Panorama des principaux groupes de karaoké
Au sein des industries de loisir au Japon, l'industrie du karaoké est celle générant le plus de profits.
Au sein des industries de loisir au Japon, l'industrie du karaoké est celle générant le plus de profits. En 2010, le chiffre d'affaires pour l'ensemble du secteur avoisine ainsi les 8 milliards d'euros. Un chiffre très important si on le compare aux
2 milliards d'euros d'entrées réalisés la même année dans les cinémas nippons. Il faut cependant distinguer au sein de cette industrie trois types d'acteurs. Les
fabricants qui produisent les machines et le contenu audiovisuel sont aussi ceux réalisant le plus petit chiffre d'affaires – 635 millions d'euros en 2010. Les
opérateurs intermédiaires louent les machines, les chansons et fournissent divers services aux exploitants, notamment de maintenance. Ces opérateurs commercent surtout avec les bars et clubs dont le karaoké n'est pas la principale activité, et leur chiffre d'affaires global s'élève à 1,8 milliard d'euros en 2010. Enfin, les
exploitants sont les karaoké-box ou les bars et clubs proposant le karaoké à leur clientèle. Avec un chiffre d'affaires global de 5,6 milliards d'euros en 2010, c'est le secteur le plus profitable de cette industrie. Mais comme nous allons le voir, l'industrie du karaoké tend à se concentrer et plusieurs groupes regroupent sous leur bannière l'ensemble des secteurs de cette industrie.
Plusieurs grands groupes se partagent en effet aujourd'hui le marché du karaoké. Le principal s'appelle Daiichi Kosho. Crée en 1973, il a intégré tous les éléments de cette industrie. Outre la production de
hardware – avec la série des Dam, leader sur le marché depuis 1997 – et de
software – vidéo et chansons –, ce groupe possède aussi la première chaîne de karaoké-box, Big Echo, avec 229 magasins au Japon. Disposant d'un capital de 111,8 millions d'euros, il emploie en 2011 plus de 3 000 salariés. Son chiffre d'affaires augmente légèrement et s'établit à
1,2 milliard d'euros pour l'année fiscale 2011. Depuis 2001, il a réorienté sa stratégie vers un public âgé avec DK Elder, dont le but est de rassembler des personnes âgées, de les faire chanter car, selon le groupe, « la plupart des enquêtes montrent que c'est bon pour la santé. ». Daiichi Kosho a surtout compris qu'avec une population vieillissante, il y avait tout intérêt à réorienter sa stratégie vers un public senior.

La machine du groupe XING, la Joysound, fut pendant longtemps leader sur le marché du karaoké. Mais, avec l'apparition des machines DAM à partir de 1994, Xing est détrôné en 1997. Il reste aujourd'hui leader sur l'exportation vers le monde occidental et en particulier vers les États-Unis. Son capital est estimé à 64,5 millions d'euros et il a réalisé pour l'année 2011 un chiffre d'affaires de 32,6 millions d'euros. En 2008,
XING employait 600 personnes. Il s'est progressivement tourné vers le marché juteux du contenu et est devenu aujourd'hui leader dans la production de chansons-karaoké destinés à des karaoké-box de taille moyenne et aux restaurants ou bars karaoké. Il s'est implanté également sur le marché de la vente de sonneries à destination des portables via son site « pokemero JOYSOUND ». En 2009, il a absorbé le groupe BMB, et avec son offre JOYSOUNDxUGA combinant machine et contenu audiovisuel, il est redevenu leader sur le marché du hardware en 2010 devant Daiichi Kosho et sa série des DAM. Les deux groupes aujourd'hui se tiennent tête et occupent à eux deux l'ensemble du marché. Xing s'est également illustré par la création d'un jeu vidéo de karaoké
Joysound, produit pour la console Wii de
Nintendo.
Outre Big Echo, il existe d'autres chaînes de karaoké-box. C'est le cas par exemple de Karaoke Kan, créé en 1990 et dont l'établissement de
Shibuya est célèbre pour être apparu dans le film Lost in Translation de Sofia Coppola. Il appartient au groupe B&V, créé en 1984, dont le capital est de 9 millions d'euros et qui emploie 2 600 personnes. Pour l'année 2011, son
chiffre d'affaires s'élève à 244 millions d'euros. Il existe 118 Karaoké Kan au Japon, qui accueillent chaque année 17 millions de clients. Plus récemment, avec les Manga Net Kan, B&V s'est également lancé sur le marché des cybercafés, lieux clos où pour environ 10 euros on peut
lire des mangas mais aussi utiliser Internet, regarder des films, prendre une douche... ou dormir.
On peut également citer le groupe Shidax Community créé en 1993 et possédant plus de 300 restaurants-karaokés sur tout le territoire japonais. En 2011, ce groupe a vu son
chiffre d'affaires augmenter jusqu'à atteindre près de 1,8 milliard d'euros. Le groupe possède également une chaîne de restaurants, Patina Restaurant. Enfin, preuve de la vigueur du secteur, signalons la création en 2008 du groupe Koshidaka et de ses karaoké-box
Manekineko. En plus de posséder une chaîne de
onsen (bain thermal), le groupe a récemment eu l'idée de lancer une sorte de capsule-karaoké pour une personne, le
One-Kara, répondant ainsi à un phénomène répandu au Japon où des personnes seules se rendent au karaoké. Si la logique commerciale est imparable, il y a lieu de se questionner sur ce phénomène qui va à l'encontre de l'esprit originel du karaoké, qui consiste à chanter ensemble, en mangeant et en buvant quelques verres…