Repenser l’industrie du cinéma à l’ère numérique
Un ouvrage pour comprendre les bouleversements qu’induit Internet dans l’industrie du cinéma.
En tout juste 40 ans, le karaoké est devenu un élément incontournable de la vie quotidienne des Japonais et un des premiers loisirs pratiqués dans l'Archipel(1). Que l'on aille au karaoké entre amis, en famille, pour signer un contrat, pour quelques heures ou pour toute la nuit, le karaoké est désormais profondément ancré dans la vie sociale. Cette pratique culturelle qui s'est étendue au reste de l'Asie avec le même succès et en partie dans le reste du monde, génère au Japon d'importants revenus, bien que ceux-ci soient en diminution depuis quelques années. Aux petits bars ont succédé d'immenses complexes de « karaoké-box », moins chers mais offrant aussi un cadre uniformisé : en se démocratisant, le karaoké pourrait bien avoir perdu un peu de son âme.
Voyant le succès que cela connaît, il met au point une sorte de juke-box combinant magnétophone et microphones : le karaoké est né. Il fabrique alors onze machines similaires qu'il va louer dans des bars et clubs de Kobe. Ironie de l'histoire : n'ayant jamais déposé de brevet, cette invention ne lui rapportera rien et sera copiée à l'envie par de plus grandes compagnies. Dans les années 2000, sa petite entreprise de karaoké dont il avait confié les rennes à son frère a fait d'ailleurs faillite. Aujourd'hui, le brevet de la machine karaoké serait détenu par un Philippin, feu Roberto Del Rosario, président de Trebal Music Corporation et créateur du Karaoke Sing Along System en 1975. Cet homme d'affaires a gagné dans les années 1980 deux procès contre des firmes japonaises, ce qui lui permit de déposer les brevets(2).
Le karaoké à ses débuts combine un magnétophone huit pistes fonctionnant sur cassette audio, deux microphones et des enceintes. L'arrivée du disque laser dans les années 1990 va révolutionner le concept en y ajoutant la vidéo. Jusqu'alors les karaokéistes chantaient en suivant les paroles sur un livre : c'est désormais à l'écran que les paroles s'affichent. Viennent ensuite l'utilisation CD+G(3) puis du DVD. Dans les années 1990, la dématérialisation est en marche. Utilisant d'abord la transmission par liaison téléphonique normale, à la manière du Minitel, les karaokés sont de plus en plus des ordinateurs dont les données sont transmises par ADSL ou fibre optique. Plusieurs dizaines de milliers de chansons japonaises ou étrangères sont accessibles au public. Le dernier modèle de Daiichi Kosho, le LIVEDAM, peut contenir jusqu'à 135 000 chansons. Des innovations sont également apportées sur les effets sonores pour améliorer la voix des chanteurs amateurs ou sur les contrôleurs à écrans tactiles sans fil permettant de programmer ses chansons, innovation réalisée par un partenariat entre le groupe XING et IBM(4).
Au sein des industries de loisir au Japon, l'industrie du karaoké est celle générant le plus de profits.
Au sein des industries de loisir au Japon, l'industrie du karaoké est celle générant le plus de profits. En 2010, le chiffre d'affaires pour l'ensemble du secteur avoisine ainsi les 8 milliards d'euros(5). Un chiffre très important si on le compare aux 2 milliards d'euros d'entrées réalisés la même année dans les cinémas nippons. Il faut cependant distinguer au sein de cette industrie trois types d'acteurs. Les fabricants qui produisent les machines et le contenu audiovisuel sont aussi ceux réalisant le plus petit chiffre d'affaires – 635 millions d'euros en 2010. Les opérateurs intermédiaires louent les machines, les chansons et fournissent divers services aux exploitants, notamment de maintenance. Ces opérateurs commercent surtout avec les bars et clubs dont le karaoké n'est pas la principale activité, et leur chiffre d'affaires global s'élève à 1,8 milliard d'euros en 2010. Enfin, les exploitants sont les karaoké-box ou les bars et clubs proposant le karaoké à leur clientèle. Avec un chiffre d'affaires global de 5,6 milliards d'euros en 2010, c'est le secteur le plus profitable de cette industrie. Mais comme nous allons le voir, l'industrie du karaoké tend à se concentrer et plusieurs groupes regroupent sous leur bannière l'ensemble des secteurs de cette industrie.
Plusieurs grands groupes se partagent en effet aujourd'hui le marché du karaoké. Le principal s'appelle Daiichi Kosho. Crée en 1973, il a intégré tous les éléments de cette industrie. Outre la production de hardware – avec la série des Dam, leader sur le marché depuis 1997 – et de software – vidéo et chansons –, ce groupe possède aussi la première chaîne de karaoké-box, Big Echo, avec 229 magasins au Japon(6). Disposant d'un capital de 111,8 millions d'euros, il emploie en 2011 plus de 3 000 salariés. Son chiffre d'affaires augmente légèrement et s'établit à 1,2 milliard d'euros pour l'année fiscale 2011. Depuis 2001, il a réorienté sa stratégie vers un public âgé avec DK Elder, dont le but est de rassembler des personnes âgées, de les faire chanter car, selon le groupe, « la plupart des enquêtes montrent que c'est bon pour la santé. ». Daiichi Kosho a surtout compris qu'avec une population vieillissante, il y avait tout intérêt à réorienter sa stratégie vers un public senior.
- Graphiques : Mathieu Gaulène
- Karaoké-box : styrka / flickr
Entretien avec Shirô KATAOKA, président de l'Association nationale des entreprises du karaoké (zenkoku karaoke jigyô kyôkai, JKA), 15 mars 2012.
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