Une réelle sensibilité aux formats image et son haute définition ?
Les sirènes du marketing nous assènent des concepts aux antipodes des besoins réels
La question peut être ainsi posée : sommes-nous devenus plus sensibles ou, dit autrement, nos sens sont-ils en évolution face à une escalade de nouveaux formats HD et Ultra HD, ou bien sommes-nous simplement sensibles aux sirènes du marketing qui nous assènent de nouveaux concepts parfois aux antipodes des besoins réels ? Un paradoxe s’installe, né de l’hypertrophie de l’écran de télévision d’un côté, et de l’individualisation du réflexe télévisuel de l’autre.
Le téléviseur n’est plus le centre du foyer et le moment de réunion familiale autour d’un programme tend à disparaitre, car le mode de consommation qui vise l’écran-spectateur est pluriel et par principe individuel.
Compte tenu de ce constat et des supports qui accompagnent le consommateur dans son quotidien « médias », on peut se poser la question de la pertinence d’une augmentation à marche forcée de la qualité de diffusion. Question qui pourrait passer pour une simple provocation si ce n’est que les outils à notre disposition pour visualiser des programmes ne font pas preuve d’une grande homogénéité, ce serait plutôt l’inverse. Si dans les domaines de l’image animée en général et de la vidéo en particulier, le passage de l’analogique au numérique a été globalement vécu comme une évolution positive, tout comme est en train de le devenir celui de la
SD à la HD de façon généralisée, il n’en va pas de même pour l’audio.
En effet, dans ce domaine, c’est le chemin en sens inverse qui a été parcouru depuis le son analogique du vinyle et de la K7, remplacés par le CD (jusque-là tout allait à peu près bien) puis le MP3 est passé par là… Toujours considéré comme le parent pauvre de l’audiovisuel, le son devrait pourtant progresser dans sa qualité de diffusion. En effet notre cerveau perçoit assez mal les grands écarts qualitatifs entre image et son simultanés. C’est encore plus flagrant avec les écoutes au casque. Les nouveaux supports de diffusion individuels que sont les ordinateurs portables, les tablettes et autres smartphones ont massivement recours à l’écoute au casque stéréophonique. Si notre cerveau est conditionné en partie par une société d’images (qu’il priorise donc), le son joue un rôle totalement complémentaire si il est associé à ces images et il faudra compenser en permanence une moindre qualité du son. Ces deux domaines doivent par conséquent, évoluer de concert, dans le respect des normes en vigueur. À charge ensuite aux diffuseurs de s’adapter, et aux fabricants de permettre au son d’être restitué correctement.
Par ailleurs, le transfert amorcé mais pas encore totalement admis, de l’ensemble des médias audiovisuels vers Internet, risque de redéfinir en profondeur lesdits formats. Si nous prenons simplement l’exemple de l’écran de l’ordinateur, avant que celui-ci n’adopte
un format généraliste en 4K et à un coût identique à celui d’un écran actuel et que sa connexion autorise un débit suffisant pour un affichage à cette qualité, il y a un cap non encore franchi et qui pourrait aller à contre-courant des réflexes utilisateurs, qui dépensent moins pour ce type de terminal, la mise de départ étant répartie entre ordinateur portable ou de bureau, smartphone, tablette, multiplié par le nombre de personnes présentes dans un foyer.