensemble des télévisions de l’Afrique subsaharienne. À cette occasion, retour sur l’histoire de ces télévisions, intimement liée à la construction des indépendances.

Temps de lecture : 12 min

Lorsque la télévision démarre en Afrique au Sud du Sahara, il y a près de cinquante ans, le continent accède à peine à l’indépendance, son développement économique est faible, la presse écrite y est diffusée depuis plusieurs siècles et la radio est reine. C’est dire que le petit écran n’est pas une priorité pour l’époque. Si les États africains se lancent malgré tout dans l’aventure, au prix d’énormes sacrifices financiers, c’est parce que la télévision est, tour à tour et en même temps, canal éducatif, signe de modernité, symbole d’émancipation culturelle et, surtout, gage de puissance géostratégique.
Le récit de la télévision dans cette partie du monde, largement racontée dans mon ouvrage, Histoire de la télévision en Afrique noire francophone, des origines à nos jours (Khartala, 2009), est donc celle de la vie politique et sociale de l’Afrique post-indépendance, avec ses intrigues et ses acteurs, ses ruptures et ses permanences.

La télévision francophone : acteurs

Dans la partie francophone, la télévision publique est calquée, dès les origines, sur le modèle juridique et administratif de l'Office de radiodiffusion télévision française (ORTF), reflet essentiel de l’organisation politique centralisée de la Cinquième république française. Aussi, l’aide financière et technique de Paris est partout indispensable pour mettre sur pied les télévisions.
 
Tout commence à Brazzaville, ancienne capitale de la France libre. Plutôt tout commence à Paris. Le Chef de l’État du Congo Brazzaville, Fulbert Youlou, veut à tout prix sa télévision nationale. Et tout de suite. À cet effet, dès avril 1962, il introduit une demande d’assistance technique auprès de la France. Celle-ci ne disposant pas de structure principalement dédiée à la coopération télévisuelle avec les pays africains nouvellement indépendants, c’est à l’Office de coopération radiophonique (Ocora (1)) qu’il revient d’étudier la requête congolaise. À l’issue d’une séance de travail tenue en octobre 1962 au siège de l’Ocora à Paris, son directeur général Robert Pontillon et Apollinaire Bazinga, ministre congolais de l’Information, conviennent de diffuser une série d’émissions expérimentales à Brazzaville, les 27, 28 et 29 novembre 1962. Ordre est donné à 14 agents de l’Ocora — parmi lesquels les journalistes Guy Bernède et Jacques Conia, ainsi que l’ingénieur Louis Ménard — d’installer, à la hâte, une station de télévision à Brazzaville. Ce qui fût fait.
 
Suivra, dans la foulée, le Gabon, où la télévision nationale est inaugurée le 9 mai 1963 en présence du Président Léon Mba et de Raymond Triboulet, ministre français de la Coopération. En Haute-Volta, actuel Burkina Faso, la Volta Vision — c’est ainsi qu’est nommée la toute nouvelle télévision publique — est inaugurée le 5 août 1963, 48 heures avant celle de la Côte d’Ivoire. Le Président Félix Houphouët-Boigny, qui souhaitait que son pays — la très « prospère » Côte d’Ivoire — inaugure sa télévision avant celle de la Haute-Volta, en est passablement vexé. On avait déjà connu pareille situation en Afrique centrale lorsque la télévision du Congo Brazzaville — on l’a vu —, entrée en service depuis novembre 1962, est reçue à Kinshasa alors que le Zaïre n’a pas encore étrenné la sienne. Grâce à cela — ou à cause de cela — le colonel Mobutu, futur Maréchal, accélérera le processus de création de la télévision publique zaïroise, qui, lancée en novembre 1966, est captée sur un rayon de 30 km. Dotée de puissants émetteurs, elle inonde Brazzaville !
 
 Posséder sa propre télévision nationale est gage de souveraineté 
En ces temps-là, posséder sa propre télévision nationale est gage de souveraineté et signe de puissance diplomatique et économique. Cette opposition prend encore plus de relief lorsqu’elle concerne deux pays frontaliers appartenant à des aires linguistiques différentes. Ainsi, au Togo où, dès 1969, la population de la capitale, Lomé, reçoit la télévision du Ghana, pays anglophone, la France se presse de débloquer près de 3,5 milliards de francs CFA, pour accélérer l’installation de la télévision togolaise, le 31 juillet 1973 ! Il n’est pas question, se dit-on alors à Paris, que le Ghana de l’influent et charismatique Kwame Nkrumah – personnage considéré comme notoirement anti-français — exerce quelque influence sur l’ancienne colonie qu’est le Togo.
 
À défaut, ou en plus, de l’aide de Paris, d’autres pays — au gré des bonnes relations diplomatiques qu’ils entretiennent (ou pas) avec la France, mais aussi en fonction des opportunités qui s’offrent à eux — vont chercher très loin l’aide nécessaire à la mise sur pied de leur télévision nationale. C’est le cas de la télévision centrafricaine. L’Empereur Bokassa 1er sollicite et obtient l’appui du gouvernement israélien pour lancer la télévision centrafricaine, le 31 décembre 1973 !
 
Au Dahomey, futur Bénin, la naissance de la télévision nationale, annoncée dès 1964, est retardée une première fois, du fait du renversement du Président Emile Derlin Zinsou par des militaires, le 10 décembre 1969. Puis une seconde fois, quand survint le coup d’État du commandant Mathieu Kérékou, en 1972. C’est finalement le 30 décembre 1978, alors que les Béninois observent un deuil national suite à la mort du Président algérien Houari Boumédienne, qu’apparaissent les premières images sur leur petit écran. Les relations diplomatiques du Bénin avec Paris (à l’époque passablement difficiles) contraignent les autorités béninoises à aller chercher des équipements en Lybie et même dans l’Europe de l’Est communiste !
 
On retrouve les traces de l’aide libyenne dans la Guinée de Sékou Touré, alors en froid avec la France. Les 6 000 récepteurs, les trois caméras de studio en noir et blanc, le télécinéma (2), le lecteur de diapositives, les deux magnétoscopes, le laboratoire et le car de reportage qu’offre le Colonel Khadafi sont décisifs pour les débuts de la télévision guinéenne, le 14 mai 1977. Au Mali, aussi, on retrouve la coopération libyenne. Bamako, après s’être tourné vers la République fédérale d’Allemagne puis vers le Japon, finit par faire appel à la Libye qui lui accorde une subvention de 2,5 milliards de francs CFA. La télévision malienne voit le jour le 22 septembre 1983, après avoir fonctionné depuis 1971, d’abord sous la forme d’une télévision scolaire. Dans la Mauritanie du lieutenant-colonel Mohamed Khouna Ould Haïdallah, c’est n’est pas la Lybie qui vient à la rescousse, mais l’Irak de Saddam Hussein. La télévision démarre ses activités le 10 juillet 1984.

La télévision scolaire comme préalable à la télévision nationale

Au Sénégal, on est passé par l’étape de la télévision scolaire, censée faire faire un saut qualitatif à la politique nationale d’alphabétisation. En vérité, le Président sénégalais Léopold Sédar Senghor voulait lancer sa télévision dès le 24 décembre 1962, peut-être même avant, mais le projet est momentanément retardé, vraisemblablement à cause d’une tentative présumée de coup d’État constitutionnel perpétré par Mamadou Dia, le président du Conseil des ministres. La télévision nationale issue de la télévision scolaire, est lancée officiellement le samedi 26 août 1972, date du début des Jeux olympiques de Munich.
 
Comme au Sénégal, comme au Mali, au Niger aussi, on a choisi de développer en préalable la télévision scolaire, née en novembre 1964, mais qui éprouva quelques difficultés à atteindre ses objectifs en matière d’alphabétisation. Comme au Sénégal, ce projet sert d’embryon à la télévision nationale qui démarre ses programmes en 1978, en même temps que débute la Coupe du Monde de football en Argentine. 

Ingénieux techniciens africains

Au Tchad, point de télévision scolaire mais des problèmes techniques qui donnent le tournis ! Puisque les populations ont d’abord reçu les images de la télévision camerounaise, née en décembre 1985, elles s’étaient naturellement équipées de téléviseurs adaptés au signal de cette dernière. Or, voilà que N’djamena veut lancer sa propre télévision nationale, le 10 décembre 1987, mais avec un autre signal télévisuel. Dans l’impossibilité de changer tout le parc de téléviseurs du pays, les autorités vont faire appel au génie des techniciens locaux, qui réussirent à synchroniser, au prix de prouesses technologiques inouïes, le nouveau système de diffusion tchadiens avec les téléviseurs !
 
Du génie et de l’abnégation, il en a aussi fallu pour mettre sur pied la télévision du Rwanda, née en décembre 1992. Au « pays des mille collines », la construction des émetteurs nécessite que soit hissées à dos d’homme, aux sommets des monts Jari et Huye, quelques 400 tonnes de matériel, alors même qu’il règne, par ces altitudes de près de 2 000 mètres, des écarts de température variant entre -10°C et 35°C !

L’Afrique anglophone ou l’autre Afrique

En Afrique anglophone, ce n’est pas le modèle de l’ORTF qui est importé. On regarde plutôt du côté de la Grande-Bretagne, mais pas seulement. Il s’agit, en réalité, d’un modèle hybride. Il y a d’abord, l’Afrique du Sud qui fait figure de puissance médiatique à l’échelle du continent. La puissante machine audiovisuelle publique qu’est devenue la South African Broadcasting Corporation (SABC) après 1996, au lendemain de la fin de l’apartheid, trône au sommet d’une des pyramides médiatiques les plus évoluées du continent. Pourtant, contrairement aux autres pays d’Afrique moins bien nantis économiquement, en Afrique du Sud, la télévision est née très tard. Fidèle à l'idéologie du développement séparé, le gouvernement avait envisagé, avant d’y renoncer, la création d’une télévision pour les blancs (TV 1) et une pour les noirs (TV Bantu). La chaîne de télévision publique ne naîtra officiellement que le 5 janvier1976…
 
Au Nigeria,sous-continent logé au cœur de l’Afrique de l’Ouest, la Nigerian Television Authority — originellement baptisée Nigerian Television (NTA) — est créée en 1977 : les militaires, arrivés au pouvoir à la suite d’un coup d’État, ont nationalisé les stations régionales du pays et les ont placées sous une tutelle unique. Au Nigeria, la télévision publique, réputée proche du pouvoir fédéral, a l’avantage, contrairement à d’autres pays, de pouvoir toucher, à l’intérieur même du pays, une cible moyenne de près de 90 millions de téléspectateurs et, hors des frontières du pays, une diaspora très nombreuse, grâce à la chaîne NTA International lancée en 2006. 

Le Ghana, qui compte aussi une importante population diasporique, a lancé sa télévision le 31 juillet 1965, ce qui avait précipité, on s’en souvient, la naissance de celle du Togo. La Ghana Television — née grâce à l’assistance technique du Canada et non pas de la Grande-Bretagne, comme on pouvait s’y attendre — a d’abord servi à accompagner la politique éducative du pays, comme au Niger, comme au Sénégal. Il a surtout servi d’outil de propagande aux idées panafricanistes de son premier Président Kwame Nkrumah.

La télévision « coloniale » en langue portugaise

Dans l’Afrique lusophone, ce qui frappe c’est la naissance tardive de la télévision qu’il faut mettre en lien avec la situation politique de cette partie du continent et les indépendances tardives de ces anciennes colonies portugaises, intervenues au milieu des années soixante-dix. Le Cap Vert par exemple, devenu indépendant en 1975, a officiellement créé sa télévision en 1984. Mais celle-ci ne fonctionne réellement qu’à partir de 1986, après l’élargissement du service de diffusion à l’ensemble des îles du pays. Ici, la télévision doit être « nationale », au sens premier du terme.

Ailleurs, la télévision est née alors que le pays est encore sous domination coloniale portugaise. C’est le cas de l’Angola qui, en 1962, alors que le pays est sous contrôle des autorités gouvernementales portugaises, réalise ses premiers tests de diffusion d'images. Le 27 juin 1973, le gouvernement portugais autorise même la création d’une structure à l’appellation étonnante : la Radiotelevisão Portuguesa de Angola ou Radio-Télévision portugaise d'Angola. Le 25 juin 1976, le gouvernement de la République populaire d'Angola, devenue indépendante en novembre de l’année précédente, décrète la nationalisation du système télévisuel qui devient la Televisão Popular de Angola. Comme au Nigeria, une chaîne internationale, TPA Internacional, émet depuis le 24 juillet 2008 en direction de l’étranger, via le satellite.
 
Au Mozambique, indépendant depuis juin 1975, les premières images expérimentales de la télévision sont diffusées en 1979, à l'occasion de la foire internationale de Maputo. Le 3 février 1981 est lancée la « télévision expérimentale du Mozambique », qui diffuse tous les dimanches un court programme composé d’un journal télévisé et de reportages produits durant la semaine. La chaîne est à cette époque-là une toute petite structure, composée d’une équipe de techniciens et de journalistes. Les années suivantes, le nombre d'émissions croît sensiblement avant de devenir quotidiennes, à raison de cinq heures par jour en 1991. Le 16 juin 1991, un décret du gouvernement institue Televisão de Moçambique (TVM), entreprise publique de télédiffusion.

Comment la télévision a « tué » la radio et la presse écrite

En Afrique, la télévision a dû s’imposer ou a été imposée au détriment d’une presse écrite qui s’était très tôt développée sur le continent, notamment le long des pays côtiers. On signale dès l’année 1800, en Afrique du Sud, la publication d’un magazine dénommé le Cape Town Gazette et dans la partie francophone, à partir de 1856, Le Moniteur administratif du Sénégal et dépendances. Quant à la radio, elle avait été, tour à tour, instrument de mobilisation des troupes africaines durant la Seconde guerre mondiale, puis outil de propagande coloniale, ensuite, l’instrument de consolidation des jeunes États indépendants, et, enfin, symbole de démocratisation dans les années 1990.

 La télévision a dû s’imposer au détriment de la presse écrite 
Au moment où naît la télévision, certains gouvernements sont donc devant un vrai dilemme : faut-t-il développer la radio ou consacrer des sommes astronomiques à une télévision qui ne serait reçue que par une poignée de privilégiés ?  En Haute Volta, actuel Burkina Faso, la question est vite tranchée : au lendemain du putsch du 3 janvier 1966 qui porte au pouvoir le Général Sangoulé Lamizana, les programmes télévisés sont suspendus pour quatre ans : la junte veut développer en préalable le médium radio ! Exemple quasi unique, car presque partout ailleurs, c’est l’option inverse qui est prise. En même temps que se développent la télévision et les journaux gouvernementaux, la presse privée, dynamique avant les indépendances, régresse de jour en jour et les agences de presse meurent à petit feu.

La longue marche de la télévision africaine vers le pluralisme

La période qui va des indépendances aux années 1990 marque l’apogée des télévisions nationales. Elle prend fin, du moins en Afrique subsaharienne francophone, avec les vagues de libéralisations de l’audiovisuel au début des années 1990. À l’époque, les télévisions nationales, partout, sont peu préparées à la concurrence et dépendent largement de l’extérieur pour les moyens de diffusion, pour la formation du personnel et, surtout, pour les programmes.
 
Les États, contraints de libéraliser bien malgré eux, adoptent différentes attitudes : certains, plus inspirés que d’autres, comme le Bénin ou le Sénégal en profitent pour mettre rapidement en place des organes de régulation des paysages médiatiques. D’autres procèdent, à la hâte, à un pluralisme audiovisuel artificiel en confiant à des proches du gouvernement dûment identifiés le soin de mettre sur pied des projets télévisuels à contenus non subversifs. D’autres encore, très rares, plus dans la partie anglophone que dans les pays francophones du continent, initient une vraie politique audiovisuelle. C’est le cas de l’Afrique du Sud par exemple.
 
Quoiqu’il en soit, l’histoire n’attend pas et la décennie 1990 est marquée, concomitamment, par l’arrivée timide des chaînes satellitaires — CNN, BBC World News et TV5 —, et le développement de l’usage des antennes paraboliques, nettement plus nombreuses en Afrique du Nord, et des antennes à micro-ondes dites Multipoint Multichannel Distribution Service (MMDS), plus utilisées au Sud du Sahara.
 
Du côté francophone, plus précisément de la France, les offres privées se multiplient à travers Canal Horizons (filiale du groupe Canal+) et de la société Portinvest, qui commercialise des chaînes françaises via le bouquet Le Sat.
Du côté anglophone, règne en maître absolu le sud-africain Multichoice qui propose un bouquet de chaînes en anglais. Face à ces offres nombreuses et variées, il devient urgent de réguler le paysage audiovisuel.

Réguler ou arbitrer ?

Au tournant des années 1990, on assiste donc à la naissance des premiers organes de régulation des médias. Ces structures, qui ont le mérite d’exister, ne jouissent pas — selon les pays — de la même crédibilité et ne remplissent pas, non plus, les mêmes fonctions. Par exemple, la National Broadcasting Commission (NBC) du Nigeria a été créée en 1992, dans un contexte où ce pays avait décidé de mettre un terme au monopole gouvernemental sur l’industrie audiovisuelle et d’ouvrir cette dernière aux investissements privés locaux ou étrangers, alors qu’en Afrique du Sud post-apartheid, l’Independant Broadcasting Authority, fondée en 1993 est, elle, chargée de la distribution des fréquences et doit s’assurer de ce que la diffusion audiovisuelle ne peut être contrôlée par des étrangers. Elle veille surtout, scrupuleusement, à ce que la diversité linguistique et culturelle du pays soit reflétée dans les programmes télévisés. Nous sommes au lendemain de la fin de l’apartheid et il faut reconstruire la nation sud-africaine.

Du côté francophone, une instance de régulation est créée au Bénin dès 1990, au lendemain de la conférence nationale souveraine qui a mis fin au pouvoir du militaire Mathieu Kérékou. D’autres pays, comme le Sénégal, suivront, dans un climat politique apaisé (1992), puis, bien plus tard, d’autres encore, comme celle de la République démocratique du Congo, en 2003.
 
Il est possible de retenir un point commun à tous ces organes de régulation : partout, ils ont été le produit de la confrontation — douce ou violente — des logiques sociales et des stratégies entre acteurs politiques. Certains sont restés, hélas, confinés à ce rôle d’arbitre entre forces politique, alors que d’autres — très peu nombreux — ont su (re)trouver une vocation normale : la régulation du paysage audiovisuel, en toute indépendance.
 
 De grands groupes audiovisuels africains se mettent en place 
 Quoiqu’il en soit, les années 2000 voient de grands groupes audiovisuels africains se mettre en place et les télévisions publiques être reçues en dehors du continent par satellite.On assiste aussi à l’arrivée d’entrepreneurs de l’audiovisuel qui mettent sur pied des télévisions privées, proposant ainsi des programmes « authentiquement africains ».

La télévision numérique, une partie de l’avenir de l’Afrique ?

Derrière l’explosion des offres, derrière l’inévitable recomposition de l’écosystème médiatique, se jouera, au lendemain du 17 juin 2015, date limite du passage de télévision analogique à la télévision numérique, une partie de l’avenir de l’Afrique. Le passage au numérique n’est pas seulement l’affaire d’ingénieurs et de techniciens de l’audiovisuel. Les enjeux sont aussi d’ordre culturel, sociologique et démocratique.
 
 L'Afrique doit proposer au reste du monde un récit des évènements qui se produisent chez elle 
Ce passage au numérique, pour être réussi, devra réunir des conditions minimales : que la majorité des Africains, surtout ceux des couches sociales défavorisées, puissent disposer d’un téléviseur numérique, que les États prennent des mesures idoines pour maîtriser le traitement des stocks de téléviseurs analogiques qui seront mis au rebut, que les nouvelles chaînes de télévisions numériques diffusées en Afrique ne soient pas majoritairement détenues par des firmes étrangères. Sans quoi il est probable que les programmes diffusés fassent largement écho à des modèles culturels venus de l’extérieur. Or, l’Afrique doit saisir cette opportunité historique, qui ne se présentera pas deux fois, pour renverser les flux de communications et proposer au reste du monde un récit des évènements qui se produisent chez elle.

Référence bibliographiques

Tidiane DIOH, Histoire de la télévision en Afrique noire francophone, des origines à nos jours, Paris, Éditions Karthala, 2009.
 
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Crédits Photos :
- A Television Appearance. Ford-Foundation / Flickr
- Televisions for sale in Takoradi. Ben Sutherland / Flickr
- capture d'écran du site NTA Nigeria
- Ethiopie. Rod Waddington / Flickr
(1)

L’Ocora fait suite en 1962 à la Sorafom (Société de Radiodiffusion de la France d’Outre-mer, créée en 1955 par Pierre Schaeffer, ingénieur à la RTF (Radiodiffusion-télévision française) pour favoriser la fabrication de programmes par les Africains eux-mêmes

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