NHK : au service du public ou du gouvernement japonais ?

NHK : au service du public ou du gouvernement japonais ?

L’idée d’un service public de l’audiovisuel est ancienne au Japon. Créée en 1925 sur le modèle de la BBC, la NHK oscille entre proximité avec le pouvoir et démocratisation. Réputée pour la qualité de ses programmes et l’innovation technologique, elle semble renouer avec ses démons.

Temps de lecture : 12 min

Au Japon, l’idée d’un service public de l’audiovisuel est très ancienne. Dès 1925, seulement trois ans après la BBC et s’en inspirant très largement, la radio NHK (abréviation de Nippon Hôsô Kyôkai, soit Japan Broadcasting Corporation en anglais) commence à diffuser à Tokyo, mais devient rapidement un relais de propagande du gouvernement militariste. Réformée dans l’après-guerre, la NHK se déclare désormais en faveur de la démocratisation et au « service du peuple », tissant un lien direct avec lui via son financement reposant exclusivement sur la redevance.

 
Aujourd’hui, la NHK, qui fête ses quatre-vingt-dix années d’existence, est un groupe audiovisuel immense et constitue le second groupe audiovisuel au monde après la BBC par son chiffre d’affaires – plus de 5 milliards d’euros en 2015 (1) . C’est aussi le plus grand groupe audiovisuel japonais, regroupant l’équivalent de Radio France, France Télévisions, RFI, France 24, dans ses mêmes bureaux dominant le quartier de Shibuya. La chaîne de télévision principale, la NHK généraliste,se maintient malgré la concurrence des « Big Five », les cinq chaînes privées qui diffusent dans l’Archipel. Mais de multiples scandales – nomination de proches du Premier ministre, autocensure sur Fukushima – ont singulièrement entaché sa réputation, érodant son audience chez les plus jeunes et rompant le lien de confiance de la population.

Du militarisme à la démocratisation d’après-guerre

Le groupe NHK se confond souvent avec sa chaîne principale, la NHK généraliste (Sôgô Terebijon), diffusant principalement des informations ainsi que des émissions éducatives avec la seconde chaîne terrestre, la NHK éducative (Kyôiku Terebijon). BS1 et BS Premium viennent compléter l’offre sur satellite (2) . En 2009, le groupe a également lancé sa chaîne internationale, NHK World, dont le rôle semble limité à renvoyer au monde l’image d’un Japon sans failles.

Malgré une popularité plus faible qu’en France, NHK possède aussi deux radios AM, Radio 1 et Radio 2, une radio FM et une radio internationale, NHK World - Radio Japan. NHK World ne dispose que de peu d’autonomie et se contente souvent de traduire les bulletins d’information des versions domestiques.
 
Créée en 1925 sur le modèle de la BBC et diffusant à Tokyo, la NHK voit véritablement le jour en 1926 lorsqu’elle étend sa diffusion à Nagoya et Osaka (3) . Elle devint progressivement l’organe de propagande du gouvernement militariste : à partir de 1941, le jazz fut banni des ondes, les programmes d’enseignement de l’anglais, du français ou du chinois supprimés et le ministère des Postes et Télécommunications (Sômushô) alla même jusqu’à demander aux présentateurs de ne plus utiliser de mots étrangers (4) .
 
Après la guerre, la NHK renaît de ses cendres dans le cadre des « trois lois sur la radio » (1950). Parmi ces trois lois, celle sur l’audiovisuel (Hôsôhô) fixe un cahier des charges très strict pour la NHK, mais aussi pour les nouveaux groupes audiovisuels privés qui sont alors autorisés à émettre. Aujourd’hui, on parle des « Big Five », les cinq principales chaînes commerciales de l’Archipel que sont NTV, TBS, Fuji Television, TV Asahi et TV Tokyo, toutes liées aux cinq principaux groupes de presse. Toutes ces chaînes sont soumises, en vertu de la loi, à des principes de neutralité politique, de moralité et d’objectivité de l’information. De plus, elles sont tenues de respecter un équilibre entre émissions culturelles, de divertissement et d’information. Dans la pratique, en raison d’une concurrence extrême pour l’obtention de sponsors et de spots de publicité, les chaînes privées ont eu tendance à privilégier le divertissement.
 
Ces règles s’appliquent donc surtout à la NHK qui se voit interdire, par la loi sur l’audiovisuel, de rechercher le profit (article 9-9) ou de diffuser de la publicité. De plus, la chaîne de télévision devient un diffuseur d’alertes en continu lors des catastrophes naturelles qui frappent l’archipel, en vertu d’accords et d’obligations fixées par la loi (5) . Enfin, la loi donne au groupe audiovisuel public des missions particulières de démocratisation et d’éducation du peuple, et la NHK reste officiellement à l’écoute des attentes via des sondages d’opinion.

Des émissions de qualité

Que ce soit pour les chaînes terrestres ou satellitaires, la NHK est connue au Japon pour ses programmes de qualité qui mettent l’accent soit sur les informations (NHK généraliste), soit sur l’éducation et le divertissement culturel (NHK éducative). Ainsi, outre le journal de dix-neuf heures (News 7), un rendez-vous incontournable pour de nombreux Japonais, la NHK diffuse une matinale de 4 h 30 à 8 heures – Ohayô Nihon (« Bonjour Japon ! ») –, des documentaires comme la célèbre émission Project X : challengers, retraçant à travers une personnalité les avancées économiques, sociales et technologiques de l’archipel, idée reprise depuis 2006 dans l’émission Professionals : shigoto no ryûgi (« Les pro : un travail, un style ») qui a consacré, par exemple, quatre épisodes au réalisateur Hayao Miyazaki. Par ailleurs, la chaîne éducative diffusent des émissions d’enseignements de langues aussi diverses que le français, le chinois, l’italien, l’allemand, etc.

La chaîne s’autorise également quelques émissions de divertissement, comme les taiga drama (« Série télévisée fleuve »), une série télévisée historique qui change chaque année (souvent située à l’époque d’Edo) et qui a attiré jusqu’à 20 % des parts d’audience. En 2015, la NHK diffusait les « Fleurs ardentes » (Hana moyu), 54e taiga drama. Les enfants ne sont également pas oubliés avec l’émission Okaasan to issho (« Avec maman »), émission du matin qui reste depuis 1959 une référence pour des générations entières de petits Japonais . Des animés pour enfants très célèbres comme Ojarumaru ou Nintama Rantarô sont également diffusés depuis le milieu des années 1990. Il y a même une émission de stretching – Radio Taisô – qui fait danser les Japonaises le matin devant leurs téléviseurs depuis des décennies ( ).

Une innovation technologique constante

Du côté de la recherche technologique, la NHK investit depuis des décennies des sommes considérables dans un laboratoire qui lui permet d’être en permanence à la pointe dans le monde de l’audiovisuel. Dès 1930, le ministère des Postes et Télécommunications poussa rapidement à la création d’un laboratoire de recherche scientifique qui concentra ses études sur la télévision. Son budget était alors fixé à 3 milliards de yens en 1937, soit 11,8 % du budget annuel de la NHK. En 1939, il réalise même le premier test de retransmission télévisée mais les recherches seront abandonnées avec le début de la guerre du Pacifique en 1941 (6) .
 
Dans la période d’après-guerre, la NHK lance sa première chaîne de télévision en 1951, suivi de la chaîne éducative en 1959. Mais le nombre de foyers équipés en postes de télévision est encore rare, en raison de leur coût élevé. Comme il l’avait fait avec les postes à galènes, le ministère de l’Industrie et du Commerce (Miti) encourage la production nationale de téléviseurs pour accompagner et soutenir la NHK(7) . Cette planification ministérielle accompagnée des recherches de la NHK propulse le Japon comme principal exportateur de postes de télévision dans les années 1970, puis de magnétoscopes à partir des années 1980.
 
Au début des années 1960, la NHK est aussi l’une des premières chaînes au monde à diffuser des images en couleurs, alors même que peu d’usagers sont équipés en poste de télévision couleur. Puis la NHK va initier le lancement de deux chaînes satellitaires et travailler, en parallèle, sur la télévision haute définition. C’est ainsi que, dès 1992, les chaînes satellitaires BS de la NHK vont commencer à diffuser des programmes en Hi-Vision (terme utilisé au Japon pour la HD) puis qu’une chaîne BS-HD va être créée. La chaîne nippone fut une pionnière dans ce nouveau format vidéo de haute définition sur laquelle elle travaillait depuis 1964.
 
Ses recherches portent depuis 1995 sur un format vidéo d’ultra haute définition pour la télévision — UHDTV, Super Hi-Vision ou 8K au Japon —, capable d’afficher 33,18 millions de pixels, seize fois plus que le format haute définition actuel, accompagné d’un son multicanal tridimensionnel. Le groupe prévoit le lancement de ce format en 2020, pour les Jeux olympiques de Tokyo, ce qui devrait de nouveau encourager le marché des téléviseurs nippons. En parallèle, le laboratoire de la NHK travaille sur la télévision 3D visible sans lunettes et de n’importe quel angle, ainsi la mise au point d’écrans ultraplats et souples.
 
L’investissement de la NHK sur son laboratoire est constant. En 1977, la NHK consacrait 3 % de son budget à la recherche avec un effectif dans son laboratoire de cinq cents chercheurs. Ce laboratoire fonctionne aujourd’hui avec seulement deux cent cinquante chercheurs, mais un budget de 18,2 milliards de yens, soit 2,6 % du budget total. C’est par cette recherche de qualité, d’innovation technologique, et par un rapport très étroit avec les attentes de son public qu’une relation de confiance s’était instaurée entre la NHK et ses usagers qui financent quasiment à 100 % le groupe.

Une indépendance financière réelle

La NHK est une société de service public d’un type particulier, puisque ses revenus proviennent quasi exclusivement des redevances payées par les téléspectateurs. Cette règle est fixée par la loi sur l’audiovisuel qui dispose que chaque foyer achetant une télévision doit signer un contrat avec la NHK pour payer une redevance. Cette redevance obligatoire est payée directement à la chaîne, sans intervention de l’État. En 2015, la redevance annuelle pour les chaînes terrestres était de 14 545 yens (soit 109 euros) et celle pour l’ensemble des chaînes du groupe de 25 320 yens (soit 190 euros) (8) .
 
Cette loi ne prévoit cependant aucune pénalité en cas de non-paiement et environ 30 % des téléspectateurs japonais ne verseraient pas la redevance (9) . Pour inciter les usagers à payer, le groupe envoie régulièrement des employés faire du porte-à-porte pour les forcer. La collecte de la redevance, toujours plus difficile ces dernières années en raison d’une défiance chez les jeunes Japonais, est aujourd’hui le deuxième poste de dépenses pour la chaîne (10,9 % du budget en 2015), derrière la production et la retransmission d’émissions (75,4 %).
 
Le chiffre d’affaires de la NHK était en 2015 de 683,1 milliards de yens, soit plus de 5 milliards d’euros. Ces revenus proviennent à 97 % de la redevance, complétés par la vente de DVD, d'émissions et documentaires de la NHK et de financements divers (10) . L’indépendance financière de la NHK est donc une réalité et un certain nombre d’auteurs ont conclu un peu vite que son indépendance vis-à-vis du pouvoir étatique était également acquise.

Une proximité avec le pouvoir problématique

En réalité, cette indépendance financière ne prémunit pas la chaîne publique japonaise contre une certaine proximité avec le pouvoir. La direction de la NHK est en effet composée de douze membres, tous nommés par le Premier ministre, avec l’accord des deux chambres de la Diète. Ces derniers élisent parmi eux le directeur-général de la NHK. Par ailleurs, le budget annuel de la NHK est transmis au ministère des Affaires intérieures et des Communications, au cabinet du Premier ministre, puis est discuté à la Diète et voté par les deux chambres. Le ministère des Affaires intérieures et des Communications délivre par ailleurs des autorisations d’émettre pour les médias privés, renouvelables tous les cinq ans. Ce qui n’encourage guère les « Big Five » et les principaux journaux qui en dépendent à être critiques vis-à-vis du gouvernement. De plus, le ministère des Communications n’échappe pas à la pratique de l’Amakudari — la « descente du ciel » — qui consiste pour un haut fonctionnaire du ministère à aller pantoufler au conseil d’administration d’un groupe médiatique à la fin de sa carrière (11) .
 
En définitive, si l’administration n’intervient pas directement dans les décisions concernant la grille des programmes, elle peut influencer les membres de la direction, assis sur de véritables sièges éjectables renouvelables tous les trois ans (12) . Et ce, d’autant plus dans un pays où le Parti libéral démocrate (PLD) a été au pouvoir de manière hégémonique de 1955 à nos jours – avec une seule courte alternance de 2009 à 2012.

Années 2000 : des premiers scandales au boycott de la redevance

Pourtant, jusqu’aux années 2000, la NHK a réussi à garder une large indépendance et été considérée comme l’information de référence. Mais depuis, la chaîne a connu plusieurs crises majeures qui ont détérioré son image auprès des usagers. En 2005, il fut révélé que la NHK avait censuré, dans un documentaire sur la seconde guerre mondiale des témoignages d’ex-« femmes de réconfort », ces dizaines de milliers de femmes transformées en esclaves sexuelles par l’Armée impériale japonaise. La NHK avait alors obéi à des pressions venant de politiciens révisionnistes du PLD.
 
Pour Keiichi Katsura, professeur de journalisme à l’université Taishô de Tôkyô, cela constituait la preuve que « la NHK est plus redevable aux hommes politiques du PLD qu’aux usagers »(13) . S’ajoutant à cela, un autre scandale de détournement d’argent par la direction a révélé au grand public l’envers d’une chaîne que l’on croyait intègre. En janvier 2005, le président de la NHK, Katsuji Ebisawa, fut contraint à la démission.
 
Conséquence de ces affaires : une campagne de boycott des redevances entraîna une baisse des revenus du groupe entre 2005 et 2006. La NHK mit en place un vaste plan de restructuration visant à supprimer 10 % de son personnel, soit 1 200 emplois. Après avoir connu un pic de 16 500 employés en 1972, le groupe audiovisuel nippon s’est efforcé depuis de maintenir le nombre d’employés en-dessous des 15 000, puis des 12 000 et ce, malgré son expansion continue(14) .

Dans l’après Fukushima : autocensure et optimisme

La crise de Fukushima en 2011 et le retour au pouvoir du Premier ministre nationaliste Shinzô Abe ont depuis accentué ce divorce entre la chaîne et son public. Certes, le soutien de la NHK au « village nucléaire » n’est pas nouveau. Mais depuis Fukushima, celle-ci a bien mérité de l’atome. Depuis quatre ans, son discours sur la catastrophe et ses suites consiste pour l’essentiel en un mélange de considérations larmoyantes, d’appels à l’effort et à la « ténacité japonaise », et d’optimisme de commande.
 
Reprenant le mot d’ordre du gouvernement, sur fond d’organisation des Jeux olympiques pour 2020, la NHK cherche à tout prix à montrer le « renouveau » du Tôhoku, jusqu’à quasiment nier la contamination radioactive à Fukushima, la peur des citoyens, les difficultés rencontrées par les réfugiés du nucléaire ou les très nombreuses manifestations antinucléaires de 2012.
 
Certes, ses journalistes peuvent se prévaloir d’avoir fait un travail très précis de reconstitution de l’accident, avec sa série de documentaires Meltdown. Mais ils ne sont littéralement jamais sortis du cadre de la centrale pour aller enquêter sur la question taboue des conséquences sanitaires et sociales de cet accident pour les populations de la préfecture de Fukushima. Les « reporters » de la NHK se sont contentés, dans les grandes lignes de suivre les pistes balisées par le gouvernement pro-nucléaire d’Abe, de retour au pouvoir en novembre 2012.
 
Ainsi, si la parole est donnée fréquemment aux autorités, à Tepco et aux experts pro-nucléaires, les antinucléaires – y compris certains scientifiques de renom – sont persona non grata sur la NHK, tandis que la manifestation historique du 29 juin 2012 rassemblant près de 150 000 personnes – une première depuis 40 ans au Japon – sera tout simplement ignorée par la NHK. Certaines chaînes du privé comme TV Asahi y consacrèrent pourtant des émissions entières pendant plusieurs jours. Malgré une opposition au redémarrage des centrales nucléaires majoritaire dans la population sondage après sondage, la NHK regarde ailleurs et soutient à bout de bras le « village nucléaire ».

NHK sous l’ère Abe : la voix de son maître ?

La tentative de prise de contrôle de la NHK par le gouvernement devient apparente à partir de décembre 2013 avec la nomination de proches du Premier ministre Abe à la tête de la NHK, dont certains sont issus des cercles intellectuels d’extrême-droite. Dès sa première conférence de presse en janvier 2014, le nouveau président de la NHK Katsuto Momii annonce la couleur, en assumant sans fard que la NHK devienne la voix de son maître : « Nous ne pouvons pas dire « gauche » quand le gouvernement dit « droite » » lance-t-il aux journalistes médusés au sujet des différends territoriaux avec la Chine.
 
Durant cette conférence de presse, cet ancien vice-président du groupe privé Mitsui, affirme également ne pas vouloir diffuser à l’antenne des reportages sur les « femmes de réconfort », et estime que le Japon ne devrait pas être critiqué, car selon lui, « les autres pays ont fait la même chose », citant pêle-mêle la France, l’Allemagne ou les États-Unis (15) . Ses déclarations provoquent une levée de boucliers en Corée du Sud, en Chine, mais aussi de la part d’ONG comme Amnesty International. Même l’allié américain est ulcéré de voir son armée mise sur le même plan que l’armée impériale japonaise, à l’origine d’un système d’esclavage sexuel pourtant unique. Pour la première fois de son histoire, la télévision publique japonaise se retrouve au centre d’un scandale diplomatique.
 
Des révélations s’ensuivent les jours suivants. Parmi les quatre nouveaux membres du comité de direction nommés aux côté de Katsuto Momii, l’un est connu pour ses positions négationnistes sur le massacre de Nankin et a fait campagne pour le politicien d’extrême-droite, Toshio Tamagomi en février 2014, « à titre privé ». Une seconde est l’auteur d’un essai en forme d’hommage sur le fanatique d’extrême droite Shôsuke Nomura, dans lequel elle exprime également son admiration pour l’empereur décrit comme un « dieu vivant ». Les deux en l’occurrence étaient des conseillers politiques d’Abe lors de sa campagne de 2012. Un troisième se révèle même être … l’ancien instituteur du Premier ministre.
 
Depuis, les craintes de voir Katsuto Momii assoir son pouvoir de manière brutale et faire taire les critiques au sein du groupe se sont réalisées : demande dès les premiers jours aux directeurs des programmes de lui fournir des lettres de démission non datées, une « pratique commune » (sic) selon cet ancien patron du privé ; démission d’un professeur d’université, chroniqueur régulier de la NHK radio, après que la direction lui a interdit d’évoquer le sujet du nucléaire à l’antenne avant les élections du gouverneur de Tôkyô en 2014 ; utilisation d’une limousine par Katsuto Momii pour se rendre à son terrain de golf, le tout payé en notes de frais ;  un duo de comédiens, les Bakusho Mondai, interdits de faire des blagues sur le gouvernement lors d’une émission pour la nouvelle année 2015… la liste est longue, et les demandes de démission du président de la NHK toujours plus nombreuses. Mais le protégé du Premier ministre Abe reste droit dans ses bottes.
 
Le désamour semble toutefois largement consommé puisque 70 % des usagers se déclarent « critiques » de la NHK (16) . De plus, une analyse par tranches d’âge révèle un désintérêt croissant des plus jeunes pour la télévision publique nippone. Dans une étude comparative de 2011, seuls 6 % des moins de 30 ans au Japon préfèrent la télévision publique aux autres chaînes privées (contre 19 % en Grande-Bretagne) (17) . De fait, la notion de service public de l’audiovisuel s’étiole, alors que l’indépendance de la NHK est régulièrement remise en cause depuis une dizaine d’années.

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Crédits photo :
- Tv car. hiroaki maeda/Flickr
    (1)

    NHK Public Relations Department, NHK Annual Report 2015-2016, 1er juin 2015, p. 28.

    (2)

    les chaînes BS et BS Premium sont l'équivalent des chaînes généraliste et éducative sur satellite. La première est axée sur les informations, l'autre sur les programmes éducatifs, culturels, de divertissement.

    (3)

    Philippe Berthet, Jean-Claude Redonnet, L’Audiovisuel au Japon, Paris, PUF, coll. « Que sais-je », 1992, p. 7

    (4)

    Masami Ito (dir.), Broadcasting in Japan. Case studies on Broadcasting systems, Routledge, Londres, 2011 (1ère éd. 1978), p. 64-65 

    (5)

    Masami Ito (dir.), op. cit., p. 35.

    (6)

    NHK Broadcasting Culture Research Institute, op. cit., p.84. 

    (7)

    Philippe Berthet, Jean-Claude Redonnet, op. cit., p.24.

    (8)

    NHK Public Relations Department, NHK Annual Report 2015-2016, 1er juin 2015, p. 28

    (9)

    Philippe Mesmer, « Au Japon, la NHK vit avec les recettes de la redevance », Le Monde, 30 janvier 2008

    (10)

    NHK Public Relations Department, Ibid., p. 28.

    (11)

    Takesato Watanabe, “Japan’s media at present”, mars 1996

    (12)

    Philippe Berthet, Jean-Claude Redonnet, Op. Cit., p. 58

    (13)

    Anthony Faiola, « Scandals Force Out Japanese TV Chief », Washington Post, 26 janvier 2005

    (14)

    Masami Ito (dir.), op. cit., p. 59 

    (15)

    « Himitsu hogo hô shôganai. ianfu doko mo atta. NHK shin kaichô mondaihatsugen » [« La loi sur le secret d’Ètat, on n’y peut rien », « les femmes de réconfort, il y en avait de partout ». Les déclarations désobligeantes du nouveau président de la NHK], Tôkyô Shimbun, 16 janvier 2014.

    (16)

    Sondage réalisée par la NHK auprès de 12 500 usagers en février 2014, cf. « Shinzo Abe accused of using NHK to back his nationalist agenda », South China Morning Post, 10 février 2014.

    (17)

    Yoshiko Nakamura, « Perceptions of Public Broadcasting: Findings of an International Comparative Survey », NHK Broadcasting Culture Research Institute, Mai 2013, p. 17.

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