Le cinéma français, deuxième cinématographie étrangère en Chine après les États-Unis
Un nombre assez restreint et variable de films français sort en Chine chaque année depuis la fin des années 2000 : 4 films en 2009, 7 en 2010, 3 en 2011, 9 en 2012, 6 en 2013 et 8 en 2014. Comme les autres films étrangers, les films français subissent la loi des quotas (entre 60 et 70 films étrangers par an, dont 34 en partages de recettes et l’autre partie au forfait). Ils sont pour l’essentiel distribués au forfait, ce qui limite de fait les recettes espérées.
Le chiffre d’affaires au box-office du cinéma français varie ainsi selon les années entre 6 et 20 millions d’euros. Ces chiffres masquent de fortes disparités, les plus gros films polarisant ainsi les entrées (Taken 2 a ainsi représenté 72 % des entrées en 2012), tandis que d’autres rencontrent un public restreint : Largo Winch 2, The Artist, Black Gold… La faiblesse des revenus générés s’explique bien sûr en partie par le mode de répartition des recettes, qui fonctionne pour l’essentiel au forfait. Certaines œuvres parviennent cependant à négocier une distribution en partage de recettes (Le Volcan, Sur la Piste du Marsupilami). Mais il faut aussi compter sur la faiblesse de l’exposition offerte par les exploitants de salles, qui n’hésitent pas à déprogrammer les films au bout de quelques jours si les entrées ne sont pas au rendez-vous, et qui privilégient à la place des films à plus fort potentiel (essentiellement les blockbusters donc, américains ou chinois), ou dont le ticket d’entrée est plus haut (les films en 3D).
En 2014, la Chine était le deuxième marché étranger pour le cinéma français avec seulement huit films
En 2014, la Chine était cependant le deuxième marché étranger pour le cinéma français (17,4 millions d’entrées), derrière les États-Unis et devant l’Allemagne, et ce avec seulement huit films sortis. Le cinéma français a particulièrement été porté par
Lucy, de Luc Besson. Première alternative étrangère après les États-Unis en termes de spectateurs, le cinéma français ne représente que 2 % de part de marché (et beaucoup moins par le passé : 0,4 % en 2011 par exemple) et demeure donc très minoritaire.
Les films français sont distribués par les grands groupes publics comme par de plus petits distributeurs : China Film Group détient les droits d’une quarantaine de films (Taken 2, Sur la piste du Marsupilami), Huaxia a distribué Colombiana, Le petit Nicolas, Astérix aux jeux olympiques, Indigènes. Le promeneur et l’oiseau a été distribué par Stellar et UGC. Lucy, qui a été distribué par Fundamental Films, a occupé la 19e place des films étrangers et la 36e au global ; son producteur, Europacorp, a en effet signé un accord pluriannuel avec Fundamental Films pour la coproduction et la distribution d’une partie de son line-up. Cette société s’est d’ailleurs engagée à financer à hauteur de 50 millions d’euros le prochain film de Besson, Valérian, qu’elle distribuera également sur le territoire chinois.
Le cinéma français est également diffusé à la télévision (comme sur la chaîne câblée CCTV6) et sur les plateformes de video à la demande. Grace de Monaco d’Olivier Dahan a par exemple rencontré un certain succès en VOD sur Youku.
Il demeure que le cinéma français privilégié en Chine reste un cinéma commercial et grand public (mais pas nécessairement sans qualité), et que les films français les plus ambitieux ou reconnus artistiquement n’y sont pas distribués en salle (ou simplement projetés ponctuellement, en festivals par exemple). Selon Unifrance, sur les dix films français les plus vus en Chine depuis 2000, sept sont des productions EuropaCorp. Cette tendance se retrouve dans le discours des pouvoirs publics chinois qui ont pu reprocher aux films français de n’avoir pas le potentiel commercial nécessaire, et qui tentent d’imposer des projections de recettes minimales à atteindre pour espérer être distribué, qui seraient payées sous la forme d’un MG (minimum garanti) par le distributeur local aux autorités.