L’une des particularités du blog est liée à la dimension technodéterministe importante dont il est imprégné lorsqu’il s’agit de le définir. Le technodéterminisme est le fait d’imputer des changements sociaux et sociétaux directs et profonds à l’émergence d’une technique. Selon Bernard Miège, « ce flot injonctif [de propos enthousiastes sur la technique] semble sans limites ; il prend la forme d’un imaginaire séduisant, varié et aisément appropriable, il se retrouve comme cela est attendu dans les discours promotionnels mais également dans les discours politiques […] et surtout dans les discours « sociaux » : les médias se font souvent les transmetteurs de cet intérêt indiscutable pour la technique, journalistes et essayistes reproduisant plus ou moins consciemment des visions techniciennes, attractives et parfois ouvertement favorables. »(4)
Avant l’éclatement de la bulle Internet au tournant des années 2000, les pratiques liées aux blogs se diversifiaient déjà comme en témoigne le blog de Matt Drudge en 1998. Auparavant, ce qui était appelé « weblog » (« journal de bord du Web », lorsque traduit de l’anglais), décrivait un carnet en ligne dont les billets ante chronologiques présentaient des listes de liens. Ces premiers blogs ne concernaient alors que les ingénieurs informaticiens et les technophiles.
Le Web 2.0 a renouvelé la définition du blog en lui attribuant les pouvoirs dont regorgerait apparemment l’Internet : selon un idéal démocratique, et en accord avec les caractéristiques de « participation » et « d’interactivité », les blogs permettraient à tout un chacun de s’exprimer librement et indépendant, comme mentionné précédemment.
Des limites importantes sont toutefois à signaler vis-à-vis de ces discours imprégnés l’idéologie de l’Internet. En effet, tout le monde n’a pas accès à l’Internet, et quand bien même faut-il avoir les compétences nécessaires pour créer un blog(5). Néanmoins, comme le signale Franck Rebillard, les pouvoirs prêtés à la technique ne peuvent être ignorés dans l’analyse des pratiques qui leurs sont liées : « Il faut "prendre au sérieux" ces productions discursives, tout comme les soubresauts économiques (montée en puissance d’entreprises) et sociaux (pratiques émergentes) qui les accompagnent. Le chercheur doit rester attentif aux mouvements du secteur qu’il étudie, même si ces mouvements ne sont dans un premier temps que marginaux ou surmédiatisés, car certains peuvent s’avérer annonciateurs ou parties prenantes d’évolutions beaucoup plus structurelles. »(6)
Ces éléments sont importants pour l’analyse que nous proposons ci-après sous forme de catégories, car cette idéologie technodéterministe a certainement aussi participé aux développements des blogs dans la presse.
L'été, pour s’adapter au rythme de l’actualité, France 2 a créé il y une dizaine d’années les « bureaux d’été », constitués de journalistes parcourant durant deux semaines différents lieux touristiques. À la tête de ce dispositif, Françoise David nous explique son fonctionnement.