Un label cinématographique de référence
Le cœur de métier du Festival reste la compétition de la Sélection officielle pour la Palme d’or. Chaque année, une quinzaine de films sont sélectionnés et vus par un jury de professionnels (réalisateurs, acteurs, journalistes, écrivains…) qui décerne une série de prix sous la direction d’un président. La sélection officielle, assurée par le délégué général du Festival (Thierry Frémaux depuis 2004) nourrit les ambitions des réalisateurs et producteurs du monde entier et oriente fortement le calendrier de production des films qui, s’ils veulent être choisis, doivent être soumis au Festival avant le mois d’avril.
Depuis 1978, une seconde sélection officielle, Un Certain Regard, privilégie des films atypiques et des cinéastes moins connus. Trois autres sélections parallèles ont lieu, la Quinzaine des Réalisateurs, la Semaine de la Critique et l’Acid, organisées par d’autres associations (respectivement la Société des réalisateurs de films, le Syndicat français de la critique de cinéma et l’Association du cinéma indépendant pour sa diffusion).
Enfin, le marché du film réunit dans le Palais des festivals des professionnels du monde entier venus y faire affaire. Au total, 88 films ont été sélectionnés dans les différentes compétitions en 2013, et 1 420 projetés au marché du film.
Conférence de presse du 67e Festival - Thierry Frémaux et Gilles Jacob. Crédits : Olivier Vigerie.
Dans un secteur à l’économie très capitalistique où peu de films sont produits chaque année, le nombre de productions susceptibles d’être sélectionnées en festival est relativement restreint, ce qui créée une forte concurrence entre les festivals de cinéma internationaux (notamment Venise, Berlin, et depuis quelques années Toronto) sur le cinéma dit « d’auteur » et au-delà. Cette compétition est exacerbée par la nécessaire exclusivité des films présentés, qui doivent être proposés en première séance (à la différence des Oscars qui célèbrent les films sortis durant l’année passée) et s’exerce même entre les différentes sélections du Festival. Le prestige de la Palme d’or, le rayonnement médiatique de l’évènement lui-même (entretenu par la venue des stars des films), et le label que représente le Festival (symbolisé par le logo apposé sur les affiches et en ouverture de chaque film) permettent ainsi de faire parler des films au moment de l’évènement, de soutenir leur promotion plus tard lors de leur sortie en salle, et d’accroître leur valeur marchande lors des ventes des droits internationaux.
Le succès du Festival tient donc à l’attractivité de sa compétition, renforcée par un habile melting pot cinématographique qui introduit des films plus grand public dans la programmation (les films hors compétition et les séances spéciales par exemple) et crée ainsi de l’attention. Le film d’ouverture est aussi généralement un film grand public très attendu : on a ainsi vu lors des précédentes éditions les vingt premières minutes du Seigneur des Anneaux, Star Wars : Episode III, Là- haut des studios Pixar ou encore Midnight in Paris de Woody Allen. Par un effet vertueux, la compétition officielle attire des talents, qui attirent les médias, qui à leur tour renforcent l’attractivité du Festival et attirent les talents soucieux de leur notoriété pour un passage à Cannes pouvant en effet se révéler déterminant dans la carrière d’un acteur (la découverte d’Adèle Exarchopoulos en 2013 par exemple).
Depuis quelques années, la programmation s’ouvre d’avantage à d’autres cinématographies et à d’autres publics, avec l’introduction des films de patrimoine dans la sélection Cannes Classics, et la projection de films au grand public lors les séances quotidiennes du cinéma de la plage.
L’ « effet Cannes » produit sur les films est difficilement mesurable, mais conduit beaucoup de réalisateurs et producteurs à organiser leur calendrier de production afin d’être en mesure de présenter leur film à Cannes, quitte à raccourcir le temps de post-production pour être prêts à temps, ou à le rallonger pour viser l’édition suivante (le cas Tree of Life de Terrence Malick en 2011). En conséquence, et en réponse aux critiques parfois formulées lors des projections, certains films peuvent être montés une deuxième fois entre leur présentation à Cannes et leur sortie en salles.