Qu’est-ce qu’un média de service public ? - épisode 15/15
Nigeria : des médias de service public plus nécessaires que jamais
Comment expliquer une telle place du service public dans un pays qui a pris le monde anglo-saxon pour modèle ?
© Crédits photo : NTA / Capture d'écran.
Comment expliquer une telle place du service public dans un pays qui a pris le monde anglo-saxon pour modèle ?
Les médias de service public jouent un rôle majeur dans le pays le plus peuplé d’Afrique. La NTA (National Television Authority), la principale télévision publique, reste l’une des plus regardées du pays. À l’image de France 3, elle dispose d’antennes locales dans chacun des 36 États de la Fédération nigériane. Chaque antenne régionale, produit des dizaines d’heures de programmes par jour (en anglais et en langues locales).
La NTA, qui revendique 90 millions de téléspectateurs quotidiens (soit 50 % de la population nigériane), est la seule chaîne de télévision vraiment présente sur l’ensemble du territoire depuis sa fondation, en 1977, sous l’impulsion du régime militaire. Sa direction est désignée par le président de la Fédération. Le chef de l’État est élu au suffrage universel, tous les quatre ans (sur le modèle américain). La NTA et les autres chaînes publiques sont financées par l’impôt. La NTA dispose d’un financement fédéral, alors que les chaînes d’État sont financées par les gouverneurs élus dans chacun des États de la Fédération. L’argent des 36 États de la Fédération provient de l’État fédéral, dont les ressources proviennent majoritairement du secteur pétrolier (95 % des devises du pays).
Les médias de service public ont pour mission première de renforcer l’unité nationale dans un pays de 181 millions d’habitants qui compte plus de 300 ethnies
Le secteur des médias est particulièrement surveillé pour éviter les tensions ethniques mais aussi pour limiter les influences étrangèresTous les films projetés au Nigeria doivent être visionnés par le bureau de la censure avant de recevoir leur agrément pour sortir en salle ou passer à la télévision. Le secteur des médias est particulièrement surveillé pour éviter les tensions ethniques mais aussi pour limiter les influences étrangères. Aucune radio internationale : ni RFI (Radio France internationale), ni la VOA(Voice of America), ni même la BBC(British Broadcasting Corporation) n’ont reçu d’agrément pour émettre sur la bande FM. La loi nigériane interdit d’ailleurs que les médias étrangers soient présents en direct sur la FM. Les reprises d’émissions étrangères sur des médias nigérians ne sont possibles qu’en différé, afin d’éviter que des médias étrangers ne tentent d’influer sur les débats politiques nigérians.
teCette fiction se déroule pendant la guerre du Biafra (1967-1970) et évoque les pogroms anti-Ibos dans le nord du Nigeria qui ont précédé la guerre civile. Dans le film, avant de procéder aux massacres, l’officier demande aux civils : « Êtes-vous Ibos ? ». Cette réplique a été coupée par le bureau de la censure. Elle a été jugée à même de raviver les plaies de la guerre civile.
L’audiovisuel public du Sénégal a évolué depuis sa création après l’indépendance. Malgré les pressions politiques, la radio-télévision publique est le reflet d’un pays doté d’une tradition démocratique. Elle affronte aujourd'hui les défis du numérique et de la concurrence.
Trente-trois chaînes de télévision, quatre cent quatorze stations de radio, l’un des plus vastes systèmes audiovisuels publics au monde ! Mais les médias publics en Inde peinent à conserver leur pertinence et leur audience, faute d’une véritable autonomie.
L’idée d’un service public de l’audiovisuel est ancienne au Japon. Créée en 1925 sur le modèle de la BBC, la NHK oscille entre proximité avec le pouvoir et démocratisation. Réputée pour la qualité de ses programmes et l’innovation technologique, elle semble renouer avec ses démons.
Autonome et indépendant financièrement, NHK est l’un des groupes médiatiques les plus puissants au monde. Respecté pour sa sobriété et ses programmes culturels, le groupe japonais a cependant connu de récents scandales politico-financiers.
Au Brésil, le secteur public audiovisuel ne joue pas à armes égales avec le privé. La place historiquement occupée par les médias privés draine la plupart des audiences, laissant peu d’espace à des médias publics mal financés, alors qu’ils proposent de bons programmes. Un réel enjeu démocratique.
L’importance des financements privés est sans nul doute ce qui fait de l’audiovisuel public des États-Unis un cas à part dans l’audiovisuel international. Et un cas particulièrement intéressant : les réseaux de télévisions et de radios non commerciales sont très innovants.
Plus de vingt ans après leur émancipation d’un pouvoir monopolistique, quel est l’état des radios et télévisions publiques en Pologne ? Confrontés à la concurrence du privé, et aux défis du numérique, ces médias souffrent de défauts structurels, liés à une culture démocratique insuffisante.
Le service public de l’audiovisuel français a toujours été tributaire d’enjeux financiers et politiques. Composé de nombreuses radios et télévisions, le secteur traverse une crise de réinvention de ses missions et des moyens que lui alloue l’État, dans un univers hyper-concurrentiel.
Vu de France, l’audiovisuel public allemand paraît riche, indépendant avec une offre de programmes de qualité. Ce paysage s’est structuré autour des régions après-guerre, sous la pression des Alliés. Il garde en grande partie ses caractéristiques et demeure l'un des mieux financé d’Europe.
Le service public marocain de l’audiovisuel est en crise. Après la création d’un organisme de régulation au début des années 2000 et la libéralisation du secteur, les radios et télévisions publiques ont connu des années d’incertitude. Une occasion pour réinventer ce service public ?
Puissants et très regardés, les trois groupes audiovisuels publics de Corée du Sud ont largement contribué à faire connaître la culture du pays à l’étranger. Pourtant, leur traitement de l’information est souvent critiqué, et les chaînes câblées grignotent progressivement leur audience.