De l’âge d’or à la récession, 1953 – 1979
Au sortir de la guerre de Corée, la majorité des infrastructures cinématographiques ont été détruites et des années de répression du gouvernement colonial ont mis à genou l’industrie naissante du cinéma en Corée.
Dans le but de revitaliser l’industrie du film alors quasiment inexistante, Syngman Rhee, le premier président du pays (1948-1960) décide d’exempter l’industrie de toute imposition. Libérés de la règlementation gouvernementale, l’industrie du film redémarre : le nombre de films produits augmente rapidement et passe de 5 en 1950, à 111 en 1959. Les outils technologiques s’améliorant, les productions locales deviennent plus sophistiquées. C’est « l’âge d’or » du cinéma coréen, période pendant laquelle vont notamment apparaître les premiers films de genre.
The Housemaid (
Hanyo), de Kim Ki-Young, sorti en 1960, est considéré comme le film le plus important de cette période, et est toujours vu aujourd’hui comme « l’un de meilleurs films coréens de tous les temps » (
un remake de ce film est par ailleurs sorti en 2010). Dans ce thriller, une domestique séduit le maître de maison, dont elle tente par la suite de détruire la famille.
Bande annonce du film Hanyo (1960)
Aimless Bullet (Obaltan) de Yu Hyun-mok (interdit lors de sa sortie initiale en 1961) est également un film majeur de cette époque. Situé en pleine période post-guerre de Corée, ce drame dépeint de manière réaliste la vie d’un comptable coréen qui peine à faire vivre sa famille et à trouver sa place dans une société en pleine mutation.
Extrait du film Obaltan (1960)
Mais cette période faste a pris fin brutalement en 1962 : suite au coup d’État militaire en 1961, et à la promulgation de la Motion Picture Law l’année suivante. En vertu de cette loi, un quota limite le nombre de films produits et importés en Corée du Sud. Le nombre de sociétés de production est également ramené de 71 à 16 en un an.
Les films traitant de sujets jugés sensibles sont alors censurés. Les sujets en question incluent notamment le communisme, les films à caractère obscène, ou tout traitement susceptible de porter préjudice à l’image et à la dignité du pays. La faiblesse des scénarios mêlée à la mauvaise qualité des productions cinématographiques, ainsi que l’arrivée de la télévision dans les foyers entraînent une chute d’un tiers de la fréquentation des salles de cinéma entre 1969 et 1979.
En 1973, dans le but de dynamiser l’industrie locale, le gouvernement limite le nombre annuel de jours de diffusion sur les écrans des films importés. Le nombre de productions hollywoodiennes diffusées par an est donc strictement défini.
Il faudra attendre les années 1980 pour que le gouvernement assouplisse les régulations en vigueur et réduise son contrôle sur l’industrie du cinéma. Grâce à la révision de la Motion Picture Law en 1984, les productions indépendantes sont autorisées sous certaines conditions. Une nouvelle génération de producteurs fait alors son entrée dans le milieu du cinéma.
Bien que la fréquentation des salles reste peu élevée pendant cette période, le cinéma sud-coréen commence à être reconnu au niveau international. En 1981, Mandala du réalisateur Im Kwon-Taek remporte le grand prix au Festival du film d'Hawaii, et en 1987, Kang Su-Yeon remporte le prix de la meilleure actrice à la Mostra de Venise pour son rôle dans Surrogate Mother. Elle remportera à nouveau en 1989 le prix de la meilleure actrice pour Come Come Come Upward d’Im Kwon-Taek, au Festival international du film de Moscou.