Le cinéma allemand rayonne peu au-delà de ses frontières.Malgré une production plutôt abondante (205 films en 2012) et quelques acteurs stars (Daniel Brühl, Diane Kruger, Christoph Waltz…), cette industrie peine à exporter ses films, tant en Europe que dans le reste du monde, et le cinéma allemand reste tourné vers son marché national. Cependant, la politique incitative menée au niveau national et régional, couplée à des infrastructures de qualité, permet d’attirer un grand nombre de tournages étrangers, en particulier américains, dans les studios berlinois. Alors, pourquoi l’Allemagne réussit-elle à produire avec succès des films étrangers et ne réussit-elle pas le même pari avec son cinéma ? Pourquoi ne connaît-on pas mieux le cinéma allemand ?
Un Allemand va 1,65 fois au cinéma par an, contre 3,5 fois pour un Français.Depuis les années 1990, une nouvelle génération rejoint ces cinéastes (Fatih Akin, Wolfgang Becker, Florian Henckel von Donnersmarck, Thomas Arslan…), plusieurs réalisateurs passent au cinéma hollywoodien (Wolfgang Petersen, Roland Emmerich …), tandis que d’autres, Tom Tykwer, Dani Levy et Wolfgang Becker, créent leur société de production (Senator Entertainment) qui produit notamment le succès populaire Run, Lola, Run. En dehors de ces quelques cinéastes phares, le cinéma allemand est marqué par deux genres : le cinéma historique, qui s’exporte plutôt bien, et la comédie, que l’on ne voit que très peu hors d’Allemagne. De fait, l’abondante production, portée par un marché peu dynamique, reste très locale : pour une population plus nombreuse qu’en France (82 millions d’habitants), l’Allemagne a aujourd’hui moins de cinémas et moins d’écrans, et en moyenne, un Allemand va 1,65 fois au cinéma par an, contre 3,5 fois pour un Français. Le cinéma allemand représente un peu plus de 20 % de parts de marché, dominé par le cinéma américain. Plusieurs raisons systémiques expliquent ce phénomène, notamment la structuration du mode de production et l’importance de la télévision dans la chaîne de financement.
Le cinéma allemand serait-il prisonnier du genre historique ?En France, plusieurs films allemands d’autres genres ont rencontré un succès public et critique ces dernières années : Thomas Arslan (Gold), Jane Ole Gerster (Oh Boy - Diaphana), Edgar Reitz (Heimat avec les Films du Losange) ; mais la France reste un des seuls pays où les films étrangers hors cinéma américain ont une place au cinéma... Ce cinéma bénéficie aussi de canaux particuliers, comme La Berlinale, qui lui permettent d’être vu par des publics étrangers pertinents. Pour aider la diffusion de ce cinéma, l’organisme German Films, créé en 1954 et modernisée en 2004, soutient l’exportation du cinéma allemand avec un budget de 4,5 millions d’euros.
Les films européens ne représentent qu’une petite part du cinéma consommé en Europe : moins capitalisés et d’abord tournés vers leur marché national, ils ne bénéficient pas de la force de frappe de leurs concurrents hollywoodiens.
Les villes européennes se livrent une concurrence acharnée pour attirer les productions cinématographiques sur leur territoire. Retombées économiques et rayonnement sont les enjeux qui motivent ce combat.