Qui n’a jamais pesté devant une vidéo qui se lance de manière intempestive ou une appli qui oblige à appuyer cinq fois sur l’écran pour accéder à une information ? C’est pour éviter ces écueils que de plus en plus d’applications mettent l’expérience utilisateur au cœur de leur service.
Née dans les années 1990, l’expérience utilisateur, communément appelée UX pour
« User Experience »
a pour but de rendre les applications informatiques simples à utiliser, intuitives et utiles pour les usagers. Une table ronde a été organisée sur ce thème à l'occasion des Rencontres Radio 2.0.
Pourquoi l’expérience utilisateur (UX) est-elle importante pour concevoir des applications radios et lesquelles (desktop, tablette, mobile) ?
Laurent Frisch : Le plus important, ce qui est même fondamental, c’est de
comprendre les usages des auditeurs connectés : ceux qui viennent sur nos applications, ceux qui qui ne viennent pas – et peut-être ne viendront jamais – sur nos applications.
La première question à laquelle il faut répondre est donc celle-là : comment toucher l’auditeur au bon endroit, au bon moment, et avec quel contenu. Il découlera des nombreuses réponses qu’il existe un parcours utilisateur qui passe par nos sites et applications, et qu’au moment où l’auditeur connecté arrivera sur nos sites et applications, ceux-ci doivent être immédiatement utilisables. C’est-à-dire : clairs et simples.
Jean-Éric Valli : La préoccupation majeure c'est de faire quelque chose qui est très simple et agréable pour l'utilisateur. Par exemple on évite de faire des grandes listes de choix, on fait des choses qui sont utilisables facilement en appuyant sur des boutons, très intuitives, qui ne demandent pas d'explication, qui ne sont pas dans une démarche intellectuelle, mais dans celle de toucher un objet. L’angle vraiment important, c’est de faire quelque chose qui est compatible pour tous les supports. Parce que ce n'est pas du tout logique d'avoir une ergonomie sur l'un, une ergonomie sur l'autre, il faut absolument que ça se recoupe.
Quelles sont les spécificités du son et de la radio à prendre en compte dans l’ UX ? Pouvez-vous donnez un exemple ?
Laurent Frisch : La spécificité du son est qu’il s’écoute en faisant autre chose, contrairement à la vidéo ou au texte qui captent toute l’attention. C’est une opportunité pour enrichir l’expérience utilisateur lors d’une écoute. Ainsi, le nouveau site
francebleu.fr adopte un «
player persistent », qui ne bloque pas la navigation sur le site. L’auditeur peut lancer un son (l’écoute d’une station en direct, ou un son à la demande) et naviguer d’un article à l’autre.
Jean-Éric Valli : Je ne sais pas si c'est lié à l'UX particulièrement, c'est l'idée qu'on doit pouvoir entendre du son instantanément quand on appuie sur un bouton. Donc, derrière il faut une petite stratégie de buffering : quelque chose qui fait que le son n'est pas loin. Après il ne faut pas de bruits parasites quand on passe d'un flux à l'autre. C'est très important dans l'usage long d'une application, si on est agressé constamment par des petits bruits… Un petit bruit dans un casque ou dans une voiture sur laquelle on a connecté le téléphone peut devenir un très grand bruit, donc les petits détails comme ça sont très importants.
Les auditeurs ont-ils vu la différence avec les précédentes applis qui ne faisaient pas appel à l’expérience utilisateur ? Quelles ont été leurs réactions ?
Laurent Frisch : Sur le nouveau francebleu.fr, non seulement l’audience a progressé, mais l’expérience du contributeur a elle aussi été repensée. Un contributeur (un journaliste ou animateur d’antenne) n’est généralement pas un professionnel du numérique. Le back-office a été pensé pour pouvoir être pris en main sans formation, pour être directement compréhensible et utilisable. Cela s’avère efficace : les premiers retours sont enthousiastes.
Jean-Éric Valli : Pour
les Indés Radios, c'est la première application qu'on a faite… En fait, plus la radio est locale dans son programme, moins elle est écoutée au loin, mais il y a un petit flux d'audience dans toute la France, pour n'importe quelle radio, plus ou moins important. Je ne sais pas vraiment quel est le lien mais l'audience des Indés Radios est aujourd'hui de 8,8 millions d'auditeurs quotidiens, donc tous supports confondus, c'est la plus grosse audience qu'on ait jamais eue.
Quelque part, peut-être que les quelques centaines de milliers d'auditeurs supplémentaires, on les doit au digital, et à cette forme de digital qui est une ouverture. On n'a pas cherché à se dire : on a une radio locale X, on veut promouvoir cette radio-là pour qu'elle soit écoutée partout. En les mettant toutes ensemble sur le mur du son, on oublie momentanément la marque de chaque radio, mais en fait ce sont les radios qu'on écoute ! En se promenant sur le mur du son l’utilisateur découvre des radios qu’il n’aurait jamais découvertes autrement …
Qu’est ce qui rapproche un auditeur radio d’un gamer ? Comment passe-t-on de l’UX à la gamification des interfaces ?
Jean-Éric Valli : Peut-être qu'on est toujours dans le même univers. Si je mets une casquette d'utilisateur, quelles que soient les applications que j'utilise, je suis toujours dans le même univers, qui est l'univers digital, donc ça ne me choque pas d'avoir une application dédiée à un sujet, qui en réalité propose éventuellement d'autres choses. Est-ce que dans notre tête, en tant qu'utilisateur, on utilise une application ou est-ce qu'on utilise un device ? Peut-être qu'on utilise plutôt un device, dans lequel on fait plein de choses... Moi quand je l'utilise, je vais passer de la place de cinéma que je suis en train de réserver à un appel téléphonique, j'ai une petite notification d'un mail, il m'intéresse, je vais le regarder, et puis j'étais en train d'écouter une radio mais je vais y revenir, donc je compose moi-même sans que ce soit jamais dit nulle part et que ça ne se présente pas sous la forme d'une interface, je compose moi-même une espèce d'application…bizarre...
Je pense aussi que l'ergonomie de toutes les applications, quand elles sont bien réalisées, c'est une sorte de jeu. Il y a un côté « plaisir ». C'est-à-dire qu'une application qui est bien faite, elle est en communication avec vous. Il n'y a pas de heurts.
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Crédit photo :
Didier Allard. INA