Un secteur en plein boom
Le secteur des télécommunications, et de la téléphonie mobile en particulier, se trouve en bonne place dans la stratégie chinoise et indienne vers le continent noir, puisque c’est l’un des secteurs économiques qui connait la plus forte croissance en Afrique. L’apparition du téléphone portable a constitué une véritable révolution, bien plus encore qu’en Occident, dans cette région du monde où le nombre de lignes téléphoniques fixes par habitant est extrêmement bas et où les difficultés de transport rendent les moyens de communication à distance plus utiles que partout ailleurs. L’Afrique est en train de sauter une révolution technologique dans le domaine des télécommunications en passant directement à l’ère de la téléphonie mobile. Le nombre de souscripteurs aux services mobiles sur le continent africain est passé de 54 millions en 2003 à près de 350 millions en 2008 selon un
rapport de la Cnuced (la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement) sur l’économie de l’information. Il devrait se situer autour de 550 millions en 2012. La croissance du marché du mobile et de l'Internet est deux fois plus importante que celle enregistrée au niveau mondial. Les recettes des services télécoms représentent près de 5 % du PIB des États africains et
« l’Afrique est aujourd’hui le seul continent au monde où les recettes des opérateurs de téléphonie mobile dépassent celles des opérateurs de téléphonie fixe
», écrivait en 2009 le Centre de développement de l’OCDE dans un
rapport sur les nouvelles technologies en Afrique.
Pourtant, la pénétration de la téléphonie mobile ne touche encore qu´un tiers de la population du continent africain, ce qui laisse un potentiel de développement considérable, à l’heure où les marchés des pays industrialisés et émergents sont proches de la saturation. « Bien que la concurrence entre opérateurs se renforce, les faibles taux de pénétration traduisent l’impressionnant potentiel de croissance de la région », note l’OCDE dans ce même rapport.
Quant à la question de la faiblesse du pouvoir d’achat, « elle constitue de moins en moins un obstacle à l´achat d´un téléphone mobile, puisque les appareils sont de plus en plus abordables », estime la Cnuced. L’OCDE cite pour sa part une enquête de Research ICT Africa réalisée dans 16 pays d’Afrique subsaharienne en 2006 et 2007 selon laquelle les personnes n’ayant pas encore de téléphone portable se disent prêtes à débourser entre 5 et 10 dollars par mois en Côte d’Ivoire, au Ghana, au Nigeria et en Ouganda, mais seulement 2 dollars en Éthiopie. La même enquête révèle que, dans sept pays, les personnes interrogées ne voudraient pas dépenser plus de 10 dollars pour acheter un combiné.