Quand Hollywood rencontre Godlywood
À travers l’étude de la société de production Walden, une analyse des relations entre l’industrie du cinéma et les mouvements conservateurs chrétiens aux États-Unis.
À travers l’étude de la société de production Walden, une analyse des relations entre l’industrie du cinéma et les mouvements conservateurs chrétiens aux États-Unis.
« Les films ruinent l’influence spirituelle des Chrétiens. Ils débauchent l’esprit des enfants, enflamment les désirs des jeunes, endurcissent le cœur des pêcheurs. Ce sont des pièges pour l’âme, des moqueries envers Dieu, une malédiction pour l’Amérique ». Ces écrits de John Rice, pasteur baptiste évangéliste, parus en 1938 dans le livre What’s wrong with Hollywood, illustrent un siècle de relations conflictuelles entre les milieux chrétiens et le cinéma hollywoodien, et la pudibonderie qui structure officiellement la production américaine jusqu’au milieu des années 1960. Au tournant du XXIe siècle cependant, un rapprochement s’opère entre les deux mondes, avec la multiplication de blockbusters familiaux porteurs de valeurs traditionnelles et l’apparition de véritables « films de croyants » directement inspirés de thèmes bibliques.
Walden Media illustre la collusion d’intérêt ponctuelle qui a pu être trouvée entre l’industrie et les milieux chrétiensCette industrie parallèle a ses producteurs, ses festivals, ses réseaux d’exploitation, son public de niche. Elle déborde même de son lit naturel : un groupe de chrétiens travaillant à Hollywood fonde Act One, une association qui cherche à transformer Hollywood de l’intérieur. Dans cette veine, le cas de Walden Media illustre la collusion d’intérêt ponctuelle qui a pu être trouvée entre l’industrie et les milieux chrétiens.
À Hollywood, le film de croyant devient un « divertissement qui fait du bien »Mais Hollywood est loin de se soumettre absolument aux codes de la « Godsploitation » : dans sa recherche de profits internationaux, les différences culturelles tendent à s’effacer au profit de messages et grammaires cinématographiques universalistes. Pour des films comme Le Monde de Narnia, les distributeurs adaptent leur stratégie de communication, les messages grands publics sont moins directement religieux et le film de croyant (« Faith based film ») devient un « divertissement qui fait du bien » (« uplifting entertainment »). Le cas Walden est ainsi intéressant pour les limites de l’exercice qu’il permet de mieux cerner : Hollywood ne sera perméable aux messages chrétiens que dans la mesure où ceux-ci sont réduits à leur plus simple expression, et solvables dans une culture de masse au potentiel commercial international.
On peut remonter très loin dans le temps pour repérer des signes de transmission de l’information entre humains. Grâce aux recherches archéologiques, on sait qu’une grande partie de nos formes et moyens de communication a émergé pendant les millénaires décisifs du Néolithique.