CAP AU SUD
Image d'une cabine téléphonique de Maroc Telecom :
mhobl / Flickr
Maroc Telecom détient un autre atout majeur : ses filiales africaines, qui constituent l’un de ses grands axes stratégiques de développement. Fort de sa tradition d’opérateur historique au Maroc, le groupe a choisi d’en faire de même dans plusieurs pays d’Afrique subsaharienne où les opportunités de croissance de la téléphonie mobile sont encore très importantes.
C’est ainsi qu’à l’occasion de la vague de privatisation des Offices publics en charge des télécommunications africains, Maroc Telecom a acquis majoritairement Mauritel en Mauritanie en 2001, l’Onatel au Burkina Faso en 2006, Gabon Telecom en février 2007 et la Sotelma malienne en juillet 2009, « permettant d’établir une continuité géographique entre le Maroc et le Burkina Faso ». Ces quatre filiales fournissent un apport supplémentaire aux bons résultats de Maroc Telecom en corrélation avec la croissance de leurs activités, qui a de quoi faire pâlir d’envie les opérateurs qui se battent à couteaux tirés sur des marchés occidentaux quasi-saturés.
Ainsi, au Burkina Faso, où le taux de pénétration du mobile n’est que de 26 %, l’Onatel a annoncé, fin septembre 2010, une progression de 51 % de son parc d’abonnés au téléphone mobile. Au Gabon, la progression est de respectivement 9 % et 43 %. Quant au Mali, dernière conquête en date de Maroc Telecom, le marché est jugé « prometteur » avec un taux de pénétration de seulement 32 % à la mi-2010. Fin juin 2010, la clientèle africaine hors Maroc de Maroc Telecom atteignait 5,6 millions de personnes, soit une progression de 76 % en un an.
La stratégie de déploiement au sud du Sahara de Maroc Telecom n’est pas pour déplaire à sa maison-mère qui, de son côté, a concentré ces derniers temps son attention sur ses actifs français avec le rachat pour près de 8 milliards d’euros, en avril 2011, des 44 % que le britannique Vodafone détenait dans SFR. Déjà en 2001, le PDG de Vivendi d’alors, Jean-Marie Messier, expliquait qu’il était déterminé à faire de Maroc Telecom « une plate forme de développement sur l’ensemble de la zone Maghreb, des pays arabes et de l’Afrique ».
Depuis, le rapprochement entre Rabat et la plupart des capitales d’Afrique noire a augmenté l’intérêt pour Vivendi de faire de Maroc Telecom sa base de développement en Afrique. Ce rapprochement de type diplomatico-commercial s’est concrétisé ces dernières années par une forte augmentation de la présence de grandes entreprises marocaines sur le continent africain, comme Royal Air Maroc et des banques telles que la BMCE et Attijariwafa. Le Maroc fait partie de ces pays émergents comme la Chine, l’Inde ou le Brésil qui ont compris qu’il y avait une place à prendre sur le continent noir, à l’heure où les pays occidentaux, à commencer par la France, affichent d’autres priorités diplomatiques et commerciales. Et les télécoms sont, avec le pétrole, le secteur le plus dynamique des économies africaines, offrant de nombreuses opportunités d’affaires.