Le magazine est également devenu une grosse affaire pour le marché de la publicité. Le nombre d'annonces et de publicités donne souvent l'impression d'être plus abondant que le contenu de l'information. Dans un numéro examiné, le numéro 2177 du 11/08/2010, sur un total de 150 pages, 77 ont été consacrées à des publicités (stations de télévision, constructeurs automobiles, banques, bijouteries, magasins de vêtements, cliniques et autres).
Aujourd'hui, le magazine est l'un des véhicules principaux de la presse brésilienne, en dépit de vives critiques sur son parti pris éditorial en matière de politique, principalement (Observatoire de la presse). Lors des épisodes de scandales dans la vie politique, notamment ceux qui ont eu lieu au Congrès et dans le gouvernement Lula, Veja s'est distinguée par la couverture des commissions d'enquête parlementaires, les CPI (CAMAROTTI et de LA PENA, 2005).
Sa position politique est nettement « anti-PT » (Parti des Travailleurs, le parti du président, Luiz Inácio Lula da Silva) et « anti-gauche ». A titre d'exemple, la couverture du 10.03.2010 "La maison du trésorier du PT tombe", ou du 17/03/2010 "Il touche 12 % de commission pour le Parti", ou du 07.10.201 "Le monstre du radicalisme : La bête que le candidat Lula a su dominer menace maintenant Dilma".
En 2010 (jusqu'à la première semaine d'août), outre les évènements politiques et la Coupe du monde, Veja a principalement investi dans la production d'articles liés à la santé (sept couvertures) et aux comportements (cinq couvertures).
Recherche
En tant que plus grand magazine de circulation au Brésil, Veja a suscité l'intérêt des chercheurs de différents domaines et a été un thème d'études de maîtrise et de doctorat. Une maîtrise de l'Université de Brasília (UnB) a ainsi analysé tous les documents de la publication sur l'environnement en 11 ans, 1990-2001 (FREITAS, 2003). Le chercheur voulait examiner les contributions des articles aux politiques publiques en faveur de l'environnement. Sa conclusion était qu'elle avait bien eu une influence sur de nombreux sujets de l'action publique, mais que souvent, à l'inverse, l'action du gouvernement a servi de référence à Veja.
Carla Luciana Silva, professeure d'histoire à l'Université de l’Etat du Paraná, a passé plusieurs mois à lire des piles de vieilles éditions de
Veja (715 échantillons ont été analysés). L'analyse est devenue une thèse de doctorat en 2009, puis un livre : "Veja : l'indispensable parti néo-libéral" (Estunioeste, 2009, 258 pages). La thèse de Silva est que
Veja a agi en tant qu'agent politique au Brésil.
• Dans votre étude, comment avez-vous perçu l'influence de Veja ?
Carla Luciana Silva : Cette question comporte deux aspects. Tout d'abord, il est indéniable que ce magazine arrive dans beaucoup d'endroits qui sont inaccessibles aux autres véhicules de diffusion de la pensée, les bibliothèques des écoles et des universités, les salles d'attente des médecins, etc. Nous n'avons pas la mesure exacte de cette audience et des études des formes de sa réception sont nécessaires. Nous savons qu'il est lu dans les milieux politiques et que, d'une certaine façon, il les influence.
Mais il y a un deuxième aspect associé au premier, le rapport que le magazine cherche à établir avec la société : le magazine cherche à se situer comme défenseur des intérêts de la société, comme porte-parole "des Brésiliens" de façon diffuse, imprécise. Il fait ainsi une double bonne opération : la disparition des sujets réels auxquels il donne réellement la parole, tout est dit comme si c'était l'intérêt de tous. En outre, il cache complètement qu'il fait également partie de la société, puisque la société n'est pas un ensemble homogène, mais l'expression de rapports sociaux, et donc de conflits sociaux et de classe. Ce n'est pas par hasard que l'un de ses slogans a longtemps été "Veja, les yeux du Brésil". De tous les Brésiliens, une notion qui ne laisse pas d'espace à la réalité des luttes sociales. Il est intéressant de noter que le discours qu'il crée accuse toujours ceux qui s'opposent au système d'être idéologiques, alors que son propre discours ne serait pas idéologique, c'est à dire serait l'expression de la vérité.
• Quels sont les principaux intérêts défendus par Veja au fil des années dans la politique ?
Carla Luciana Silva : Vous ne pouvez pas séparer ses intérêts politiques de ses intérêts économiques. Quand je dis cela, je ne me réfère pas seulement aux intérêts directs et immédiats du groupe Abril. Je me réfère à ce que nous appelons la grande politique, la politique qui définit l'orientation de l'économie, la manière d'organiser la production, les formes de la reproduction capitaliste. Ce fut la grande ligne d'action de la revue. Dans les années 1990, l'occasion s'est présentée de rendre le néolibéralisme hégémonique. Et cela a été le thème central du magazine. Il le fait non seulement pour ce qui est strictement économique ou politique, mais il y a un ensemble de mesures pédagogiques qui enseigne aux lecteurs comment se comporter, créer des modes de vie et de pensée appropriés pour ce modèle. Il faut examiner systématiquement la revue pour comprendre cette attitude, qui est parfois évidente, mais parfois non.
• Tout au long de la période d'étude quelles ont été les différences les plus importantes du côté politique ?
Carla Luciana Silva : Il est difficile de répondre à cette question en quelques lignes. Dans mon livre, j'ai discuté de la relation de Veja avec les divers gouvernements, ceux de Fernando Collor, d'Itamar Franco et de Fernando Henrique Cardoso. Le magazine avait une position cohérente, défendre les intérêts néo-libéraux, ou, comme il le dit, les intérêts libéraux. Prenons un exemple concret, la relation de la revue avec la Constitution brésilienne. Depuis sa promulgation, en 1988, le magazine a donné une voix aux détracteurs de la Constitution, qui jugeaient le pays incontrôlable, en raison de cette Constitution « trop sociale ». Mario Henrique Simonsen est un exemple de cette attitude dans le magazine. João Paulo dos Reis Velloso, du Forum National, également. C'est pourquoi la tentative de réforme constitutionnelle de 1993 était si soutenue par Veja, qui a produit en conséquence des textes extrêmement didactiques. Le climat politique n'a pas permis la réforme dans la mesure souhaitée par Veja à l'époque. Toutefois, les points clés ont été modifiés, dans la pratique, pendant le gouvernement de Fernando Henrique Cardoso, notamment la question de la réforme des retraites. Ces affrontements ont été suivis de près et systématiquement recueillis par le magazine, qui a été profondément hostile aux mouvements sociaux qui se sont formés contre ces réformes. Cette logique persiste au cours du gouvernement de Lula da Silva.
Entretien recueilli le 9 Août 2010
Articles
Veja est aussi « une source d'analyse » pour la publication d'articles dans des forums et des sites Web qui analysent la presse.
Veja est souvent cité sur l'un des sites les plus renommés de la presse écrite au Brésil, "
L'Observatoire de la presse". Le site, lancé en avril 1996 et qui a maintenant une version pour la télévision et la radio, est un véhicule axé sur la critique journalistique des médias (en général, presse écrite, télévision, radio et Internet). La critique sur les matériaux de
Veja dans les articles publiés se réfère à toutes sortes de questions et de ne se concentre pas seulement sur les questions politiques ou d'enquête. En 2010, plus de 300 articles ont été publiés sur
Veja. Jusqu’en août 2010 le sujet le plus traité de l’année a été le cas de Bruno (gardien de but du Flamengo, une équipe de football de Rio de Janeiro), accusé du meurtre de son ex-maitresse. Et avec la proximité des élections présidentielles au Brésil, les questions relatives aux principaux candidats en lice : Dilma Rousseff, PT, et José Serra, du PSDB.
Journalisme politique : Veja et les élections présidentielles au Brésil en 2010
Pendant la période pré-électorale de 2010, Veja a publié de vives critiques du PT, le Parti des travailleurs comme il avait été fait pour d'autres élections. Le magazine a lancé un site web consacré à la
campagne présidentielle. Le site dispose d'un espace pour les électeurs, des articles sur les lacunes dans les infrastructures, la santé, l'éducation, ainsi les propositions, le profil et l'agenda des candidats.
Veja et la télévision
Le magazine Veja est largement utilisé comme une référence sur les chaînes de télévision, comme d'autres journaux et magazines nationaux et internationaux (BARBEIRO, 2002). En dépit d'être un magazine hebdomadaire qui publie les faits saillants de la semaine et des informations déjà transmises par les réseaux de télévision, ses articles et ses scoops sont souvent cités par les radio diffuseurs.
Le
Jornal Nacional, principal journal télévisé de la TV Globo, chef de file de l'audience au Brésil, cite souvent la revue. Il est à noter que les principales citations concernaient des articles touchant aux intérêts de la famille Marinho, comme un reportage du magazine qui montrait que l'argent des croyants de l'Église Universelle (évangeliste) était détourné vers la station de télévision de Edir Macedo, la TV Record (principal concurrent de Globo TV). Le magazine affirme qu'en trois ans ont été détournés
1 milliard de Dollars (ou €600 millions).
Veja : les éditions spéciales
VEJA offre également des publications spéciales destinées à de grandes villes, comme
Veja São Paulo et
Veja Rio de Janeiro. Des articles spéciaux sont consacrés à la capitale de l'État ainsi que des nouvelles sur les quartiers et une longue liste d'attractions et de spectacles, théâtre, films projetés dans les cinémas, restaurants et cafés, outre les expositions et des nouvelles axées sur l'architecture et le marché immobilier.
Audience internationale
Les articles publiés par
Veja sont souvent cités et utilisés comme source dans la presse internationale, en particulier dans les domaines politiques et des faits divers.
The Guardian a utilisé
Veja comme source pour parler d'un film sur le président Lula et l'a cit&eac
ute; à propos de la proximité entre Lula et le président d'Iran Mahmoud Ahmadinejad.
The Times a aussi utilisé
Veja comme une source pour parler de Lula lors de
l’assemblée de l'ONU.
Au cours des 15 dernières années, plusieurs journaux et magazines comme
The New York Times et
Newsweek ont également publié plusieurs rapports et articles sur Veja.