Le flux, une variable d'ajustement à 1,5 milliard d'euros ?

Le flux, une variable d'ajustement à 1,5 milliard d'euros ?

Compte rendu des deuxièmes rencontres professionnelles des programmes de flux organisées par le SPECT en collaboration avec Ina Expert.

Temps de lecture : 2 min

Le SPECT (Syndicat de producteurs et créateurs d'émissions de télévision), en collaboration avec Ina Expert, organisait, le 29 avril dernier, la deuxième édition des Rencontres professionnelles des programmes de flux.

Selon le CSA, le flux représente 45 % du volume horaire des programmes (page 38). Toutefois, il est souvent considéré comme le parent pauvre de l'audiovisuel, une variable d'ajustement. C’est sur cette question qu’a porté la première partie des échanges.

Marc Lhermitte et Solenne Blanc ont à cette occasion présenté l’étude EY sur le poids économique et social de l’ensemble de la filière de programmes de flux. Il en ressort que le chiffre d’affaires généré par la production de programmes de flux représente 1,5 milliards d’euros, soit l’équivalent de l'ensemble de la filière de la radio (1,3 milliards d’euros). 19 % de ce chiffre d’affaires est réalisé par cinq producteurs. L’autre chiffre à noter est la part du coût des programmes de flux dans le coût total de la grille des programmes : 30 %, soit 1,6 sur 5,3 milliards d’euros. La filière du divertissement TV, c’est également 50 800 personnes employées, pour un équivalent de 11 800 équivalents temps plein.
 
Pour France Télévisions, représenté par Martin Ajdari, le flux représente 450 millions d’euros pour 300 émissions par an produites en collaboration avec 135 producteurs indépendants. Parmi eux, Pierre-Antoine Capton estime que la suppression de la publicité sur les chaînes du service public après 20 heures a déstabilisé la filière. Cette situation l’a conduit, pour garantir le développement de sa structure, à diversifier ses activités en produisant également de la fiction ou du spectacle vivant. 
 
Le constat de la déstabilisation de la filière était largement partagé. Pour Nicolas Coppermann, président d’Endemol France, les producteurs ont de moins en moins de temps pour s’installer et pour réussir. Conséquence : l’expérience de Plus belle la vie ne serait plus possible aujourd’hui. 
Grégoire Olivereau, président d’Eden, a témoigné avoir divisé par deux en huit ans le coût de production à la minute, tout comme son taux de marge, qu’il tente de préserver en faisant de moins en moins appel à des prestataires techniques. L'internalisation de l’intégration des nouveaux médias et des réseaux sociaux dans les programmes (Social TV) n'est, selon lui, qu'une question de temps.
 
La seconde partie des débats fut consacrée aux formats « made in France ». La question se pose en effet puisque les programmes de flux produits en France s’exportent peu. D’ailleurs, l’étude d’Endemol qu’a présentée Vincent Gisbert, délégué général du SPECT, révèle qu'aucun format français ne fait partie des formats les plus performants diffusés depuis 2000. The Voice, format britannique, truste ainsi la première place avec une exportation dans 55 territoires.
 
En ce moment, tout le monde regarde vers Israël. C’est en effet là-bas que Tmira Yardeni a créé, en collaboration avec Keshet, Rising Star.
 
 

Ce programme à succès y réuni jusqu’à 45 % des téléspectateurs. C’est M6 qui a acheté la licence d’exploitation lors du dernier MIPCOM pour une diffusion prochaine en France. 
Tmira Yardeni a expliqué lors de ces Rencontres le besoin de trouver un équilibre entre mainstream et audace. Israël offre selon elle un cadre propice à cela. Par exemple, les chaînes achètent une saison complète, les pilotes n'existent pas ! Il y a un goût certain du risque.
 
Comment expliquer cette étrange exception française ? Plusieurs points de vue ont été exprimés. Thierry Thuillier a admis que France Télévisions commandait trop de programmes sur-mesure, tandis que Philippe Chazal a estimé que les formations pour apprendre à créer des formats étaient insuffisantes. Pour Gérald-Brice Viret, la vrai source du problème vient du fait que les programmes de flux ne soient pas, en France, considérés comme des œuvres.
 
Sébastien Cauet a quant à lui attiré l’attention sur la différenciation des résultats selon les supports : les formats qui font de l'audience à la télévision ne sont pas les plus consultés sur le web, et vice-versa. Le vrai défi étant pour lui de connecter les univers du web et de la télévision.

Catherine Barma, enfin, a souligné qu'avant de penser à l'international, le marché français est la priorité des nouveaux formats, malheureusement très minoritaires. Chacun s'est accordé à dire que l'investissement en recherche et développement permettrait de résoudre une partie du problème. --
Crédit photo : INA

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