Écouter le son en trois dimensions
En améliorant considérablement la sensation d’immersion sonore apportée par la stéréo, le son “3D” est une nouvelle étape dans l’immersion sonore d’un programme radiophonique.
L’introduction de la stéréo à la radio dans les années 1950 est liée au développement de l’écoute de programmes musicaux. À la différence de la diffusion en mono, la radio en stéréo consiste à diffuser deux signaux sonores différents : un destiné à l’oreille gauche de l’auditeur, l’autre à son oreille droite. Ces deux signaux sont ensuite reproduits sur deux haut-parleurs, ce qui donne à l’auditeur une sensation de relief. La prise de son d’un programme produit en stéréo est, dans son principe, réalisée à partir de deux micros qui sont suffisamment espacés l’un de l’autre afin de reproduire la distance séparant nos deux oreilles.
La sensation de relief rendue par la stéréo est cependant trop imprécise pour permettre à l’auditeur de bien distinguer l’origine et la direction d’un son. Deux modalités techniques alternatives peuvent alors être mises en œuvre pour améliorer la spatialisation sonore d’un service de radio, et ainsi parler véritablement de “son 3D”: la diffusion d’un son en multicanal, ou bien d’un son binaural. Certains éditeurs de radios proposent déjà sur Internet des programmes à la demande avec l’une ou l’autre de ces deux modalités.
La radio en son multicanal permet d’améliorer le relief grâce à la capture, la diffusion, puis la restitution de plusieurs composantes d’une même source sonore. Plus le nombre de composantes est important, meilleure sera la précision de la sensation de relief.
Un son dit “Surround 5.1”, largement utilisé pour la vidéo et la télévision, donne ainsi, grâce à 6 composantes, une amélioration appréciable en comparaison de la stéréo (qui peut être considérée comme un son multicanal de seulement deux composantes). D’autres formats encore plus riches existent comme le “7.1” ou même le “22.2”. La spatialisation sonore n’est cependant bien rendue qu’à condition de disposer d’un environnement d’écoute adapté : casque audio spécifique, ou chaîne Hi-fi équipée de plusieurs enceintes correctement disposées dans la pièce. Si un tel prérequis peut limiter l’adoption de ce procédé de son 3D, cet environnement d’écoute est toutefois commun avec celui utilisé pour le “home cinéma”, déjà présent dans de nombreux foyers.
Le son binaural s’appuie sur une nouvelle méthode de captation du son : aux micros classiques disposés à plusieurs endroits de la pièce se substitue un dispositif spécial qui prend la forme d’une tête humaine pourvue de deux oreilles à l’entrée desquelles sont disposées les deux micros. En prenant en compte la physionomie particulière de l’oreille externe lors de la captation du son, cette technique permet d’enregistrer avec précision les caractéristiques spatiales d’un son telles qu’elles seraient perçues par un auditeur sur le lieu même de la captation.
Le son binaural utilise seulement deux composantes sonores à l’instar de la stéréo. Pour profiter pleinement de la spatialisation sonore, l’auditeur doit utiliser un casque ou des écouteurs afin que chacun des deux signaux soit reproduit tel quel à l’entrée de chaque oreille. Si la nécessité d’utiliser un casque ou des écouteurs peut s’avérer limitante pour la généralisation du son binaural (dans les situations d’écoute collective par exemple), la sensation de relief fonctionnera toutefois avec n’importe quel équipement stéréo du marché.
Il est encore difficile de savoir si la radio en son 3D se généralisera dans un futur proche, quand on considère l’échec de certaines prévisions au sujet de la télévision en trois dimensions, ainsi que les limites des deux techniques de spatialisation sonore évoquées précédemment. L’immersion sonore passant aussi par la qualité du son, on peut s’attendre prochainement à une amélioration notable dans ce domaine grâce à la numérisation de la diffusion, à la généralisation du très haut-débit et à l’utilisation de nouveaux formats de codage audio toujours plus efficaces.
En matière d’accès, la diffusion sur Internet, en complément de la diffusion hertzienne terrestre, a permis d’augmenter l’exposition du public à la radio, grâce à la grande variété de modalités de réception disponibles : en voiture grâce à l’autoradio, dans la rue avec son smartphone ou encore à la maison sur sa tablette.
Cette tendance pourrait encore s’accentuer dans les prochaines années, grâce au développement des objets connectés et des fonctionnalités de continuité d’écoute sur l’ensemble des terminaux. Il reste à savoir si les éditeurs pourront pleinement profiter de ces innovations, et comment les auditeurs s’empareront de ces usages.
Avertissement : cet article est une contribution personnelle qui n’engage que son auteur et ne reflète en aucun cas l’opinion du ministère de la Culture et de la Communication
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Music to my eyes. _FuRFuR_ (Sébastien Rofidal) /
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The iSTREAM2 is a nostalgic 1950s style retro radio with DAB/ DAB+ advanced Wi-Fi internet radio features. RobertsRadiouk /
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