La télévision, enchaînée au cinéma français

La télévision, enchaînée au cinéma français

Les chaînes de télévision ont besoin des films français et vice-versa, même si le contexte concurrentiel a évolué plus vite que leurs obligations de préachat. Le cinéma est un programme précieux et toutes les parties en présence savent que personne n’a intérêt à ce que ce système de financement explose.

Temps de lecture : 12 min

 

La télévision tient un rôle important pour les longs métrages français. Selon une politique mise en place en France dès les années 1980, chaque nouveau support de diffusion des films contribue à leur financement : les chaînes généralistes gratuites dites « historiques », puis les chaînes de cinéma payantes, la vidéo, et aujourd’hui la TNT et les services à la demande etc.
 
Ces obligations prennent la forme de préachats de films, associés ou non à des coproductions, avant tournage. Quel montant représentent-elles chaque année pour les films d’initiative française ? Un apport de 291 millions d’euros en 2014 selon le CNC. Le Conseil supérieur de l’audiovisuel, « gardien » des engagements des chaînes, qui compile les chiffres définitifs avec un an de décalage, prend en compte davantage de films ainsi que les achats de droits de diffusion : le CSA fournit un chiffre plus exhaustif de 350 millions d’euros en 2013.

 
 
Services de cinéma : Canal+ et ses déclinaisons ; Ciné+; AB Cinéma, OCS
Services non cinéma, hertzien gratuit : TF1, France 2 France 3 France 4 D8 M6 TMC, NRJ, Gulli, W9, NT1, HD1, N° 23, 6 ter
Services non cinéma, hertzien payant : Paris Première et TF6
Services non hertziens : TV5 Monde, Téva, TV Breizh
Source : CSA, Chiffres 2013 en millions d’euros (Les chiffres clés du cinéma, novembre 2014)
 
Pour prendre le point de vue du financement du cinéma français, nous utiliserons le plus souvent dans cet article les données de l’agrément du CNC, mais en gardant en tête qu’ils sont parfois sous-évalués. En tous cas une évolution est claire : en dix ans les chaînes de télévision sont de plus en plus présentes dans le financement des films d’initiative française. Elles représentent selon le CNC, 34,6 % du total des devis en 2014 contre 29 % en 2005. Leur contribution est maintenant équivalente à celle des producteurs français ! Le nombre de films produits ayant connu une forte croissance ces dix dernières années, la bataille est rude : chaque année 38 % des films d’initiative française ne parviennent pas à convaincre une chaîne, qu’elle soit gratuite ou payante, de participer à leur aventure(1). C’est le niveau le plus élevé depuis 2005. Et cela concerne pour la quasi-totalité des films aux budgets de moins de 4 millions d’euros. Parfois une chaîne hertzienne achète un film après son succès en salle, à un prix bien moins élevé qu’avant tournage bien sûr. Mais ils se comptent sur les doigts d’une main : L’Arnacoeur, La guerre est déclarée ou encore Le nom des gens.
 
Les films français préachetés par les chaînes s’intègrent ensuite dans une chronologie de diffusion complexe, afin que leur consommation sur un support qui a participé à leur financement n’en lèse pas un autre.

 
Chronologie des médias : l’accord interprofessionnel de 2009

Les chaînes payantes fidèles au cinéma

 

Les obligations des chaînes payantes vis-à-vis du cinéma concernent Canal+ et sa petite sœur Ciné+ ainsi que le bouquet d’Orange, Orange Cinéma Séries  (OCS) : elles se concrétisent sous forme de préachats d’œuvres, selon un modèle très précis, qui évolue à la marge comme tout récemment lors de nouveaux accords avec les professionnels signés à l’été 2015.
 
 La belle époque de la croissance est terminée 
Le Groupe Canal+ compte 6 millions d’abonnés en France (et 1,5 million sur le continent africain)(2)  : ses obligations étant calculées en proportion de son chiffre d’affaires, elle est vite devenue un acteur majeur du cinéma français. Canal+ et les chaînes du bouquet Ciné+ représentent ensemble 20 % du financement global des films français, en préachetant une centaine de films chaque année pour les œuvres d’expression originale française. Mais la belle époque de la croissance est terminée : le nombre de films préachetés et le volume global de préachats stagnent. En 2005, Canal+ préachetait 120 films (pour 126 millions d’euros). Après une hausse soutenue, la chaîne en a préacheté 103 en 2014 pour 135,88 millions d’euros. Il en est de même pour Ciné+ dont l’implication décroit depuis cinq ans (83 films pour 15 millions d’euros en 2014). Le développement du groupe s’appuie maintenant sur l’OTT, over-the-top service qui permet de regarder les programmes sur tout appareil connecté via Internet (les offres MyCanal et Canalplay). Dans l’accord renégocié cet été avec le monde du cinéma, le groupe Canal+ a d’ailleurs obtenu une plus grande souplesse de diffusion et un plus grand nombre de passages pour les films préachetés.
 
La concurrente majeure des chaînes payantes cinéma est le bouquet OCS (groupe Orange) dont Canal+ possède d’ailleurs une minorité du capital. OCS annonce 2,2 millions d’abonnés en 2015 et est monté en puissance en peu d’années sur le cinéma. Son apport aux films français concernait 41 œuvres pour 27,15 millions d’euros en 2014. Statut de challenger oblige, outre ses obligations importantes, OCS cherche de plus en plus à obtenir des films en exclusivité,  et que Canal+ ne préachète pas. Ainsi en 2014 six films ont été préachetés pour deux fenêtres de diffusion successives (de 12 à 30 mois), comme Antigang de Benjamin Rocher, sorti en août dernier. Après avoir établi avec les professionnels une convention actée par le CSA début 2014, OCS vient de renouveler cet été ses engagements vis-à-vis du cinéma, avec un fort montant : 179 millions d’euros sur 5 ans à destination des films français et européens, dont 30 % ciblés sur les œuvres de moins de 6,5 millions d’euros de budget. En pratique OCS est déjà au-delà de ce plancher : en 2014, 49 %  de ses investissements concernaient les œuvres de ce calibre. Certains ont été des succès en salles comme le documentaire Sur le chemin de l’école ou Les héritiers.
 
Enfin, les chaînes du groupe AB Cinéma ne déclarent que des acquisitions de droits de diffusion : elles représenteraient, selon le CSA, 2,6 millions d’euros pour le cinéma français en 2013.

Les chaînes gratuites : des stratégies très diverses

 

Les investissements des télévisions hertziennes dites historiques (TF1, France Télévisions, M6) comprennent à la fois une part en préachat et une part en coproduction sur chaque film. Quant à Arte, la chaîne franco-allemande ne relève pas du droit français en matière d’obligations et investit donc dans le cinéma sans obligation. Quant aux nouvelles chaînes de la TNT, elles préachètent des films au fur et à mesure de la croissance de leur chiffre d’affaires.
Toutes ces chaînes gratuites représentent en moyenne 13 % des budgets des films d’initiative française, une proportion stable. Le montant moyen de leur participation s’élève à 122,49 millions d’euros par an entre 2005 et 2014. Mais la situation est différente entre service public et privé, entre chaînes dites « historiques » et leurs petites sœurs de la TNT.
 
Les chaînes publiques avaient vu leurs budgets dédiés aux préachats augmenter ces dix dernières années : le calcul de leurs obligations étant surtout lié à la redevance, elles avaient moins souffert de la crise publicitaire, d’autant que la suppression de la publicité en prime time a été en grande partie compensée par l’État pendant les premières années. Mais actuellement, la tendance est plutôt à la baisse. Ainsi France 2 Cinéma a investi 26,85 millions d’euros dans 27 films en 2014 contre 29,71 millions d’euros pour 32 films en 2005. Pour France 3 Cinéma, le budget était de 23,67 millions d’euros pour 33 films en 2014 contre 24,21 millions d’euros pour 27 films en 2005. Pour exemples, France2 Cinéma a coproduit La famille Bélier ou Dheepan, France3 Cinéma Les Garçons et Guillaume à table et est engagée depuis longtemps sur des films d’animation.
Enfin Arte a participé à 15 films pour 6,60 millions d’euros en 2014. Les films coproduits par la filiale de la chaîne sont très présents dans les festivals du monde entier. Fait majeur et nouveau, ils obtiennent de réels succès en salles en adéquation avec leur économie. Récemment Arte France Cinéma était ainsi partenaire de Timbuktu et de La loi du marché. .
 
Le groupe TF1 a une stratégie affirmée en direction des films fédérateurs à public familial : confronté à la baisse du budget de sa filiale cinéma, calculé sur son chiffre d’affaires publicitaire lui-même en baisse, le groupe a été amené à concentrer ses investissements sur moins de films : 13 pour 27,72 millions d’euros en 2014 selon le CNC, avec un montant moyen par film élevé (2,2 millions d’euros). Lucy, Supercondriaque, Qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu, ont ainsi été préachetés par TF1. M6 fait également face à une stagnation de son chiffre d’affaires publicitaire après une longue période de croissance. M6 Films a préacheté 11 films pour 23,08 millions d’euros en 2014, se focalisant sur les comédies grand public, accompagnant les talents nés sur son antenne, comme Kev Adams. Elle s’implique fortement dans les films d’animation français comme Astérix - le domaine des dieux ou Le petit Prince.
 
La concurrence croissante entraîne les chaînes, surtout privées, vers des titres forts qui auront du succès en salles, avec un casting connu, susceptibles de séduire l’audience même 22 mois après leur sortie. La concurrence sur un petit nombre de titres fait monter les prix et certains films attirent plusieurs chaînes : La Famille Bélier a été préacheté par Canal+, suivi de France 2, puis M6 et D8 et a connu le succès que l’on sait en salles (7,5 millions de spectateurs). En revanche, 100 % Cachemire qui réunissait Canal+, France 2, M6, France 4 et W9 a été un flop. Plus cher, le préachat de films pour deux diffusions, qui permet de conserver ceux-ci plus longtemps, est également une stratégie développée par les chaînes privées, comme pour La belle et la bête pour TF1 ou encore Les vacances du petit Nicolas pour M6.

La TNT : des apports de complément

 

À contrario des scénarios précédents, les chaînes de la TNT progressent en audience. Assujetties à des obligations d’investissement dans le cinéma par seuils à partir d’un certain chiffre d’affaires (75 millions d’euros), leur poids s’intensifie. Légalement, cela concerne TMC (TF1), W9 (M6), D8 (Canal+). Mais il faut y ajouter HD1, France 4, TV5 Monde et Gulli. Elles ont participé à 28 films en 2014 pour 5 millions d’euros. Leur apport, en moyenne bien moins élevé(3) que celui d’une chaîne historique, arrive systématiquement en complément d’une chaîne payante et presque toujours d’une chaîne en clair.
 
TF1 Films Production  achète les films pour HD1 et TMC, donc ce sont souvent les mêmes, pour une fenêtre de diffusion postérieure. Les acquisitions pour W9 se font via les responsables de M6 Films et concernent les films sur lesquels M6 Films est engagée. Dynamique, D8 investit par engagement conventionnel et a annoncé une enveloppe de 2 millions d’euros pour le cinéma en 2015. France 4, qui a un public adulte le soir, investit davantage dans le cinéma et bénéficie de l’ouverture de la case du mercredi soir interdite sur les autres chaînes. C’est France 4 qui a acheté Les combattants de Thomas Cailley (César du meilleur premier film). Gulli préachète en moyenne un film par an grâce à l’offre de dessins animés français, comme le dernier en date, Mune, le gardien de la Lune. Enfin TV5Monde, qui n’est pas une chaîne de la TNT, mais diffusée par câble et satellite, préachète environ 5 films par an pour 50 000 € chacun en moyenne. Elle était ainsi présente dans Timbuktu.
 
Le nombre de films d’initiative française financés par les chaînes en clair est en baisse depuis cinq ans : 103 en 2010, 93 aujourd’hui. Cette concentration n’est pas compensée par la montée des chaînes de la TNT qui font pourtant certaines de leurs meilleures audiences avec le cinéma, souvent grâce à des films de catalogue. Comme le souligne le rapport de René Bonnell sur le financement du cinéma français, il s’agit de « prendre acte que les chaînes de la TNT font un grand usage du cinéma pour doper leurs audiences et considérer qu’elles devraient concourir davantage au préfinancement des œuvres. » Mais elles diffusent bien davantage de films de catalogues que d’œuvres récentes, et quant aux chaînes spécialisées dans l’information ou le documentaire, elles n’ont pas besoin de films : la marge de progression financière pour le cinéma français n’est donc pas si importante.

D’autres formes de financement

 

Une autre partie du financement du cinéma français par les chaînes, moins connue, intervient a posteriori : elles ont grand besoin de films dits de catalogue, c’est à dire diffusés après leur première vie d’exploitation (en moyenne trois ans). Un montant estimé à 116 millions d’euros en 2011 selon le CNC(4). Beaucoup de producteurs indépendants ont compris leur intérêt et gèrent eux-mêmes la vente de leurs titres de catalogue aux télévisions. Cependant, ce type de recettes est en baisse régulière puisqu’il était estimé à 174 millions d’euros il y a dix ans(5). L’attrait du film « frais » est croissant…
 
Enfin, par accord avec les professionnels, les chaînes de cinéma payantes, Canal+ et OCS se sont engagées à payer des « primes au succès » pour les œuvres qui dépassent les 500 000 entrées et qui ont été préachetés à moins de 4,7 millions d’euros. Ces primes peuvent représenter des sommes conséquentes pour les producteurs. Ainsi récemment, La loi du marché de Stéphane Brizé, qui frôle aujourd’hui le million d’entrées, avait été préachetée pour 500 000 € par Canal+. La chaîne a bien dû débourser 1 million d’euros supplémentaire depuis. De plus, les chaînes de cinéma payantes paient leur écot au secteur de la distribution française : en 2015, les organisations professionnelles du secteur ont reçu de Canal+ 5 millions d’euros et d’OCS 0,9 million d’euros. Depuis les derniers accords signés, ces apports seront comptabilisés dans les engagements de ces chaînes, et il sera en diminution, à 2millions d’euros pour Canal+ à partir de 2016.
 
Préfinancement des films, achat d’œuvres de catalogue, aides à la profession : les chaînes françaises sont des moteurs indispensables au cinéma hexagonal. Mais pour combien de temps ? L’exposition limitée du cinéma français faisait sa force et son attrait : mais le piratage des films et l’explosion de leurs diffusions sur tous supports le fragilise.

Une offre de films qui a doublé

 

Le nombre de films diffusés sur les chaînes nationales gratuites a doublé en dix ans pour atteindre 2 129 films en 2013(6) dont un peu moins de 40 % de films français. Pourtant, la part du cinéma dans l’offre totale des chaînes de télévision gratuites décline : 4,8 % en 2004 contre 4 % en 2013(7). Or le cinéma reste un genre attractif, « surconsommé » puisqu’il représentait 5,5 % de la consommation télévisuelle en 2013 selon Médiamétrie. D’ailleurs la proportion de films inédits diffusés sur les chaînes gratuites (hors TNT) est importante et en croissance, les chaînes travaillant la rareté et l’événementiel
 
On trouve encore des exemples de titres inoxydables comme le fut la Grande Vadrouille en son temps : cette année, sur TF1, 13,9 millions de téléspectateurs ont regardé Intouchables le 7 décembre 2014, alors que ce film semblait avoir fait le plein d’entrées en salles (19,4 millions), de spectateurs en VàD (425 000) et une audience de 1,8 million de téléspectateurs sur Canal+. On peut citer également les 8 millions de téléspectateurs du Prénom le 30 novembre 2014. À une échelle d’audience plus réduite, Arte obtient d’excellent résultats avec le cinéma grâce à sa politique assumée de soutien, à une offre de films quasiment doublée en dix ans et sans doute aussi car elle est aujourd’hui la seule chaîne à proposer des films de cinéma en télévision de rattrapage. Ainsi Polisse de Maïwenn a représenté le meilleur score d’Arte pour 2014, tous genres confondus avec 2,6 millions de téléspectateurs.
 
Mais la concurrence avec les séries et les événements sportifs est devenue telle que les films de cinéma français récents sont de moins en moins présents dans les meilleures audiences annuelles des chaînes.

L’avenir : des changements nécessaires

 

Concurrence accrue entre les chaînes, montée de leur consommation sur Internet et de la télévision de rattrapage, baisse des recettes publicitaires… Le contexte change vite et l’actuelle chronologie des médias est tiraillée. Le groupe Canal+ est fragilisé : la compétition pour l’acquisition de programmes de sport réduit ses marges comme le passage de 5 % à 10 % de sa TVA depuis 2014, ou la concurrence de Netflix sur les séries. De plus, le récent tsunami des changements effectués par Vincent Bolloré dans la chaîne va sans doute encore changer la donne.
 
 L’apport des chaînes gratuites au cinéma français ne peut plus croître
Les chaînes généralistes hertziennes, elles, se plaignent de perdre de l’argent en diffusant les films qu’elles ont préachetés, comme le souligne le rapport Bonnell. « En calculant la différence entre le coût du film et la recette publicitaire générée à l’occasion de leur diffusion, les pertes sur préachats s’élèveraient à plus de 45 millions d’euros pour M6 et 119 millions d’euros pour TF1 de 2008 à 2012. » Pourtant, en tant que coproductrices, elles bénéficient de retours financiers des producteurs, mais là encore, elles seraient en perte, toujours selon le rapport Bonnell. « Les chaînes de télévision en clair enregistrent des pertes sur leurs parts de coproduction liés à leurs obligations de cinéma, de l’ordre de 40 % de leurs investissements pour France 2 et France 3. Elles sont pour M6 de l’ordre de 0,236 millions d’euros cumulé de 2008 à 2012 quand TF1 déclare un excédent cumulé sur 5 ans. » L’apport des chaînes gratuites au cinéma français ne peut donc plus croître. Or les producteurs sont depuis 2013 confrontés à une augmentation des coûts du personnel avec la nouvelle convention collective et à la fragilisation du secteur de la distribution en salles. D’autant que les chaînes participent à l’augmentation souvent excessive des budgets des films en réclamant des « films à stars » pour leur audience. Cependant, la polémique lancée par Vincent Maraval, dénonçant l’augmentation des coûts des acteurs dans le budget des films, n’a pas été vaine. Le CNC a ainsi conditionné l’accès des films à l’avance sur recettes et au fonds de soutien à un plafonnement de leurs coûts artistiques.
 
D’autres changements sont possibles. L’ouverture de la publicité pour le cinéma à la télévision est un thème récurrent qui se confronte au refus des distributeurs et des producteurs indépendants, mais il y a peut-être une possibilité en la ciblant sur les cases de diffusion des films et les émissions spécialisées. L’assouplissement des jours interdits pour le cinéma et des grilles(8) est une piste de réflexion. Car cette réglementation devient obsolète, notamment avec la montée en charge de la télévision de rattrapage (TVR). Pour l’instant elle ne concerne pas le cinéma pour les chaînes gratuites, à l’exception d’Arte, mais ce mouvement de consommation alternative est déjà effectif pour les chaînes payantes : « La TVR représente ainsi 12 à 13 % de la consommation effective de cinéma sur Canal+ alors qu’un abonné sur deux utilise aujourd’hui de manière active le service Canal+ à la demande. » souligne une étude récente pour le Ministère de la culture(9). En janvier dernier, TF1 a commencé à négocier un accord cadre avec les représentants du cinéma, qui sans se substituer à ses obligations de financement, offrirait plus de souplesse de diffusion des films à la chaîne privée. Et les autres chaînes hertziennes pourraient suivre.
 
L’équilibre établi par la chronologie des médias, elle aussi en renégociation, est fragile : Chaque partie garde sa fenêtre d’exploitation des films, cherchant à multiplier ses diffusions et à « geler » au maximum les autres moyens de diffusion concomitants. Les nouveaux modes de consommation de la télévision affectent le cinéma français qui était jusque-là habitué à être une industrie de la rareté et du prototype. Mais il reste pour tous un bien précieux.

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Crédits photos :
Diffusion de Stars 80 sur TF1. Sophie Boudet-Dalbin / Ina
Pixabay
 
(1)

« La production cinématographique en 2014 », CNC, mars 2015

(2)

Rapport annuel de Vivendi, 2014 

(3)

190 000 € par film 

(4)

L’économie des films français, CNC, décembre 2013.

(5)

L’économie des films français, CNC, décembre 2013

(6)

La diffusion des films à la télévision, CNC, 2013 

(7)

L’économie de la télévision, CNC, Nov 2014

(8)

ce qui a été le cas pour Ciné+ en octobre 2011 

(9)

Établie par NPA Conseil , juin 2015

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