Le marché du livre jeunesse en quelques chiffres
Avec un
chiffre d’affaires de 625,2 millions d’euros en 2015, le livre jeunesse assure 18 % du chiffre d’affaires total de l’édition. Les 80 millions d’exemplaires vendus représentent 25 % du volume du marché .
Le site
Ricochet-Jeunes recense plus de 600 éditeurs de jeunesse francophones, parmi lesquels 150 environ publient régulièrement pour ce lectorat. Le secteur n’échappe pas au phénomène de concentration qui touche l’édition tout entière : les groupes Hachette (17,4 %, avec Hachette Jeunesse, Hachette Jeunesse Disney, Le Livre de poche Jeunesse), Editis (17,3 %, avec Nathan Jeunesse, PKJ, Gründ), Madrigall (12,4 %, avec Gallimard Jeunesse, Folio Junior, Flammarion, Père Castor, Casterman) et Bayard (8,3 %, Bayard Jeunesse, Milan) réalisent à eux quatre plus de la moitié du chiffre d’affaires. À côté, Fleurus (4,3 %), L’École des loisirs (3,5 %), Panini (2,6 %), Play Bac (1,2 %), les départements jeunesse de maisons généralistes comme ceux d’Albin Michel (2,5 %), Le Seuil (1 %), etc. Puis, contribuant à eux tous à hauteur de 20,7 % du chiffre d’affaires, une multitude de petits éditeurs : Thierry Magnier, Hélilum (maisons associés d’Actes Sud), Sarbacane, Rue du monde, L’atelier du poisson soluble…On pourrait en citer de nombreux autres, dont l’audace artistique et le militantisme culturel concourent indéniablement à la vitalité du secteur.
Les chiffres-clés des panels GFK subdivisent le marché du livre jeunesse en sept groupes :
- la « lecture », c’est-à-dire les romans (35 % du chiffre d’affaires), qui connaît une baisse des ventes en poche mais une augmentation des grands formats ;
- les albums (21 %), un segment marqué par un marketing intensif sur les collections leaders, avec de nombreux petits livres autour de 5 €, qui représentent un chiffre d’affaires impressionnant ;
- l’éveil (11 %), pour les bébés, qui suscite une forte demande, avec un développement des livres jeux ;
- les documentaires (10 %) globalement en érosion,
- les coloriages et jeux (13 %) et activités pratiques (7 %), deux segments en forte croissance depuis quelques années, portés par les licences Disney et les effets de mode, avec des titres souvent vendus à très bas prix en hypermarchés ;
- les livres audio (3 %), une niche d’une grande stabilité.
Depuis plusieurs années, le marché du livre jeunesse est globalement constant en volume et progresse en chiffre d’affaires, avec une croissance sensiblement supérieure à la moyenne du marché du livre (+ 1,4 % en 2015). Mais les réalités qu’elle recouvre sont contrastées. La production augmente (+ 5,4 % en 2014, avec 11 100 nouveautés) mais pas les ventes moyennes (autour de 2 300 exemplaires). Les bons résultats qu’affiche l’édition jeunesse dépendent fortement de quelques best-sellers, en grand format, à prix élevé : en 2015, on retrouve dans le « top 20 » huit titres des sagas L’Épreuve (Pocket Jeunesse), Divergente (Nathan) ou Héros de l’Olympe (Albin Michel) et trois livres de John Green (auteur de Nos étoiles contraires, chez Nathan). En outre, les licences et personnages récurrents sont toujours aussi largement plébiscités : entre la fin 2014 et la fin 2015 se sont vendus 450 000 albums sous licence « La Reine des Neiges », et les séries Monsieur et Madame (Hachette), T’Choupi (Nathan) et Le Loup (Auzou) ont totalisé 3,6 millions d’exemplaires.
Face à ces titres phares et parmi une offre pléthorique, les éditeurs déploient des trésors d’inventivité : découpes, pop-ups, intégration de matières, reliures particulières, impressions inattendues, puces intégrées pour faire parler les livres, voire réalité augmentée… Une sophistication de fabrication qui peut faire la différence lors des fêtes de fin d’année, durant lesquelles peuvent se vendre des livres au-dessus de la barre des 20 € et où se joue 15 à 20 % du chiffre d’affaires annuel de l’édition jeunesse.
Le marché du livre jeunesse est enfin un marché mondialisé. La moitié des romans destinés aux plus de 10 ans sont traduits de l’anglais. En 2014, l’édition jeunesse comptait ainsi près de 2 050 traductions vers le français et 3 300 cessions de droits à la traduction (soit 17 % des traductions vers le français et 25 % des cessions françaises réalisées cette année
). À ce titre, la Foire du livre de Francfort et la Foire internationale du livre de jeunesse à Bologne sont deux rendez-vous incontournables. Si les anglo-saxons restent les plus gros vendeurs de droits, la
french touch aussi séduit les éditeurs étrangers. Et pour preuve : elle fait chaque année bonne figure dans le palmarès des prestigieux
Bologna Ragazzi, qui récompensent le meilleur de l’édition jeunesse mondiale. Citons aussi les outils de promotion que sont par exemple le
catalogue annuel réalisé par le Bureau international de l’édition française (Bief) ou le
concours Voyage à Bologne, organisé par la Charte des auteurs et illustrateurs jeunesse, qui soutient la fine fleur de l’illustration française.