Comment comprendre les causes d’une attaque si l’on n’évoque pas l’itinéraire de ceux qui l’ont perpétrée ?Dans une démarche similaire, l’essayiste Bernard-Henri Lévy a appelé à ne plus publier ni les portraits, ni les noms, ni les parcours de vie des terroristes. Cette approche, qui passerait sous silence toute information relative aux acteurs des attentats, pose problème. Comment comprendre les causes d’une attaque si l’on n’évoque pas l’itinéraire de ceux qui l’ont perpétrée ? Peu après l’attentat de Charlie Hebdo du 7 janvier 2015, Le Monde publiait un article sur la jeunesse des auteurs, les frères Saïd et Chérif Kouachi, et la genèse de leur basculement vers le rejet total de la société. Des portraits qui passionnent, attirent la pitié ou le dégoût, mais peuvent expliquer les motivations criminelles.
*Bip* a commis un *Bip* *Bip* dans la commune de *Bip* ce matin. Bilan : *Bip*. #Censure #LaFranceEn2016
— Florian Philippot (@f_philippot) 27 juillet 2016
Les médias ne fonctionnent pas en vase closPar ailleurs, les médias ne fonctionnent pas en vase clos. Sur les réseaux sociaux, où les principes déontologiques des médias traditionnels n’ont pas cours, les portraits seront publiés. La photo d’Abdel Malik Petitjean a été postée sur Twitter le lendemain matin de la déclaration du Monde, et son nom figurait parmi les hashtags les plus populaires sur le réseau social. Une considération que François Jost nuance, arguant que les médias ont leur propre responsabilité : « L’éthique, c’est quelque chose qui doit se juger à partir de soi-même. Chaque média doit se poser la question de l’éthique, et si un journal ou une radio décide que sa conception est de ne pas montrer un criminel, tout en sachant que d’autres le feront, c’est tout à fait légitime. C’est la différence entre la morale déontologique, qui est une morale a priori, et le contraire, qui est l’utilitarisme ».
On peut comprendre la décision de certains médias hexagonaux de ne pas publier l'identité des terroristes par la fréquence alarmante des attentats en France, qui pousse à une certaine réforme dans la manière de traiter l'information. Ainsi BFM TV a-t-elle changé son fusil d'épaule après avoir été mise en demeure par le CSA pour des « manquements graves » dans le traitement des attentats de Charlie Hebdo et de l’Hyper Casher du 7 janvier 2015, et diffusé une vidéo du camion fonçant sur les victimes ainsi que des corps, lors des attentats de Nice du 14 juillet 2016. La chaîne a décidé de ne plus montrer les portraits des auteurs d’attentats.
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