Les jeux vidéo ne sont pas les ennemis de l’Histoire !
Deux historiens ayant collaboré à la création d'Assassin’s Creed Unity explorent les liens entre jeux vidéo et Histoire.
Deux historiens ayant collaboré à la création d'Assassin’s Creed Unity explorent les liens entre jeux vidéo et Histoire.
En novembre 2014 sortait sur console et PC le jeu Assassin's Creed Unity, nouvel épisode de la célèbre licence d'Ubisoft, ayant cette fois pour théâtre le Paris révolutionnaire. Avant même sa sortie, le jeu provoqua une courte mais intense polémique, qui agita une partie du milieu politique français. Le principal acteur de cette polémique, Jean-Luc Mélenchon, accusa les dirigeants d’Ubisoft d’être approximatifs avec l’Histoire et de véhiculer une image faussement sanguinaire du mouvement révolutionnaire. Plus généralement une frange de la gauche militante s’éleva contre les industries du divertissement, les accusant de faire le jeu d’une pensée conservatrice. Critiques auxquelles répondit Jean-Clément Martin, spécialiste de la Révolution française qui avait par ailleurs prit part à la conception du jeu.
C’est que le jeu vidéo n’est pas un manuel d’histoire mais bien une œuvre culturelle. Et l’on a ici la réponse que les auteurs adressent aux détracteurs d’Assassin’s Creed. À l’instar d’autres œuvres créatives, le jeu vidéo ne cherche ni ne prétend à la vérité historique. C’est un média culturel destiné à mettre en valeur avant tout la créativité et l’imaginaire de ses concepteurs aussi bien que de ses joueurs. Ce faisant, le jeu vidéo est amené à véhiculer des références culturelles et historiques. Jean-Clément Martin compare les jeux vidéo aux grandes fictions de notre patrimoine : les romans de Dumas et Hugo, les polars de Landais, les pièces de Shakespeare ou Musset. Toutes ces œuvres travestissent l’histoire à des fins de divertissement. Elles refondent le destin des grands personnages historiques, les soumettant aux besoins de la fiction, sacrifiant le réalisme historique aux exigences dramatiques.
Le jeu vidéo ne cherche ni ne prétend à la vérité historique
Le jeu est une manière de raconter l’histoire en popularisant des thèmes oubliés par la grande histoireEnfin, Jean-Clément Martin explique que, pour naturel et mythologique qu’il soit, le jeu vidéo fait écho à cette autre histoire dont on parle peu, celle méconnue des croyances populaires, des récits obscurs qui paraissaient vraisemblables. Le jeu vidéo, avec ses héros aux pouvoirs surnaturels, ses références aux mondes du fantastique et de la conspiration, est le reflet de cette société qui a connu les Lumières mais est agitée par le merveilleux. Assassin’s Creed caricature une tendance humaine de fond qui voit, sous des évènements dont on s’épuise à proposer une lecture objective, les forces de la lumière et de l’ombre traversant les siècles. Le jeu est donc une manière de raconter et de faire l’histoire en popularisant des thèmes oubliés par la grande histoire.
TikTok, application blockbuster auprès des 15-35 ans, fait beaucoup parler d’elle. Entre vidéos de danse et contenus humoristiques mais aussi éducatifs, la plateforme aux chiffres record intrigue et attire certains médias en quête d’un nouveau public.