Genèse du marché de l’information en continu en France
C’est LCI, lancée par TF1, qui a inauguré ce type d’offre en France le 24 juin 1994, bien que France Télévisions s’était associée à plusieurs grands médias européens pour créer Euronews en 1993. Mais ce projet était avant tout européen. Suivront ensuite I-Télé (groupe Canal+) en 1999, BFMTV (NextRadio TV) en 2005 et la dernière arrivée, franceinfo (France Télévisions, Radio France, France Médias Monde et Ina) depuis le 1er septembre.
Pour que ces chaînes se multiplient et se développent, il aura fallu un déclic. Éric Revel, ancien directeur de LCI, l’explique ainsi : « le véritable acte de naissance de la chaîne, c’est le 24 décembre 1994, avec la prise d’otages du vol Air France à l’aéroport de Marseille. C’était la première fois qu’une chaîne d’information française faisait tout un direct sur un tel événement. Sans aucun cynisme, on peut dire qu’éditorialement, c’est un fantastique coup de chance. »
Ainsi, les grands événements, le plus souvent dramatiques comme le 11 septembre 2001, ont initié la pratique du tout direct sur une durée plus ou moins longue. Cependant, le direct n’était pas le cœur de LCI, ni de I-Télé au moment de sa création (sa ligne éditoriale évolue au cours des années 2000). Celles-ci accordaient une place importante aux magazines et aux débats, au détriment des reportages de terrain. C’est dans ce contexte que BFMTV est arrivée sur le marché en 2005, comme le raconte Guillaume Dubois, ancien directeur de la chaîne et auteur de Priorité au direct. BFMTV s’est alors positionnée sur un créneau encore inédit en France : plus de directs, de reportages, dans un style qui se voulait plus proche de l’ancêtre américain CNN et des consœurs anglo-saxonnes comme Sky News.
Un lancement d’autant plus propice pour BFM TV, que LCI n’était pas présente sur la TNT gratuite, ce qu’Éric Revel qualifie aujourd’hui d’ «erreur industrielle » de la part de TF1, car le président de l’époque Patrick Le Lay ne croyait pas à l’avenir de la TNT. En avril 2007, LCI a choisi de ne pas diffuser le débat entre Ségolène Royal et François Bayrou entre les deux tours de l’élection présidentielle, laissant la place à BFM TV. Ceci eut plusieurs conséquences positives pour cette dernière : un pic à un million de téléspectateurs et une marque d’indépendance vis-à-vis de Nicolas Sarkozy, favori de l’élection et farouche opposant à la tenue du débat.