Quelles fin(s) pour Internet ?
Avec Les fins d’Internet, le géographe Boris Beaude se penche à nouveau sur le réseau Internet en annonçant sa mort prochaine.
Avec Les fins d’Internet, le géographe Boris Beaude se penche à nouveau sur le réseau Internet en annonçant sa mort prochaine.
Chercheur au sein de l’École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL), Boris Beaude étudie, entre autres, la dimension spatiale d’Internet. Tout au long de son ouvrage, il démontre point par point comment Internet, après avoir tenté de servir une cause juste, a fini par céder à quelques intérêts particuliers qui désormais sont en train de remettre en cause cet espace. Fruit d’une réflexion longue de plusieurs décennies sur le besoin de libérer la circulation de l’information, Internet a surpris en se déployant plus vite que n’importe quelle autre technologie à travers le monde. Si vite que notre société a changé sans s’en rendre compte. La liberté d’expression, si chère aux démocraties qui l’ont promue, était enfin effective, de nombreuses démarches favorisant l’accès aux ressources en ligne se sont mises en place… Même si cette « culture singulière pour l’ouverture » n’a pas été acquise aussi facilement qu’on le pense, il y avait là l’émergence d’un réseau qui surpassait les frontières et laissait espérer la création d’un « espace mondial. »
Internet aura disparu avant même que la communauté internationale ne se décide à agir.Désormais, entreprises, gouvernements, et citoyens s’opposent dans un espace brouillé où les nationalismes émergent peu à peu, soucieux d’affirmer leurs valeurs politiques et leur souveraineté numérique. Pessimiste sur la création d’un « espace politique mondial », Boris Beaude estime qu’Internet aura disparu avant même que la communauté internationale ne se décide à agir.
Les souverainetés nationales émergent, mettant en péril Internet.
« À ce jour, plus aucun gouvernement, plus aucune entreprise et plus aucun individu ne peut avoir la certitude de maîtriser les informations à sa disposition, qui plus est si elles sont numériques. »Par exemple, lorsque Edward Snowden, qui lui-même avait rendu public des documents secrets de la NSA, rencontre les journalistes qui rendront son histoire publique. Il leur avait demandé de cacher leur téléphone dans le frigo, pour ne pas risquer d’être écouter. Cette affaire est symptomatique d’un monde qui a changé au lendemain du 11 septembre 2001. Le Patriot Act a permis à des programmes comme PRISM(5) d’exister, et de pousser la surveillance de masse à un tout autre niveau. Quitte à ce que les États-Unis ne respectent plus le quatrième amendement de leur Constitution, qui demande pourtant un mandat avant tout mise en place d’écoute. Le gouvernement américain bénéficie encore de ces mastodontes du Net, grâce auxquels il garde la main sur la quasi-totalité des communications mondiales, que ce soit par les communications satellites ou via les câbles sous-marins. Mais si la prise de conscience a été mondiale au lendemain des révélations Snowden, les conséquences n’en sont que plus désastreuses pour les nations, renforçant là encore l’émergence de nationalismes au détriment d’une politique mondiale pour Internet. L’Europe tente désormais d’éviter le cloud computing proposé par des entreprises américaines, la Russie et la Chine développent leurs propres systèmes d’exploitation, l’Iran veut mettre en place un Intranet qu’il pourra entièrement contrôler… Pour Boris Beaude, ces réactions politiques se font au détriment du citoyen.
C’est ainsi que Boris Beaude l’écrit.
Cofondateur de l'Electronic Frontier Foundation, John Perry Barlow est poète, essayiste et militant libertaire.
Economiste et théoricien de la finance comportementale.
Juriste et philosophe américain, administrateur de l'OIRA (Office of Information and Regulatory Affairs) pour le gouvernement Obama.
Programme de surveillance mis en place par les Etats-Unis pour suivre l'activité en ligne de nombreux internautes, mais aussi collecter les bases de données de géants de l'industrie numérique.
La journaliste d'investigation Anne Jouan publie, jeudi 15 septembre, La Santé en bande organisée (Robert Laffont). Elle y raconte notamment comment elle a enquêté sur l'affaire du Mediator au Figaro et les entraves, y compris internes, qu'elle a dû surmonter. Extraits exclusifs.