Offres : un contenu varié sur tous les terminaux et facilement accessible
Le secteur du cinéma a d'abord perçu Internet comme une menace. Une fois le film disponible sur le Net, comment empêcher qu'il ne soit massivement piraté ? Comment s'assurer d'un retour sur investissement ? Comment être sûr que le nouveau média ne cannibalise pas les autres modes de distribution ? La réaction des ayants droit a donc été défensive. L'objectif n'était pas de comprendre les nouveaux comportements et attentes du nouveau public mais de stopper l'hémorragie. À défaut d'offres innovantes, la distribution de films par Internet a donc été longtemps marginale, si ce n’est illégale. Mais désormais, être présent sur le web n'est plus une option. Il faut aller là où va l'audience.
Le marché de la VoD est caractérisé par une grande hétérogénéité des acteurs qui viennent tout autant de la filière du cinéma et de l’audiovisuel que des télécommunications, de l’électronique grand public (EGP) et d’Internet. L’industrie audiovisuelle ne possède plus le monopole des films. De nouveaux entrants tentent de se positionner dans un environnement jusqu’à présent très fermé. Des stratégies de convergence apparaissent dans les domaines auparavant séparés des matériels, des contenus et des réseaux. Les détenteurs de droits se mobilisent et développent diverses stratégies pour vendre leurs films en ligne. La filière du commerce de détail et location vidéo se dématérialise progressivement. Les chaînes de télévision traditionnelles, quant à elles, essaient de protéger leur pré carré et offrent des services de TVR pour fidéliser l’audience et l’orienter vers leurs offres VoD payantes. Nouveaux acteurs dans la chaîne de valeur du cinéma, les opérateurs télécoms investissent également massivement dans les services de VoD et de TVR afin d’élargir leurs services audiovisuels et valoriser leurs offres d’abonnement à Internet. Pour leur part, les fabricants de matériel et de logiciel rencontrent un vif succès avec leurs modèles propriétaires axés sur la vente de terminaux connectés, à l’image de l’iTunes Store étroitement lié à celui des terminaux compatibles d’Apple. Enfin, les champions du web ont su baser leurs modèles sur la richesse des réseaux et du gratuit financé par la publicité.
Sur Internet, un Harry Potter est un Harry Potter. L’offre légale payante est en concurrence directe avec l’offre illégale gratuite. Au sein d’un marché de la VoD sans droits exclusifs, avec une capacité limitée des acteurs à rivaliser entre eux, les éditeurs de services à la demande s’efforcent de trouver d’autres avantages comparatifs que le prix pour attirer et surtout fidéliser les clients, que ce soit à travers une offre de films plus qualitative, un ensemble de terminaux ou de services attrayants.
La richesse et la qualité de l’offre constituent un atout évident. Le cinéma est la première source de chiffre d’affaires de la VoD avec 64,2 % du total annuel en 2010 ; à la fois sa vitrine et son promoteur. Les séries TV sont également un contenu phare sur Internet. Elles sont les plus visionnées en streaming. Face à ce phénomène, les plateformes tentent de miser sur les longs-métrages mais peuvent décider de se démarquer en se spécialisant dans un autre type de contenu, comme les documentaires sur
Arte VOD, l’humour sur
MyTF1 VOD ou le fitness sur
Imineo. Des initiatives intéressantes apparaissent du côté des producteurs et distributeurs indépendants. Des services comme
UniversCiné misent ainsi sur une forte « éditorialisation » du service et une programmation qui s’éloigne quelque peu des
blockbusters américains. En parallèle, la HD et la 3D permettent à la filière de redonner une place centrale et valorisante à la sortie en salles ainsi qu’à l’offre VoD face au piratage.
Ce qui crée l’usage, ce n’est pas seulement l’offre, mais également la facilité, l’accès et la continuité de service. L’enjeu réside dans le contrôle de l’interface client. Désormais, les stratégies axées autour des terminaux connectés sont incontournables. Il s’agit de permettre aux gens de trouver ce qu’ils cherchent et qu’ils puissent le consommer quand ils veulent sur tous leurs supports.
Ce qui crée l’usage, ce n’est pas seulement l’offre, mais également la facilité, l’accès et la continuité de service.
Dans la lignée d’Apple, les fabricants de terminaux ont progressivement investi le domaine de la VoD. Le succès de leurs terminaux va alors de pair avec celui de leurs magasins de films à la demande, qui doivent toutefois être assez larges et riches. De multiples stratégies apparaissent autour de la vente de films à travers les terminaux connectés fixes et mobiles très prisés du public : magnétoscopes numériques,
media centers,
box, consoles de jeu, TV connectées, smartphones, tablettes. L’enjeu pour les acteurs de la chaîne de valeur (producteurs audiovisuels, annonceurs publicitaires, agences médias, chaînes télé, éditeurs de bouquet TV, opérateurs télécoms, fabricants de terminaux) est alors de maîtriser cette mutation des usages et leurs revenus associés. La VoD quel que soit le terminal, c’est ainsi l’ambition du groupe Canal Plus qui multiplie les accords avec détaillants et FAI, développe des applications, afin de proposer
Canal Play Infinity sur ordinateurs, télévisions et appareils nomades orientés loisirs numériques.
TV Connectée.
La faculté à proposer un service simple, étendu et innovant représente également un avantage comparatif de poids. La simplicité s’impose sur le plan technique comme dans l’expérience utilisateur. Dans un contexte extrêmement concurrentiel, il faut avoir une vision stratégique et s’entourer de partenaires techniques innovants. Proposer un système convivial associé à une solution de micropaiement simple est tout aussi primordial. En parallèle, la S-VoD représente un levier extraordinaire de fidélisation, de création d’un parc d’abonnés et de différenciation. Les éditeurs de services français peinent toutefois à développer des offres d’abonnement attrayantes car confrontés à une
chronologie des médias qui interdit de proposer les films en ligne par abonnement durant les 3 années suivant la sortie en salles, à une certaine frilosité des ayants droit à proposer leurs films en S-VoD, à une faible capacité des acteurs à rivaliser avec les offres américaines, ainsi qu’à un marché de l’IPTV fortement cloisonné. Et il en va de même pour les offres de
cloud computing qui entendent permettre aux clients d’accéder aux films tout le temps, partout et sur tous leurs supports connectés. Là aussi, la chronologie des médias freine dans une certaine mesure l’innovation. Ce domaine, pourtant stratégique, reste donc dominé par les géants américains du numérique que sont Amazon, Apple et Google. Par ailleurs, pour rester compétitif dans un marché composé d’acteurs globaux, les stratégies de développement à l’international sont essentielles mais difficiles pour un marché français fragmenté. Enfin, l’utilisation de la recommandation sociale ainsi que le développement de services innovants pour la navigation entre les différents contenus sont désormais incontournables.
Dans un univers dématérialisé où tout est à portée de clic, il convient d’utiliser dans la chaîne de valeur quelque chose qui ne puisse pas être reproduit. Il est désormais primordial d’être en mesure d’offrir le contenu le plus varié possible sur tous les terminaux connectés et facilement accessible.