Photographie portrait d'Alain Le Diberder, portant un costume cravate.

Alain Le Diberder.

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Alain Le Diberder : « Le vrai problème de l’audiovisuel public est son financement »

À l’heure où les offres de SVOD se multiplient et que les usages de la télévision évoluent, la place de l’audiovisuel public est remise en question. En France comme en Europe, le service public a un rôle important à jouer, défend Alain Le Diberder, spécialiste des médias.

Temps de lecture : 13 min
Passé par le cabinet de Jack Lang en tant que conseiller technique chargé des médias et des nouvelles technologies, Alain Le Diberder a occupé des postes-clés liés aux programmes au sein de France Télévisions, Canal+ et Allociné. Après avoir fondé son cabinet d'architecture en nouveaux médias, il a été, entre 2012 et 2017, directeur des programmes d’Arte. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages sur les industries culturelles, la télévision et les jeux vidéo, dont La nouvelle économie de l’audiovisuel (La Découverte, 2019).
Cet entretien a été réalisé le 19 février 2020. Compte tenu de la propagation de l’épidémie de Covid-19 survenue depuis lors, Alain Le Diberder a répondu par écrit à une ultime question que nous lui avons adressée pour réagir à cette actualité.

Comment se portent les chaînes de télévision en France ?

Alain Le Diberder : Les chaînes privées subissent une stagnation de leurs recettes publicitaires, alors que croissent un certain nombre de leurs coûts, notamment sportifs. Cela les met dans une situation plutôt difficile, sur le plan boursier d’abord : l'action des chaînes privées européennes s'est écroulée et continue à baisser. Par contre, si l’on regarde leurs résultats opérationnels, leurs bénéfices, ils n'ont pas trop baissé.

Quant à la notion de chaînes privées, elle est à relativiser. Lorsque l’on a fait la réglementation, en France, en 1986, une entreprise équivalait à une chaîne. TF1 était une chaîne, M6 était la chaîne M6, et ainsi de suite, alors que maintenant ce sont des groupes. Si l’on considère TF1, ses chaînes TNT, celles qui sont distribuées sur le câble et le satellite ou via l'ADSL, cela fait une dizaine de chaînes. Ces groupes ont jusqu'à présent réussi à maintenir leur rentabilité. Beaucoup de gens disent qu'il s'agit d'un business du passé, que les boursiers s'en méfient, or elles ont maintenu et leur rentabilité et leurs recettes publicitaires. C'est vrai aussi aux États-Unis, les bonnes « vieilles » chaînes, ABC, CBS, NBC, continuent à gagner de l'argent au prix d'une modernisation considérable et d’un changement dans leur façon de travailler.

« En France, il est clair que les chaînes publiques ne sont pas les gagnantes de la période  »

Pour les chaînes publiques, en France, les problèmes sont plutôt à venir que passés : elles voient diminuer leurs emplois, la redevance a même baissé d’un euro — on le sent, les perspectives ne sont pas excellentes. Pour l'instant, on n'est heureusement pas devant une catastrophe, mais force est de constater une stagnation des ressources. Il est clair que les chaînes publiques ne sont pas les gagnantes de la période.

À la fin des années 1980, j'avais écrit avec Nathalie Coste-Cerdan, Briser les chaîne, et ce que nous avions vu se confirme : la notion de chaîne est une notion périmée. Par contre, les groupes de télévision qui distribuent leurs programmes sous forme linéaire, gratuite ou payante, en replay gratuit ou payant, ceux-là ne s'effondrent pas mais changent la façon de proposer leurs programmes et de les rentabiliser. La forme linéaire de proposition de programmes devient secondaire. Mais les groupes télévisuels de par le monde continuent à être des groupes puissants qui produisent, d’avoir une influence et des projets. Ils n’ont pas dit leur dernier mot.

Les ressources financières de la télévision française sont-elles en train de changer de nature ?

Alain Le Diberder : Ce financement repose sur trois sources : les ménages qui s’abonnent à des chaînes privées payantes, la publicité et la redevance (aujourd’hui dénommée, la CAP, contribution à l’audiovisuel public), que l’on peut soit classer dans le financement par les ménages soit dans le financement public. Ces trois sources ne sont pas menacées. Cependant, elles avaient tendance à croître régulièrement depuis les années, mais elles ne croissent globalement plus.

Les ménages n’ont actuellement pas moins envie qu’hier de payer pour de l’audiovisuel, mais on leur propose des offres moins onéreuses. Si quelqu’un se désabonne de Canal+ au profit de Netflix, il économisera de l’argent. Pendant très longtemps Canal+, comme Sky en Grande-Bretagne, coûtait entre 40 et 50 euros par mois avec le décodeur alors qu’un service de SVOD (service de vidéo à la demande par abonnement) coûte maintenant entre 5 et 15 euros par mois. À consommation égale, les ménages dépensent donc moins. En France comme en Europe, au niveau macro-économique, ce montant de dépense pour l’audiovisuel ne croît plus. Les spectateurs investissent moins dans les télévisions payantes classiques et un peu plus dans la SVOD, ce qui revient à dire que les sommes investies ne bougent plus, et c’est cela qui est nouveau.

Deuxième source, le financement par la publicité connaît la même trajectoire. Pendant des décennies, les ressources publicitaires ont cru, la publicité augmentait un peu plus vite que le PIB — parfois deux fois plus vite —, mais, depuis 2005, cet apport stagne. Non pas parce que les entreprises ont moins envie de faire de la publicité pour leurs produits, mais parce qu’il existe des nouveaux supports moins coûteux. La télévision se « vend » de 20 à 23 euros pour 1 000 personnes qui regardent un spot, mais sur les supports numériques, cela revient entre 5 et 10 euros pour 1 000 contacts, des « impressions » comme on dit dans le milieu. En France, le PIB ne croit pas très vite, entre 1 et 2 %, mais les investissements publicitaires croissent moins vite qu’avant puisqu’il existe des supports moins chers. On assiste donc à une stagnation voire à une décroissance des recettes publicitaires de la télévision.

La redevance, troisième source de financement, est régulièrement remise en question. Comment voyez-vous son avenir ?

Alain Le Diberder : Régulièrement, certains députés pensent renvoyer le financement de l'audiovisuel public au budget de l’État, comme c'est le cas dans certains pays scandinaves. D’autres y voient une menace notamment en matière d’indépendance de l’audiovisuel public. Il y a pour moi un vrai et un faux problème.

L'indépendance de l’audiovisuel est une expression politique qui désigne l’indépendance des journalistes pour informer, mais cette question avait un sens au temps du monopole. Aujourd'hui, elle ne se pose plus dans les mêmes termes : il y a des contre-pouvoirs, la volonté de la plupart des journalistes de défendre leur droit d'informer. Dans toutes les grandes rédactions, il y aura toujours des journalistes fayots et des journalistes résistants. L’important est que les seconds ne soient pas sous les ordres des premiers. Le vrai problème, c'est le financement. Il faut que les députés acceptent de n'intervenir que tous les cinq ans sur le budget de l’audiovisuel, une fois par mandat. C'est le cas en Grande-Bretagne, où la redevance est garantie pendant dix ans ! C'est ce qu’il se passe en Allemagne, où le système des redevances est rediscuté tous les quatre ans, mais avec un décalage temporel, ce qui veut dire qu’actuellement on y parle de la redevance de 2026. Il faudrait, en France, une vraie garantie pluriannuelle et des dispositions empêchant le ministère des Finances de tripatouiller les sommes annuellement, ce qui éviterait des interventions constantes pour des raisons opportunistes, politiques, électorales, etc.

Et une fois les budgets votés, et les contrôles faits par le CSA, il faudrait laisser l'audiovisuel public déployer ses projets sans qu'untel ou untel ne vienne mettre constamment son grain de sel. Il y a eu douze rapports sur l'audiovisuel public ces cinq dernières années ! On se croirait dans Le Malade imaginaire, cerné par un essaim de Diafoirus. Ces pressions multiples contraignent les dirigeantes et dirigeants des sociétés publiques à dépenser une énergie considérable pour plaider leur cause parfois en pure perte.

La vraie simplification serait de changer la façon dont les dirigeants rendent des comptes. On peut même s'interroger sur la nécessité de maintenir une compétence spécifique à l’audiovisuel au sein du ministère de la Culture. C’est une relique du passé. Il est normal que le ministère se préoccupe de la place de la culture à la télévision, mais pas nécessaire qu’il ait un avis sur la stratégie numérique ou le nombre de chaînes du groupe public. Pour cela, le CSA devrait suffire.

Comment définir les publics télévisuels ?

Alain Le Diberder : La télévision linéaire vieillit, car les personnes âgées qui la regardent sont en augmentation et les plus jeunes s'en détournent. Maintenant, l'ensemble de l'audiovisuel ne vieillit pas. Il existe effectivement une fracture générationnelle puisque les plus jeunes, de façon très majoritaire, regardent sur d'autres supports — les smartphones, les tablettes. Partout en Europe, les moins de 34 ans ont donc une consommation extrêmement différente de celle de leurs aînés de plus de 50 ans. Depuis deux à trois ans, les régies publicitaires de TF1 ou de France Télévisions s'adressent d’ailleurs aux « shoppers » (les acheteurs), et tentent de sortir de la monoculture de la « ménagère de moins de 50 ans » (rebaptisée femme responsable des achats de moins de 50 ans), qui est de moins en moins là. Un jour peut-être, les annonceurs intégreront totalement dans leur stratégie le fait que le pouvoir d’achat des plus de 50 ans est supérieur, hélas, à celui des jeunes.

L’abandon plutôt rapide de la télévision de rendez-vous par les jeunes apparaît incontestable, même si ceux-ci la retrouvent à de rares occasions, comme lors d’événements sportifs. Pour le reste, on constate une grande stabilité de la consommation des plus de 35 ans, notamment par genres de programmes.

Récemment, il a été beaucoup question d'un engouement pour les séries. Mais le phénomène n'est pas du tout récent ! Les séries américaines ont depuis fort longtemps été l'un des points fort de l'audience de la télévision française. Dans les années 1980, un seul épisode de Dallas avait plus d'audience, à lui seul, que toute une saison de Game of Thrones. Serge Moati, à la tête de FR3 pendant un temps relativement court dans les années 1980, avait déclenché une vague de protestation, car il voulait acheter la série américaine Dynastie pour la diffuser et les protestataires ne voulaient pas d'une telle série sur le service public. On peut même remonter aux années 1950 pour constater l'influence des productions d’outre-Atlantique sur nos chaînes comme Roy Rodgers, Rintintin, etc.

Que vous inspire l'actuel projet de loi sur l'audiovisuel ?

Alain Le Diberder : On se focalise sur la loi, mais les points les plus importants seront dans les décrets : les obligations de production, la chronologie des médias, la publicité, etc. J'ai rédigé un article sur mon blog pour dire que le contexte dans lequel nous évoluons ressemble à une macédoine dans laquelle on trouve des lois et des directives européennes, des accords dans le cadre de l'OMC ( Organisation mondiale du commerce), des accords professionnels, des décisions prises par des organes de régulation comme le CSA (Conseil supérieur de l’audiovisuel). Il ne faut donc pas attendre trop de ce qui n'est qu'une des composantes de ce vaste ensemble, à savoir la loi.

Aujourd'hui, je dirais d’abord que ses effets ne seront pas immédiats. On est loin d’un « big bang ». Je trouve positif le renforcement des pouvoirs du CSA, qui va aspirer l'Hadopi (Haute autorité pour la diffusion des œuvres et la protection des droits sur Internet), et je pense que cela pourrait avoir plus de conséquences et d'effets que la loi elle-même.

« La création de la holding aurait pu être l’occasion de simplifier la tutelle »

Quant au nouveau mode de gouvernance du futur France Médias, une holding, il est difficile d'avoir un point de vue tranché. Du point de vue de l’État, il y a autant de conseils d’administration que de sociétés, donc en matière de tutelle c’est un gain de temps, de rationalité. Du point de vue des entreprises, je ne suis pas sûr que cela leur simplifiera la vie. France Télévisions, par exemple, doit rendre compte à son conseil d'administration, au CSA, au Sénat, à l'Assemblée nationale, au ministère des Finances, au ministère de la Culture, parfois aux contrôles de la Cour des comptes. Il existe un cahier des charges, un contrat d'objectif et de moyens — que l’État respecte rarement —, et même des dispositions inscrites dans la loi. Et maintenant, on risque de voir s'ajouter une couche supplémentaire de « reporting » ! La création de la holding aurait pu être l’occasion de simplifier la tutelle.

Comment se porte l'audiovisuel public en Europe ?

Alain Le Diberder : Les situations sont très contrastées selon les pays. Commençons par ce qui demeure le grand paradis de l’audiovisuel public européen, l’Allemagne. La redevance y est élevée (plus de 17 euros par mois) et collectée sur une base élargie à tous les foyers (équipés d’un téléviseur ou non) ainsi qu’aux entreprises et aux collectivités locales. Et comme il y a 83 millions d’Allemands, le service public en Allemagne dispose de trois fois plus de ressources qu’en France. Il est cependant critiqué en permanence par le lobby des éditeurs de presse privés, Axel Springer en tête. Des pressions existent donc pour réduire les ressources de la ZDF et de l’ARD. Mais la télévision, y compris publique, n’est pas un domaine de compétence de l’État fédéral et, malgré la montée de l’AFD (Alternative für Deutschland, parti d’extrême-droite), résolument anti-télé publique, les télés et radios allemandes sont relativement à l’abri, en tout cas en comparaison avec les autres pays.

À l'autre bout du spectre, on a des pays où le populisme est en train de tuer l'audiovisuel public, comme en Grèce en 2013. En Pologne, de nouvelles dispositions font de la télévision et des radios publiques un simple département du ministère de la Culture avec nomination des dirigeants par l'administration et contrôle par le parti dominant, le PIS. En Belgique flamande, la VRT (Vlaamse Radio- en Televisieomroeporganisatie, Organisme de la radiodiffusion flamande), très créative, est attaquée, année après année, par le parti au pouvoir, et a perdu un quart de ses emplois — ils ont fait une émission de 24 heures, très drôle, dans une cave, pour montrer là où ils en seront dans quelques années.

Entre les deux, il y a le système anglais qui reste prestigieux et créatif mais fait l'objet de menaces de la part de Boris Johnson et de multiples vexations avec cette volonté du pouvoir politique de déplacer — c'est un symbole fort — la BBC hors de Londres. L’institution part de très haut, c'était l'audiovisuel public le plus riche et le plus talentueux, mais les vents contraires soufflent de plus en plus fort, et elle se retrouve aujourd’hui en moins bonne situation que la télévision allemande.

« Comparé à d'autres pays européens, Radio France a seulement remonté la pente en partant d'un point plutôt bas »

La télévision française, elle, est dans une situation intermédiaire. Elle a une redevance relativement faible — donc des moyens faibles par rapport aux Anglais ou aux Allemands —, mais résiste et se débrouille plutôt bien, notamment en radio, où Radio France progresse constamment en matière d’audience. Mais il faut savoir qu'en Grande-Bretagne ou en Allemagne, la radio publique représente, depuis bien des années, plus de 70 % des parts de marché. La France est le pays où les radios privées ont pris très vite une part considérable. Comparé à d'autres pays européens, Radio France a donc seulement remonté la pente en partant d'un point plutôt bas.

D'une façon générale, si on prend les données de l'Union européenne de radio-télévision (UER), l'audiovisuel public européen stagne, il est menacé dans un certain nombre de pays, et nulle part ne se développe — on peut même dire qu'il est entré en résistance. C'est catastrophique sur au moins un plan, parmi bien d'autres, au moment où nous entrons dans le quatrième âge de l'audiovisuel. Le troisième âge était dominé par les chaînes commerciales dès les années 1980, l'audiovisuel était alors une affaire de flux, de jeux, de talk- show à paillettes, les fictions nationales étaient décrétées has been.

« La télévision publique finance 70 % des programmes de stock européens »

Aujourd’hui, c'est totalement l’inverse. Le linéaire est en déclin, et avec lui le light entertainment (divertissement léger). Les plateformes se battent sur la fiction, le cinéma, les grands documentaires. Or, depuis trente ans, malgré tous les mauvais coups qui lui ont été portés, qui produit ce type de programmes en Europe ? L'audiovisuel public. La télévision publique finance 70 % des programmes de stock européens. Les politiques d’atrophie des services publics sont alors à courte vue. Au moment où il y a un raz-de-marée venu du continent américain qui déferle, la seule façon d'y faire face, ce sont les programmes. Lorsque les politiques réduisent (sans parler de ceux qui l’annihilent) les moyens publics, ils ouvrent un boulevard à la concurrence venue d'outre-Atlantique et affaiblissent, voire pire, leur propre production nationale. La nouvelle Commission européenne devrait plutôt s’attacher à augmenter fortement les ressources de l'audiovisuel public. On n’en prend pas le chemin, résultat : les Américains rachètent des sociétés de production européennes. C'est vraiment une occasion perdue !

Quand la directive SMA (Services de médias audiovisuels) est parue il y a deux ans, beaucoup de gens se sont réjouis en se disant : « C'est bien, nous avons réussi à imposer que les plateformes des États-Unis passent 30 % de programmes européens. » Mais c'est triste ! On est passé d'une directive, en 1989, Télévision sans frontières (TSF), où l'Europe s'adressait à des entreprises européennes, des chaînes, en leur disant : pas plus de 50 % de programmes européens. Trente ans après, on ne s'adresse plus à des entreprises européennes mais américaines, en leur disant, soyez sympas, passez au moins 30 % de productions européennes. On a changé d’interlocuteurs, de quotas, et d'exigences. C’est une défaite, pas une victoire.

D'où votre idée de mettre en place des plateformes européennes de service public ?

Alain Le Diberder : Cela me paraît être cohérent avec ce que je viens de développer. Cela permettrait de créer une assise pour la production de programmes de fictions et de documentaires. Le privé pourrait le faire aussi, certes, mais le problème est que le l’audiovisuel privé en Europe n'a jamais pu s'entendre. Bertelsmann, Berlusconi, ont essayé en leur temps de monter des alliances européennes mais se sont cassé les dents. ITV (Independent Television service) est resté purement anglais, la CLT (Compagnie luxembourgeoise de télédiffusion) est demeurée dans son pré carré, Sky a été rachetée par les Américains, Canal+ ne s'est guère étendu, etc. Il y a eu une plate-forme privée qui aurait pu être le Netflix européen, c’est LoveFilm qui avait un financement norvégien et s'est, in fine, vendue à Amazon. Ces groupes rivaux n'ont donc jamais pu nouer d'alliances durables, ce qui n'est pas le cas des chaînes publiques, car elles ne sont pas en situation de rivalité. D’où cette proposition logique. Une utopie en laquelle je crois comme réponse réaliste et nécessaire.

Quel rôle peut ou doit jouer selon vous l’audiovisuel public dans un moment comme celui de l’épidémie de Covid-19 ?

Alain Le Diberder : Dans une période de danger collectif majeur, qu’il s’agisse d’épidémie, de catastrophe naturelle majeure, de terrorisme ou de guerre, on attend d’abord de l’audiovisuel public qu’il soit un instrument au service de l’autorité publique. Ce n’est pas dans ces circonstances qu’il doit faire la preuve de son indépendance rédactionnelle, même si, le danger passé, cela doit redevenir une de ses qualités. Il me semble que dans le cas particulier du confinement de la population, s’ajoutent à cette mission deux autres priorités auprès des deux extrémités de la pyramide des âges. Pour les plus jeunes, la participation au service d’éducation à distance, comme l’a fait rapidement France 4. Et pour les plus âgés, qui par ailleurs sont une composante majeure de l’audience des chaînes publiques de radio et de télévision, le maintien d’un rythme normal, rassurant, accompagnant une vie quotidienne contrainte sans en aggraver la tension.

J’ajouterais que si l’épidémie est un phénomène mondial, le virus, lui, est local, et la période récente montre qu’il manque un vrai média audiovisuel public local d’information dans notre pays. Et je ne pense pas que ni France Bleu ni France 3, dans leurs formes de programmes actuelles, aient été à la hauteur de ce dont le public avait besoin.

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