Entretien avec Nabil El-Choubachy: Journaliste, Directeur de la section française de Nile TV International
TG : Vous dirigez la section française de Nile TV et assurez l’animation de plusieurs émissions sur Nile TV. Comment êtes-vous devenu journaliste au sein de la chaîne ?
Nabil El-Choubachy : J’étais journaliste à la radio de service public, Radio Le Caire, section française. En 1993, au moment de la création de Nile TV par Hassan Hamid, son ancien président, j’ai été recruté avec la toute première équipe.
Vous aviez suivi une formation dans une école de journalisme ?
Pas exactement, j’ai suivi une formation en Histoire à la Sorbonne mais j’avais cette vocation d’être journaliste, c’était comme une évidence. J’ai baigné dans un environnement familial qui s’y prêtait : mon père était journaliste à l’AFP et ma mère était journaliste à RMC Moyen-Orient. Entre la presse écrite et la radio, j’ai trouvé ma voie à la télévision !
Vous dirigez la section française de Nile TV, que pensez-vous de l’évolution de la chaîne ?
La chaîne évolue bien, nous avons les moyens matériels et humains pour la faire avancer. Le français n’est que la troisième langue en Egypte, après l’arabe et l’anglais, donc ce n’était pas toujours évident d’avoir de bons journalistes, aujourd’hui j’observe une véritable professionnalisation en Egypte. Nous n’avons plus besoin de former les nouveaux recrutés qui sont aujourd’hui essentiellement issus de la filière francophone de l’école de journalisme de l’Université du Caire ; ils sont capables d’aller en reportage rapidement après leur intégration, ce qui n’était pas le cas il y a quelques années.
Quelle est votre marge de manœuvre ?
Nous sommes relativement autonomes au niveau de notre ligne éditoriale, surtout au sein de l’équipe des journalistes francophones car on estime que notre impact est relatif eu égard à notre audience forcément plus réduite que l’audience anglophone.
Pensez-vous que la chaîne Nile TV International soit capable de rivaliser avec des chaînes d’information arabes comme Al-Jazeera ?
Non, je ne crois pas. Il faudrait s’en donner les moyens. En vérité, je ne pense pas que les responsables de l’Urte soient soucieux de faire de l’audience. Leur souci est essentiellement de répondre aux attentes des autorités politiques.
Vous vous projetez encore dans cette chaîne dans les années à venir ?
Bien sûr, surtout si l’on accorde plus de place aux émissions culturelles.
Nile TV a abandonné la diffusion de films ou d’émissions de variétés pour avoir une identité plus lisible pour les téléspectateurs, et ça c’est une bonne chose. C’est aujourd’hui une chaîne d’information avant tout. Cela étant, je pense que Nile TV devrait insister encore sur sa dimension culturelle même si c’est aux dépens de talk-shows qui se multiplient dans toutes les chaînes.
Entretien avec l’auteur septembre 2010